selon un article du journal "LE PARISIEN" du 28.01.2004

L'ex-maire d'Asnières mis en examen
L'événement


LE PASSÉ D'ASNIÈRES intéresse de plus en plus la justice. Après l'enquête préliminaire concernant le Festival international des arts folkloriques d'Asnières de juin 1998, dont nous révélions l'ouverture dans nos colonnes fin 2001, la justice a passé la vitesse supérieure. Hier, le quotidien « Libération » annonçait la mise en examen de l'ancien maire RPR Frantz Taittinger, soupçonné d'avoir favorisé la société organisatrice de ce festival.
Un nouvel acte de l'enquête s'est joué en mairie d'Asnières, le 11 décembre dernier. Le juge Richard Pallain se rend avec greffière et enquêteurs de la BRDE (Brigade de répression de la délinquance économique) à l'hôtel de ville pour une perquisition. « Ils voulaient des documents sur le festival de 1998, nous les leur avons donnés », confirme simplement Manuel Aeschlimann, qui a succédé à Frantz Taittinger, parti en cours de mandat pour « raisons de santé ». En 1999, il a laissé ses sièges de maire et de député à son premier adjoint de l'époque, Manuel Aeschlimann.
Délit d'initié ou grossière maladresse ? La manifestation avait été facturée 1 350 000 F TTC à la ville. Plus que le coût, que certains qualifient d'exorbitant au regard du souvenir qu'ils ont du défilé, c'est le favoritisme dont aurait bénéficié la société CDA production qui intrigue les enquêteurs. Pourquoi la ville d'Asnières a-t-elle fait l'économie d'un appel d'offres ? Délit d'initié ou grossière maladresse ? Hervé Le Meur, directeur de cabinet de Frantz Taittinger entre 1994 et 1998, penche pour la seconde hypothèse. « Je me souviens que Frantz Taittinger avait été extrêmement surpris par le coût de cet événement et il s'en était entretenu avec Manuel Aeschlimann. Mais le festival avait déjà été annoncé partout, le processus était engagé et ça fait mauvais genre d'annuler au dernier moment. C'est pour cela qu'il en a averti la préfecture, dans une attitude pragmatique et au grand jour. » L'organisateur de la manifestation, Dominique Carbonnier, gérant de la société CDA Production, explique qu'il avait proposé à la municipalité d'organiser cet événement, « du temps où il travaillait pour la ville ». Il effectuait à cette époque une mission d'intérim au sein de l'association Asnières Communication. C'est cette association paramunicipale qui sera chargée de verser la subvention pour régler CDA Production. « Cette somme n'est pas du tout farfelue ! » assure Dominique Carbonnier, qui en veut pour preuve « la vingtaine de techniciens, les cinq cents repas et les animations ». Celui qui travaillait alors avec Manuel Aeschlimann, adjoint chargé de la communication, raconte qu'il a depuis « coupé les ponts avec la ville, par dégoût des rumeurs et des coups bas »... « Les enquêteurs sont allés saisir mes livres de comptes chez mon comptable, poursuit l'organisateur du festival, mais je suis étonné que personne n'ait encore demandé à m'entendre. » Frantz Taittinger, PDG du groupe hôtelier Envergure, préfère laisser son avocat s'exprimer. « Cette mise en examen est purement technique afin de poursuivre l'enquête, estime M e Pascal Durand, qui défend les intérêts de Frantz Taittinger depuis quinze ans. Mais ce n'est pas Frantz qu'on cherche dans cette affaire... » Qui, alors ? Manuel Aeschlimann, qui lui a succédé, ne se sent pas concerné. « Non seulement j'ai toute confiance en Taittinger, dont je suis solidaire, mais, sur le fond, je ne me sens pas inquiet, déclare l'élu. Je sais comment des élus d'opposition et certains associatifs abreuvent le parquet de lettres de dénonciation. J'en suis navré mais j'ai déjà fait savoir au procureur en novembre que je me tenais à sa disposition. » Selon nos informations, des élus de l'opposition ont été convoqués à la BRDE et il n'est pas exclu que l'enquête s'élargisse à une période plus récente.


Carole Sterlé
Le Parisien , mercredi 28 janvier 2004

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