selon un article du journal "LE MONDE" du 27.01.2004

Frantz Taittinger, ex-maire (RPR) d'Asnières, a été mis en examen pour "favoritisme"



LE MONDE | 27.01.04

L'actuel maire (UMP), Manuel Aeschlimann, proche de M. Sarkozy, pourrait être entendu dans l'enquête sur la subvention d'un festival.
L'ancien maire d'Asnières-sur-Seine (Hauts-de-Seine) Frantz Taittinger (RPR), qui avait démissionné en cours de mandat, fin 1998, a été mis en examen, courant décembre 2003, pour "favoritisme" par le juge du tribunal de Nanterre Richard Pallain. Comme l'indique Libération mardi 27 janvier, le magistrat, qui conduit, depuis le 2 mai 2003, une information judiciaire ouverte pour "favoritisme", avait mené une perquisition à la mairie d'Asnières le 11 décembre. Cette instruction avait été précédée d'une très longue enquête préliminaire, confiée en 2001 par le parquet de Nanterre aux policiers de la brigade de répression de la délinquance économique, à la suite d'une plainte d'une association asniéroise, l'Adeca.

L'Adeca avait notamment dénoncé les conditions dans lesquelles fut financé un Festival international des arts et folklores, organisé par la municipalité le 25 juin 1998. Pour cette opération, le maire d'Asnières avait autorisé le versement d'une subvention de 1 350 000 francs à Asnières Communication. Cette association municipale avait ensuite versé ces fonds à une agence de communication, CDA Production, chargée d'organiser ce festival. Cette société aurait été choisie sans mise en concurrence, selon les enquêteurs, qui s'interrogent aussi sur une éventuelle surfacturation, l'importance de la subvention semblant peu en rapport avec la modestie de la manifestation - un défilé dans les rues de la ville.

"FORCÉMENT DE BONNE FOI"

L'affaire qui a provoqué la mise en examen de M. Taittinger pourrait impliquer son successeur à la mairie, Manuel Aeschlimann, également député (UMP) de la circonscription et réputé proche de Nicolas Sarkozy. En juin 1998, M. Aeschlimann était le premier adjoint délégué à la communication de M. Taittinger. A ce titre, il aurait piloté l'organisation du festival controversé. Des membres de l'opposition affirment que M. Aeschlimann aurait choisi lui-même l'agence CDA, qui serait dirigée par l'un de ses proches.

Interrogé par Le Monde lundi 26 janvier, M. Aeschlimann a réfuté ces soupçons. "Ce n'était pas mon rôle, à l'époque, de m'occuper de la conception d'opérations comme le festival folklorique. La passation des marchés relevait du maire et du secrétariat général", a-t-il déclaré. "Je ne doute pas un seul instant de l'honnêteté de M. Taittinger, qui est forcément de bonne foi dans cette affaire", a-t-il ajouté. Concernant le responsable de la société CDA, le maire a affirmé qu'il ne s'agissait "pas d'un proche" : "Je l'ai juste côtoyé lorsqu'il a assuré l'intérim en mairie de la directrice de la communication, en congé maternité". M. Aeschlimann s'est dit "tout à fait tranquille" sur la suite de cette procédure, lancée selon lui "par des gens qui passent leur temps à faire des lettres de dénonciation". De son côté, l'avocat de M. Taittinger, Me Pascal Durand, a regretté que son client "soit instrumentalisé car, à travers lui, c'est quelqu'un d'autre qui est visé" - allusion à M. Aeschlimann. Sur le fond, "le dossier est vide, aucune subvention n'a été détournée", a ajouté Me Durand.

Président du groupe de la Gauche unie à Asnières, le conseiller général (PS) Dominique Riera a assuré au Monde, lundi soir, qu'il avait déjà été "auditionné deux fois par les policiers dans le cadre de cette enquête". "Je leur ai expliqué que, même du temps où M. Taittinger était maire, c'est M. Aeschlimann qui s'occupait de tout", a déclaré M. Riera.

Fabrice Lhomme

• ARTICLE PARU DANS L'EDITION DU 28.01.04

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