Parking du centre : 816 000 € pour une construction fantôme
(Le Parisien du 14.09.2004)
POUR
REMÉDIER aux problèmes de stationnement, plusieurs projets
de parkings souterrains ont été lancés par la municipalité
d'Asnières. Mais il en est un qui, en cette rentrée, agite
le landernau politique asniérois : le parking du centre-ville
: sept niveaux en sous-sol, 330 places et un coût estimé
à 8,9 millions d'euros. Le projet n'a pas encore vu l'ombre d'une
truelle qu'il est déjà sous le coup d'un recours au tribunal
administratif (voir encadré) .
Mais les élus d'opposition s'interrogent surtout sur les conditions
d'annulation d'un contrat de concession et d'affermage (réalisation
et gestion) signé en juin 2002 avec la société
Omniparc (ex-Gisparc-GTM) et qui prévoyait notamment la construction
de ce parc de stationnement. Une annulation qui aurait déjà
coûté la somme rondelette de 816 000 € aux contribuables.
La ville a dû revoir sa copie, annuler le contrat et payer des
indemnités « Lorsque la délibération sur
ce contrat a été proposée au conseil municipal,
nous avons constaté dans un premier temps de substantielles modifications,
souligne François Noisette, conseiller municipal PS. Le nombre
de places de parking avait changé, le prix aussi... Mais ce qui
nous a paru le plus étrange pour une opération aussi lourde,
c'est qu'une seule entreprise a répondu à l'appel d'offres,
en l'occurrence la société Omniparc, déjà
gestionnaire des parcs de stationnement sur la commune. » Un détail
qui n'a pas échappé aux contrôles de la préfecture
qui, en septembre 2002, demande à la ville d'Asnières
de revoir sa copie. Le tribunal administratif confirmera l'erreur de
procédure au niveau des codes des marchés publics relevée
par le préfet. « C'est cette incertitude juridique qui
a fait reculer le maire, précise en outre l'élu de gauche.
Mais en annulant ce contrat en juin 2003, la ville a dû débourser
ces 816 000 € d'indemnités. C'est exorbitant pour un projet
qui n'a pas vu le jour. » Et Bruno Casari, conseiller municipal
centriste opposant au maire, d'ajouter : « Lors du compte administratif
de juin dernier, on s'est étonné d'une telle somme. On
a demandé les justificatifs, notamment la décision de
justice ou d'autres documents qui aurait pu nous éclairer sur
la ventilation d'une telle indemnité mais ils ne nous ont jamais
été remis. Une fois de plus, comme dans tout projet, les
décisions sont prises au petit bonheur la chance. Et lorsque
les permis de construire arrivent, ils sont retoqués par les
tribunaux... » En mairie, on conteste l'erreur de procédure
du code des marchés publics : « Le tribunal a donné
raison au préfet mais on persiste à penser qu'il y a eu
une mauvaise appréciation du dossier. Cela explique qu'on ait
fait appel, précise le directeur de cabinet, Francis Pourbagher.
L'indemnité versée à Omniparc résulte de
la réglementation : il s'agit de frais liés à l'établissement
du permis de construire jusqu'à son attribution, de l'établissement
du règlement de consultation des entreprises pour la réalisation
de travaux et les études techniques qui y sont liées.
Un acte transactionnel a été présenté au
conseil et adopté en toute transparence sur la base du règlement
des sommes dues. » Annulé une première fois, le
projet a récemment été relancé sous la forme
d'un bail emphytéotique administratif (BEA). Par ce biais, la
ville confie le financement et la construction à un promoteur
privé et loue ensuite le parking pendant trente ans. «
Ce BEA permet de réaliser cet équipement dans les meilleurs
délais », justifie le directeur de cabinet.
Marisa Faion
Le Parisien , mardi 14 septembre 2004
L'enquête
publique fait l'objet d'un recours
MALGRÉ
les atermoiements liés à l'annulation du premier contrat
(NDLR : voir ci-contre) la ville d'Asnières a toujours souhaité
poursuivre son projet de parking en centre-ville. Mais pour pouvoir
l'inscrire dans le cadre d'un bail emphytéotique administratif
(BEA), c'est-à-dire pouvoir confier le projet à un constructeur
privé, elle a d'abord dû procéder au déclassement
d'une partie de la voie publique communale : la place Aristide-Briand
où il doit être implanté. Pour ce faire, la municipalité
a lancé une consultation auprès de la population.
L'enquête publique a eu lieu du 2 au 20 août dernier. Une
initiative qui fait aujourd'hui l'objet d'un recours auprès du
tribunal administratif de Versailles. Le recours porte notamment sur
la date et la durée de l'enquête, sur le choix du commissaire-enquêteur
ainsi que sur l'absence d'étude d'impact liée aux futurs
travaux. Les requérants estiment ainsi que les délais
de consultation sont trop courts, que les fonctions du commissaire-enquêteur,
par ailleurs ingénieur-voirie de la ville, posent un problème
d'impartialité au regard de l'enquête. Enfin, ils jugent
que l'absence d'étude d'impact, tant sur le plan des nuisances
que de la sécurité, ne permet pas de déterminer
avec précision l'opportunité d'un déclassement
de la voirie et l'intérêt public et financier de l'opération
immobilière. La ville précise simplement que le commissaire-enquêteur
est nommé par le tribunal administratif et qu'elle n'a pas à
commenter ce choix. Le tribunal administratif devrait quant à
lui statuer très prochainement.
M.F.
Le Parisien , mardi 14 septembre 2004