LEMONDE.FR | 30.01.07 | 17h48 • Mis à jour le 31.01.07
| 09h46
En 2006, sur environ 85 000 deux-roues volés, 7 000 ont été
retrouvés, ce qui représente environ 8 % des deux-roues",
explique Joaquin Masanet, secrétaire général
de l'UNSA-police, syndicat majoritaire de policiers réputé
proche du PS. Il y avait donc peu de chance que le scooter de l'un
des fils de Nicolas Sarkozy, garé sans antivol et déclaré
volé le 7 janvier à Neuilly-sur-Seine (Haut-de-Seine),
soit retrouvé dix jours plus tard. Et pourtant, le véhicule
a été identifié dans la nuit du 17 au 18 janvier
en Seine-Saint-Denis et trois personnes, deux mineurs et un majeur,
arrêtés et mises en examen à Bobigny.
C'est Le Parisien, dans son édition du 30 janvier, qui révèle
l'information. Un relevé d'empreintes et des tests ADN ont
en effet été pratiqués pour "accélérer
l'enquête", selon le quotidien, et retrouver les auteurs
présumés du vol. Une méthode qui peut sembler
disproportionnée pour un vol de scooter. Un policier explique
pourtant au Parisien que l'enquête a été "bien
menée", avec les procédés "classiquement
utilisés".
M. Masanet estime pour sa part que ces méthodes sont "très
très rares pour un vol de deux-roues". Selon lui, le ministre
de l'intérieur"ne devait pas être au courant car
les tests ADN ne sont utilisés que dans certains cas comme
dans les affaires de grand banditisme, de viol ou d'aggression violente".
Car cette procédure a aussi un prix : un test ADN effectué
sur une personne revient à 65 euros tandis qu'une recherche
à partir d'éléments retrouvés sur le terrain
coûte 280 euros, selon le laboratoire de la police technique
et scientifique d'Ecully (Rhône).
"LA FRANCE DES DEUX POIDS, DEUX MESURES"
Cette affaire a d'ores et déjà déclenché
une polémique sur l'ampleur des moyens utilisés pour
retrouver ce scooter. Pour François Bayrou, candidat de l'UDF
à la présidentielle, "nous vivons dans la France
des deux poids, deux mesures (...) c'est évident que ce genre
de petit événement est révélateur de la
manière dont, selon que vous serez puissant ou misérable,
les jugements de cour, en tous cas l'attitude de la police, de la
justice ne sera pas exactement la même".
Un syndicat de policiers minoritaire, Action-police CFTC, affirme
même avoir "saisi" mardi Jacques Chirac pour demander
la création d'une commission d'enquête parlementaire.
"Il est intolérable (...) de jeter l'opprobre sur la police
en la faisant passer pour une force publique non pas au service de
tous mais plutôt au service particulier de quelqu'un",
s'indigne Michel Thooris, secrétaire général
du syndicat, qui considère lui aussi que ce type de "larcin
ne fait jamais l'objet de telles investigations".
De son côté, Nicolas Sarkozy, en déplacement
à Londres, s'est défendu en parlant d'attaques "stupides"
et "basses". "Les policiers font leur travail, je vous
demande de laisser mes enfants en dehors de tout cela", a-t-il
lancé."Ça ne mérite aucune polémique
et le désarroi du Parti socialiste ne doit pas le conduire
à abaisser à ce point le niveau de la campagne",
a-t-il ajouté, semblant sous-entendre que ses adversaires politiques
seraient à l'origine de la fuite dans la presse.
Raphaëlle Besse Desmoulières