Le candidat UMP a
annulé mardi matin une visite dans une cité de Nanterre.
Le ministre de l'Intérieur est quasiment absent des banlieues
depuis les émeutes de novembre 2005.

Nicolas
Sarkozy (AP)
Nicolas Sarkozy a décidément du mal à se rendre
en banlieue. Le candidat UMP a annulé in extremis un déplacement
prévu mardi matin dans une cité de Nanterre, au cœur
de son fief des Hauts-de-Seine, où il s'est fait remplacer
par sa porte-parole Rachida Dati, a-t-on constaté sur place.
"On
attendait Sarkozy, Mme Dati est arrivée. Elle l'a remplacé,
excusé", a expliqué Hafid Rahmouni, responsable
de l'association Zy'va, qui a reçu la conseillère
du candidat. Il a précisé avoir été
prévenu jeudi de la venue du candidat et ce mardi matin de
l'annulation.
Rachida
Dati et l'entourage du candidat ont en revanche affirmé que
ce déplacement n'était "pas prévu".
Selon son entourage, le ministre de l'Intérieur était
mardi matin place Beauvau pour préparer son discours sur
le projet de loi de prévention de la délinquance,
examiné dans l'après-midi en deuxième lecture
par les députés.
Inspection
des RG
Mais
la venue de Nicolas Sarkozy cité des Tulipes, dans le quartier
du Petit Nanterre, semblait bel et bien envisagée: les Renseignements
généraux (RG) sont venus inspecter les lieux en début
de matinée et le garde du corps attitré du ministre
se trouvait sur place. Nicolas Sarkozy est déjà venu
en 2004 dans le quartier en tant que président du conseil
général des Hauts-de-Seine: il avait participé
à la plantation d'un olivier pour le 10e anniversaire de
Zy'va.
Depuis
plusieurs semaines, Rachida Dati, chargée jusqu'à
la mi-janvier de la prévention au cabinet du ministre de
l'Intérieur, prépare un déplacement en banlieue,
où Nicolas Sarkozy n'a quasiment pas remis les pieds depuis
les émeutes de l'automne 2005 et ses déclarations
sur la "racaille" et le nettoyage au "Kärcher".
La
mairie d'Argenteuil (Val d'Oise) a annoncé puis démenti
la semaine dernière un déplacement du candidat sur
la dalle où il avait prononcé le 25 octobre 2005 sa
phrase controversée sur le "Kärcher". Depuis,
les rumeurs se multiplient.
"Une
question de jours"
Mardi
matin, Rachida Dati a donc rencontré pendant une heure une
vingtaine d'habitants du quartier, réunis par l'association
Zy'va. Un jeune homme l'a interrogée sur le "déficit
d'image entre le travail fait sur le terrain et la façon
dont le candidat est perçu en banlieue".
"Est-ce
qu'on doit réduire un homme, un engagement, un combat à
un terme, une interpellation ou est-ce qu'on doit le juger sur ce
qu'il fait?", a répondu la conseillère.
Rachida
Dati a rappelé l'abolition partielle de la double peine votée
à l'automne 2003 par le Parlement, la nomination d'un "préfet
musulman" et de plusieurs sous-préfets issus de l'immigration,
ou encore les mesures de lutte contre les discriminations votées
dans le cadre de la loi de 2006 sur l'égalité des
chances.
En
repartant, Rachida Dati s'est efforcée de relativiser l'absence
de son patron. "Depuis 2002, j'ai fait plus de 500 déplacements
avec Nicolas Sarkozy (...) Aujourd'hui, c'est un de plus",
a-t-elle dit. Elle a affirmé que le déplacement tant
attendu du candidat en banlieue était une question "plutôt
de jours".
François Bayrou est venu
"Il
y a un autre petit déjeuner prévu la semaine prochaine
avec M. Sarkozy", a affirmé de son côté
Hafid Rahmouni. La fondateur de Zy'va a précisé que
son association, fondée en 1994 et investie dans l'action
sociale, scolaire et culturelle, était apolitique. Elle perçoit
une subvention de 5.000 euros du conseil général des
Hauts-de-Seine sur un budget de 400.000 euros.
"On
attend Nicolas Sarkozy pas plus que les autres politiques qui sont
venus nous voir, aussi bien de gauche que de droite", a expliqué
Hafid Rahmouni, précisant avoir déjà reçu
François Bayrou -venu le 30 janvier-, Azouz Begag ou Edith
Cresson.
Quant
à Nicolas Sarkozy, "je ne me sens pas visé quand
il parle de racaille et de Kärcher", a poursuivi le responsable
de l'association. "C'est le seul politique venu à Zy'va
qui a proposé des formations à des jeunes et à
des moins jeunes qui, aujourd'hui, travaillent. Aujourd'hui, si
on peut avoir trois éducateurs de plus, je suis preneur".
(AP)