Sarkozy veut associer les maires à la gestion des cultes

Thierry Portes
[22 septembre 2005]

Devant l'Académie des scien-ces morales et politiques, Nicolas Sarkozy aurait pu susciter le débat lorsqu'il a prôné une révision de la loi de 1905. Sans l'air d'y toucher, le ministre de l'Intérieur a observé : «Réfléchir aux nécessaires adaptations d'un texte, ce n'est pas remettre en cause son esprit. Si le texte est si fort qu'on le dit, il peut supporter un toilettage. Ou alors, il n'est pas si fort qu'on le dit. Comme je pense que la loi de 1905 est un texte solide, il n'y a aucun problème a en discuter certaines modalités d'application.»


Cela posé, Nicolas Sarkozy a, lundi dernier, proposé que «les maires et les conseils municipaux puissent jouer un rôle important pour les lieux de culte». Afin de dégager les mosquées de «toute influence étrangère», l'idée du ministre de l'Intérieur, semble-t-il, est de favoriser leur construction sur fonds publics et de placer «des élus dans l'association qui gère» les mosquées. Pour l'heure, les maires ne s'occupent que de la gestion des édifices religieux construits avant la loi de 1905. Et rien ne permet de penser que nos édiles seraient désireux de s'occuper en plus des églises, de temples, synagogues et mosquées.


La célébration officielle du centenaire de la loi de 1905 a apporté, hier encore, son lot de révélations. Ainsi a-t-on pu entendre Fouad Alaoui, secrétaire général de l'UOIF, l'Union des organisations islamiques de France, déclarer que, selon «une lecture éclairée du texte» coranique, «l'homme a la pleine liberté d'accepter sa religion, comme il l'a de la quitter».


C'est la première fois que ce responsable du Conseil du culte islamique, chantre d'un islam rigoriste, affirme que l'on ne naît pas musulman, sous prétexte que son géniteur appartient à cette religion, et qu'il est ensuite possible de quitter la communauté. Pour nombre de fondamentalistes musulmans, la renonciation à sa foi est inenvisageable. Cette logique fonde les discours sur «les cinq millions de musulmans français», formule qui n'établit pas le distinguo entre les personnalités de culture musulmane et celles, moins nombreuses, qui pratiquent la religion islamique.