18/10/05
- En dépit de la méthode Coué du député
maire d'Asnières en charge des questions électorales à
l' UMP:
" SARKO = PIPO" OU COMMENT LES ELECTEURS DE LA DROITE NATIONALE
JUGE REELLEMENT N. SARKOZY
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Comment les militants du FN jugent Nicolas Sarkozy
LE MONDE | 17.10.05 | 13h32 • Mis à jour
le 17.10.05 | 13h32
Selon Manuel
Aeschlimann, député (UMP) des Hauts-de-Seine, une étude
commandée par son parti auprès "de chercheurs"
montrerait que "la moitié des électeurs du Front
national seraient prêts à voter pour Nicolas Sarkozy en
2007".
Les militants
et sympathisants du FN, tels qu'on les rencontrent dans les meetings
du parti d'extrême droite sont cependant bien plus mitigés.
Le Monde a testé auprès d'eux "l'effet Sarkozy".
"Dès que je l'entends et que je le vois, je zappe"
, lance ainsi Eric Grogneu, un outilleur de 45 ans vivant en Haute-Saône.
"Sarkozy ? Non merci ! Il aime trop tirer la couverture vers lui"
, renchérit Ludovic Raux, un Normand trentenaire, adhérent
récent du parti de Jean-Marie Le Pen. "Il pense plus à
lui qu'à la France. Jamais de la vie je ne voterai pour lui"
, jure Marie Sola, infirmière retraitée, militante en
Midi-Pyrénées "depuis toujours" .
"Arriviste"
, "opportuniste" , "traître par excellence"
, les adjectifs ne sont pas flatteurs pour le président de l'UMP.
M. Sarkozy est comparé à "un écureuil"
sautillant ou à "un ventilateur" , quand ce n'est pas
à "un clown" ou à "un pantin du système"
. Certains, comme Claude Rivière, vont jusqu'à dire :
"Encore faudrait-il qu'il soit français..." , et n'ont
qu'un souhait : "Qu'il reste chez lui !"
Même
quand le ministre de l'intérieur séduit, l'avantage reste
au président du FN. "Il reprend beaucoup des idées
de Le Pen. Il a fait des promesses sur la sécurité qui
ont été suivies" , note Catherine Dejacquelot. Elle
reconnaît avoir "déjà voté pour lui"
, mais ne l'envisage plus.
"SARKO = PIPO"
Le défaut de sincérité est le principal reproche
formulé à à son encontre. Nelly J., 60 ans, femme
de ménage et ancienne électrice socialiste venue au FN
depuis deux ans assure "Il n'a rien fait de ce qu'il avait promis".
"Il parle bien mais n'applique pas. Il y a deux ou trois ans, il
est venu nous voir à la caserne en nous promettant qu'il ferait
quelque chose pour notre statut. Depuis, rien" , raconte Frédéric
Binter. Pour ce sapeur-pompier mulhousien de 33 ans, "si l'élection
avait lieu aujourd'hui, ce serait un danger. Mais dans deux ans, tout
le monde se sera rendu compte qu'il est inefficace" .
"C'est
un des rares hommes politiques qui dit ce qu'il pense. Il plaît
beaucoup mais je ne crois pas qu'il passe vraiment à l'action"
, doute aussi Julie Henry, clerc de notaire de 33 ans, qui lui reproche
"un double langage vis-à-vis du FN" .
"Nicolas
Sarkozy s'oppose à la préférence nationale, note
Christian Jean, un enseignant parisien de 27 ans. Et puis il a organisé
les musulmans entre eux. Il essaie de récupérer les électeurs
en disant qu'il veut rétablir l'ordre mais au final il ne fait
rien, en refusant de reconnaître l'immigration comme le problème
principal de notre société." "Il a inauguré
des mosquées, travaillé pour les musulmans en France,
rappelle Régis J., un ancien mégrétiste, employé
lyonnais. Mais l'UMP est en fait pire que nous sur l'immigration. Ils
veulent exploiter les immigrés alors que nous sommes pour une
reconduction propre aux frontières, par charter."
Les cadres
du mouvement relativisent le danger Sarkozy. "La copie n'a jamais
détourné les gens de l'original, se rassure Jean-François
Parvignon, secrétaire départemental de la Lozère.
"Sarko = pipo, résume Jean-Lin Lacapelle, un conseiller
régional du Centre, proche de Marine Le Pen. C'est un bon comédien,
très bon en communication. Mais au final l'insécurité
continue, l'immigration aussi."
Les sympathisants
ne sont pas plus inquiets. "Nicolas Sarkozy n'a aucune chance de
récupérer les militants du FN, pronostique Vincent Touchagues,
jeune étudiant de 19 ans. Il est au gouvernement, et ses idées
ne sont pas les nôtres." "C'est un vrai politicien :
il récupère les thèmes qui intéressent les
masses sans conscience politique" , complète Gonzague D.
Mais ce jeune fonctionnaire lyonnais, engagé chez les Identitaires
(groupuscule d'extrême droite), ne doute pas que les électeurs
du FN, "éveillés politiquement, savent reconnaître
les démagos".
Christiane
Chombeau et Véronique Le Guen
Article paru dans l'édition du 18.10.05