RELIGIONS
: LE FINANCEMENT EN QUESTION
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LE PARISIEN : MARDI 11 OCTOBRE 2005
LIEUX DE CULTE. La loi de 1905 interdit formellement que l'argent public
finance les religions. Pourtant les collectivités des Hauts-de-Seine
contournent de plus en plus souvent l'obstacle en subventionnant des
associations religieuses à caractère culturel.
LA LOI
DE 1905 de séparation de l'Egllise et de l'Etat est-elle respectée
dans les Hauts-de-Seine ? Plusieurs exemples récent sèment
le trouble. Le président du consiel général, Nicolas
Sarkozy, vient d'annoncer qu'il accorderait une subvention destinée
à la rénovation du centre communautaire et culturel juif
de Montrouge. A Boulogne, la ville réservera sur les anciens
terrains Renault un terrain de 1500 m² au centre cultuel et cultruel
musulman de la ville ; 1500 m² supplémentaires sont prévus
our accueillir un lieu de culte catholique. De son côté,
la mairie de Clichy s'apprête à céder gratuitement
à la communauté musulmane un terrain de 1 000 m²
où sont prévus un centre culturel ouvert à l'ensemble
de la population et un lieu de culte réservé aux musulmans.
OPERATION
POLITICIENNE OU GARANTIE CONTRE L'INTEGRISME ?
Si la loi
n'autorise pas les communes et les collectivités sterritoriales
à financer directement les lieux de culte, rien ne leur interdit
en revanche de subventionner des sites religieux à vocation culturelle.
Ce que le département et les villes ne se privent pas de faire.
Mais n'est pas une manière de contourner la loi de 1905 en subventionnant
sans le dire les communautés religieuses locales ? "L'argument
culturel est parfois un artifice, un paravent pour aider à la
construction d'édifices du culte", constate Jean-Louis Biot,
secrétaire général du Comité national d'action
laïque.
Quà cela ne tienne, certains élus, au premier rang desquels
Nicolas Sarkozy, appellent à un "toilettage" de la
loi afin que les pouvoirs publics puissent financer des mosquées
et même aider à la formation des imams ou des rabbins.
"Ma place n'est pas en dehors des synagogues, des églises
ou des mosquées, expliquait récemment le ministre de l'Intérieur
devant la communauté juive des Hauts-de-Seine. Les lieux de culte
sont des lieux de lumière des lieux où l'homme peut trouver
de l'espérance dans un monde souvent dominé par le cynisme."
Dans son
livre "la République, les Religions, l'Espérance",
le présidentt de l'U.M.P. va plus loin. Il estime "utile
que soit créée une grande mosquée dans celles de
grandes villes qui en sont dépourvues". Et d'ajouter :"
Je crois que c'est parce qu'il n'y a pas assez de lieux de culte musulmans
publics qu'il y a une progression de l'intégrisme aujourd'hui."
"Vouloir
financer des mosquées est une opération politicienne destinée
à s'attirer la sympathie de l'électorat de confession
musulmane", estime pour sa part Jean-Louis Biot. "Un élu
est censé être à l'écoute de tous ses concitoyens,
rétorque Richard Lejoyeux, président de la coordination
Islam et société des Hauts-de-Seine. Est-ce électoraliste
de construire un terrain de pétanque dans une ville ? C'est la
même chose quand des gens ses manifestent de manière régulière
pour demander un local où ils puissent pratiquer leur culte :
la ville finit par leur trouver un endroit."
Mais quand
le Comité national d'action laïque n'en démord pas
: "Le choix de pratiquer une religion est d'ordre privé
et un lieu de culte doit donc être financé par des recettes
d'ordre privé. Si l'on modifiait la loi, on toucherait à
la clé de voute de la République et l'article 1er de la
Constitution rappelle que la France est une République laïque."
La polémique a de beaux jours devant elle.
Frédéric
Mouchon
(Avec M.F. et C.H.)
A
ASNIERES, LES FIDELES CONSTRUIRONT EUX-MÊME LEUR MOSQUEE
IL Y A
UN AN presque jour pour jour, Asnières annonçait la création
de l'un des plus grands lieux de culte musulman de toute la région
parisienne. Rue de l'Abbé-Lemire, la petite salle de prière
Al-Hidaya Al-Islamya devait en effet s'aggrandir jusqu'à 1 800
m² pour accueillir ses nombreux fidèles, environ 3 000 pratiquants
sur la commune. La première pierre du projet a été
posée en grande pompe en présence du recteur de la Grande
Mosquée de paris, Dalil Boubakeur, du président de l'UMP
et président du conseil général, Nicolas Sarkozy,
et du député maire UMP de la ville, Manuel Aeschlimann.
Une maquette de la future construction a même été
présentée aux fidèles. Mais à ce jour, le
projet de construction n'a toujours pas avancé d'un iota. Les
terrains où s'érigeait autrefois une petite chapelle restent
désespérément vides.
LE PROJET
REVU A LA BAISSE
Du coté
du conseil général, on affirme qu'aucune subvention n'a
encore été versée à l'association culturelle
de la Mosquée et la municipalité d'Asnières qui
a assuré "qu'elle apporterait une aide financière
au projet" n'a pas non plus, voté d'enveloppe pour l'instant.
Evaluée à 3,6 M € en 2004, la future mosquée
devrait bien être financée par les fidèles comme
la loi l'impose.
"Nous
disposons pour l'heure de 600 000 €. De l'argent versé
par des mécènes, affirme le président de l'association
culturelle de la mosquée, Mabrouk Belayadi. Dans un mois environ
- on attend la fin du ramadan - les travaux devraient commencer. Deux
entreprises en concurrence pour le gros oeuvre. On fera appel aux compétences
des fidèles pour terminer la construction." Travaux de carrelage,
plomberie, peintures et autres devraient ainsi être assurés
par les musulmans qui fréquentent la mosquée, selon leurs
compétences, comme à Bondy, en Seine-Saint-Denis. Entre-temps,
les responsables ont quand même dù revoir leur projet à
la baisse. Toujours selon le responsable, Mabrouk Belayadi, le minaret,
prévu au départ, ne devrait pas voir le jour. "Une
grande salle de prière et sa coupole seront consacrées
au culte, poursuit le responsable. Six salles de classe, une vidéothèque,
un laboratoire de langues, une cafétaria, un hamman... seront
dédiés au volt culturel. Lorsque notre projet sera fin
prêt, nous demanderons des subventions pour fonctionner."
Marisa
FAION