Affaire du meurtre d'Ilan Halimi ... autres réactions
contre la manipulation et la culpabilisation du peuple français...


Les gueux de la République citoyenne
Chronique hebdomadaire de Philippe Randa, écrivain et éditeur, fondateur du site www.dualpha.com

Les organisateurs des manifestations de ce week-end, après le meurtre crapuleux d’Ilan Halimi(1), ont démontré que l’anti-racisme est aujourd’hui en France une propriété privée, une véritable marque déposée.
Elle n’est pas déposée à l’Institut National de la Propriété intellectuelle, mais à la Ligue Internationale Contre le Racisme et l'Antisémitisme, au Mouvement contre le Racisme et pour l'Amitié entre les Peuples, à l’Union des Étudiants Juifs de France, au Conseil représentatif des Institutions juives de France (CRIF) ou je ne sais encore à quelle autre association anti-raciste ou confessionnelle, professionnellement auto-proclamées seules détentrices des droits.
Sans leur adoubement, point de solidarité permise avec la famille de la victime.

Quand l’exclusion devient politiquement correcte
Le Front national et le Mouvement pour la France ont eu l’outrecuidance de vouloir participer officiellement au défilé, mais ni l’un ni l’autre n’avaient pas reçu d’ausweiss.
Étrange œcuménisme où l’on exclue ainsi ceux qu’il faut bien nommer désormais les gueux de la République citoyenne.
Les velléités de leur présence à Paris – baptisée pour l’occasion « capitale œcuménique de l'antiracisme » – seraient « une provocation », ce qui sous-entend ni plus ni moins qu’ils ont l’un et l’autre leur responsabilité dans le destin atroce d’Ilan Halimi. Ça, c’est un scoop : le « gang des barbares » ne serait donc en fait qu’une section militante de la Droite nationale et son « cerveau », un éminent membre d’un des Bureaux politiques de ces formations.
Refuser la présence de quelqu’un à une manifestation à la mémoire d’une victime en leur infligeant une « fatwa citoyenne », sous-entend que cette personne porterait une responsabilité éventuelle dans le drame, n’est-ce pas ?Imagine-t-on la famille d’un criminel assistant à l’enterrement de sa victime ? Refuser la présence de tels ou tels élus de la République, c’est ni plus, ni moins désigner ceux-ci à la vindicte publique comme coupables des faits.
Le Front national aurait été condamné par le passé pour antisémitisme ? Outre que le FN ne l’a jamais été en tant que tel – il n’y a pas une ligne de son programme qui puisse être en cause pour cette raison – mais seulement certains de ces responsables pour certaines de leurs déclarations. Ce n’est pas tout à fait la même chose.
A-t-on condamné le RPR d’Alain Juppé ou le PS d’Henri Emmanuelli (pour ne pas parler des autres) quand ces dirigeants politiques ont été condamnés pour avoir confondus les finances publiques avec la caisse de leurs Partis respectifs ?
Est-il donc moins grave en France de rançonner le contribuable avant de le dévaliser que de tenir de simples propos condamnables puisque condamnés ?
Dans ce cas, on attend avec quelque jubilation les sanctions qui vont pleuvoir sur le Parti socialiste après les déclarations quelque peu « iconoclastes » de Georges Frêche, Maire de Montpellier, Président du Conseil régional du Languedoc Roussillon et toute puissante « grande gueule » provinciale du Parti de feu François Mitterrand.(2)

Notes
(1) Par ailleurs, la récupération du meurtre d’Ilan Halimi, selon toute vraisemblance uniquement crapuleux, est particulièrement odieuse, comme l’explique Christian Bouchet dans sa chronique hebdomadaire « L’abjecte exploitation d’un abject fait divers » (www.voxnr.com)
(2) Les déclarations du président PS de la Région Languedoc-Roussillon, Georges Frêche, traitant des représentants de harkis de « sous-hommes », ont provoqué lundi 13 février, une série de protestations et l'embarras des socialistes. Lors d'une cérémonie samedi à Montpellier en hommage à un ancien porte-parole de la communauté Pieds noirs, Georges Frêche avait apostrophé des harkis présents en déclarant : « Ils (les gaullistes, ndlr) ont massacré les vôtres en Algérie et encore vous allez leur lécher les bottes ! Mais vous n'avez rien du tout, vous êtes des sous-hommes, vous n'avez aucun honneur ! ».


Lu sur : http://www.voxnr.com

Dimanche, 26 Février 2006

L’abjecte exploitation d’un abject fait divers
Christian Bouchet Éditorial

Un gang de criminels, s'auto-dénommant «le gang des barbares », après avoir entraîné un jeune homme dans un guet-apens au moyen d'une ruse, l'a enlevé et a demandé une rançon à la famille. Le malheureux otage a été torturé au point qu’il en est mort. Une fois le cadavre découvert, la police - qui n’avait pas été très efficace jusqu’alors -à très rapidement réussi à arrêter les criminels.

Très rapidement également, un formidable concert médiatique a transformé ce crime crapuleux en un acte antisémite, la victime étant de confession juive et sa mère étant une salariée d’une structure sioniste.

Contrairement à l'avis du Parquet, la juge d'instruction chargée de l'affaire – Corinne Goetzmann - a retenu l’hypothèse du crime antisémite.

Le corps politique dans son ensemble a suivi le pas et le président de la République, le Premier Ministre et ses ministres ont immédiatement officialisé leur indignation et ont même assisté personnellement à une commémoration religieuse pour le défunt. Une première manifestation regroupant des associations communautaires juives s'est déroulée à Paris, avec en parallèle des scènes de «ratonnade» anti-arabes organisées par des commandos de jeunes activistes juifs. Une autre manifestation, bénéficiant d'une couverture médiatique maximale, est prévue aujourd’hui. On y annonce la venue des présidents du Sénat et de l’Assemblé nationale, d’au moins six ministres et des dirigeants de presque tous partis politiques français.

L’homme de la rue, le français moyen, ne peut être que sidéré par tout cela quand il regarde le JT ou quand il lit le journal.

Il ne peux s’empêcher aussi de faire des comparaisons.

Sensiblement à la même date, un gendarme français a été tué sur l’île de Saint Martin dans des circonstances qui ne laissent aucun doute sur leur motivation raciste. Il n’y a pas eu pour lui d’émotion médiatique ou de manifestation. A son enterrement, il n’y a pas eu de Chirac, de Villepin, de Sarkozy ou de Baroin ; et pas de ministre de la Défense. La famille, la Gendarmerie et l'Armée étaient seules, négligées par l'Etat...

Durant les émeutes du troisième trimestre 2005, il y a eut plusieurs décès pour lesquels la connotation raciste était évidente. A ces occasions là non plus, aucune manifestation particulière n’avait eu lieue.

Alors comment ne pas en conclure, une fois de plus, que tous les citoyens ne sont pas égaux aux yeux de ceux qui nous dirigent. Qu’il y a nous et « eux », le vulgum pecus et les élus.

Comment ne pas constater aussi que ce fait divers est instrumentalisé pour des raisons de politique intérieure et étrangère évidente. Ce n’est pas par hasard si Le Figaro remarque : « Face à la montée d'un fanatisme qui n'épargne pas la France, le Premier ministre et le président du CRIF ont décidé de faire front commun. L'atmosphère au dîner annuel du Conseil représentatif des institutions juives aura rarement été aussi consensuelle». Ce n’est pas par hasard non plus si Julien Dray - dont il faut se souvenir que le frère fut un dirigeant du Betar - dénonce l’influence de Dieudonné derrière l’antisémitisme qui aurait tué Ilan Halimi et que Roger Cukierman – le dirigeant du Crif de France – évoque l’« antisémitisme » du Front national. Ce n’est pas un hasard encore si les médias évoquent la Palestine et l’Irak parmi les modèles ou les motivations du « gang des barbares ».

L’assassinat d’Ilan Halimi fut abject, son exploitation politique et médiatique l’est encore plus.