Frédéric Poignard (à Lyon) et Christine Ducros.
Publié le 11 octobre 2006
Actualisé le 11 octobre 2006 : 07h54
LE FIGARO
Quatre adolescents lyonnais ont été mis en
examen pour avoir agressé une collégienne musulmane
qui mangeait un sandwich.
TROIS jeunes filles de troisième sont réunies dans la
cour du collège Jean-Mermoz, classé en ZEP à
Lyon, mercredi dernier. L'une mange un sandwich pendant la récréation.
«Tu manges ?» leur demande un groupe de quatre garçons
du même âge. Garçons et filles sont de familles
de confession musulmane. Altercation entre les deux groupes, jets
de pierre, les surveillants interviennent. Une des adolescentes, pas
celle qui mangeait, est légèrement blessée à
la tête et conduite à l'infirmerie. Ses parents ont porté
plainte contre les auteurs, dont deux ont été exclus
du collège pendant une semaine.
Présentés hier matin au parquet pour mineurs, les quatre
ont été mis en examen pour «violences en réunion»
puis remis en liberté. Âgés d'une quinzaine d'années,
inconnus des services de police, ils ont expliqué qu'ils n'avaient
fait que riposter aux premiers jets de pierre des filles.
Pas d'autres incidents
Un comportement de toute façon «inadmissible»
pour Xavier Richaud, procureur de la République de Lyon qui
tempère néanmoins le lien avec le non-respect du ramadan.
«S'il n'est pas impossible que la remarque faite par les collégiens
soit en lien avec la rupture du jeûne, les quatre garçons
n'ont pas fait preuve d'une conscience politique ou religieuse aiguisée
durant leur interrogatoire», a-t-il expliqué.
Dès le lendemain de l'incident, le proviseur du collège
a rassemblé l'ensemble de 250 élèves pour un
rappel solennel à la loi et a entamé depuis des réunions
de sensibilisation au respect des règles.
Dans les rectorats de Paris, Strasbourg ou encore Créteil,
on n'a pas relevé d'autres incidents de ce type. Même
son de cloche au ministère, où l'on avoue ne pas avoir
connaissance de «faits similaires.»
Mais dans son rapport de juin 2004, Jean-Pierre Obin, inspecteur
général de l'Éducation nationale relevait en
revanche que «le mois du carême musulman est une occasion
de tension dans nombre d'écoles, de collèges et de lycées.»
Pour l'auteur du rapport, les professeurs se plaignent de plus en
plus de la grande fatigue des élèves dont un nombre
croissant se réfugient «dans les centres de documentation
et d'information utilisés pour se reposer ou dormir pendant
la pause du déjeuner».
Pas plus tard que la semaine dernière durant un match de
volley organisé en fin de journée, une adolescente s'est
effondrée, livide dans un gymnase parisien. «Elle était
tellement fatiguée, raconte l'une de ses amies, qu'elle s'est
cachée dans les douches pour dévorer un pain au chocolat
et boire un verre d'eau, c'était un peu avant la rupture du
jeûne et elle se sentait coupable de ne pas avoir tenu le coup.»
Au Snes, syndicat majoritaire dans le secondaire, on reconnaît
être vigilant sur le sujet, notamment dans le département
de Seine-Saint-Denis : «Il y a une pression plus forte qu'avant.
Plus nombreux, les enfants sont aussi de plus en plus jeunes à
faire le ramadan. Les enseignants se plaignent de leur manque de concentration.»