NOUVELLES FRASQUES JUDICIAIRES
DU DIRECTEUR DE CABINET DE MANUEL AESCHLIMANN
Asnières
Le directeur de cabinet du maire au tribunal
COSTUME sombre et cravate flamboyante, Francis Pourbagher, directeur
de cabinet du maire UMP d'Asnières, Manuel Aeschlimann, s'avance
à la barre du tribunal correctionnel de Nanterre. Hier, jugé
par la 15 e chambre pour « dénonciation calomnieuse »,
l'homme se montre grave et tendu. Il « confirme in extenso »
sa plainte déposée en octobre 2003 à l'encontre
d'un automobiliste qui aurait tenté de l'écraser, selon
ses dires.
Mais
hier, c'est la plainte de l'automobiliste, Shebli Anvar, membre d'une
association opposée à la municipalité, qui a mené
le directeur de cabinet devant le tribunal. Au soir du 28 octobre 2003,
en pleine campagne électorale pour les cantonales, Francis Pourbagher
« circule en ville pour vérifier les panneaux d'affichage
». Place de la République, il s'arrête devant l'affiche
dégradée de la candidate qu'il soutient et « entend
le moteur d'une voiture. » « Je me suis retourné
et j'ai commencé à traverser. C'est là que le véhicule
m'a foncé dessus. J'ai eu très peur. »
«
Cela nous laisse pantois »
Malgré
cette frayeur qu'il décrit, il relève le numéro
d'immatriculation de la voiture. Première contradiction soulevée
par le tribunal : « Vous interprétez comme une menace le
moteur vrombissant, alors vous traversez... », s'étonnent
les magistrats. « J'ai appelé le député-maire,
Manuel Aeschlimann, pour lui dire ce qui venait de m'arriver »,
reprend le prévenu. « Il m'a conseillé d'appeler
le commissaire de police », explique le directeur de cabinet.
« Vous êtes victime d'une tentative d'homicide et vous appelez
d'abord le maire ? », s'étonnent encore les juges.
Réponse : « Oui, c'est mon patron. J'avais peut-être
besoin qu'il me rassure. » « Une sorte de thérapie
», ironise le tribunal. « Vous avez donné le numéro
d'immatriculation au commissaire ? » interroge le président,
Alain Prache. Le prévenu « ne s'en souvient plus ».
Et pour cause. C'est seulement le lendemain de cette « agression
» qu'il a communiqué le numéro, en déposant
plainte. « Vous disposez d'un élément capital pour
que la police arrête votre agresseur et vous ne le donnez pas
au commissaire ? » Hésitation du prévenu devant
des magistrats insistants. « Cela nous laisse pantois »,
commente le président. Face aux « invraisemblances »
du récit de Francis Pourbagher et s'inquiétant d'une éventuelle
« instrumentalisation de la justice et des services d'enquête
», le procureur Bruno Bougie a requis un supplément d'information.
Notamment pour que soient vérifiés les appels téléphoniques
du prévenu et pour que soit entendu le commissaire de police.
Mais, estimant disposer d'éléments suffisants, le tribunal
n'a pas donné suite à cette requête, mettant son
jugement en délibéré pour le 22 juin. Olivier Schnerb,
avocat du prévenu, a plaidé la relaxe. L'avocat de la
partie civile, Jean-René Farthouat, réclame 10 000 €
de dommages et intérêts.
ASNIERES.
Le tribunal, qui doit rendre son jugement suite à la plainte
pour « dénonciation calomnieuse » contre Francis
Pourbagher (à gauche), ici en compagnie du maire, Manuel Aeschlimann
, a mis l'affaire en délibéré . (DR.)
Valérie
Mahaut
Le Parisien
, samedi 27 mai 2006
...Le
tribunal qui « connaît le nombre significatif de procédures
concernant l'administration de la ville d'Asnières... »
dixit le président du tribunal de Nanterre
La «calomnie» de la mairie d'Asnières en procès
Le directeur de cabinet aurait-il dénoncé un adversaire
pour mieux s'en débarrasser?
par Marc PIVOIS
LIBERATION
- samedi 27 mai 2006
Francis Pourbagher, directeur de cabinet de l'ultra-sarkozyste maire
UMP d'Asnières (Hauts-de-Seine) Manuel Aeschlimann, a-t-il réellement
senti la mort lui «frôler le ventre», sous la forme
d'un «rétroviseur de voiture», alors qu'il venait
d'arracher une affichette qui défigurait le visage de la candidate
qu'il soutenait aux cantonales ? Ou a-t-il tout inventé? Vendredi,
le tribunal correctionnel de Nanterre, devant lequel Francis Pourbagher
comparaissait pour «dénonciation calomnieuse», tentait
d'y voir clair.
Ronde habituelle.
Le 28 octobre 2003, Pourbagher quitte la mairie, vers 19h30. «J'avais
l'habitude de faire une ronde pour veiller à la sécurité
et pour surveiller l'affichage.» Il avait dû, dit-il, «gérer
une campagne massive de tracts» émis par une association,
bien malveillante puisqu'elle osait combattre les projets du maire.
Place de la République, il aperçoit «une affiche
de couleur» sur le visage de sa candidate favorite. Il se gare,
traverse la rue Emile-Zola, «vérifie si la colle est fraîche».
Il entend alors «un moteur vrombir» dans son dos. «Je
me dis, c'est un de ces jeunes étrangers des quartiers Nord qui
ne nous aiment pas parce que nous représentons les institutions.»
Il se retourne pour retraverser la route. «Je pose un pied sur
la chaussée et une voiture me fonce dessus et s'arrête
quelques mètres plus loin. J'ai l'habitude de relever les plaques
des contrevenants, j'ai noté son numéro.» La voiture
s'éloigne, aucun témoin.
Francis Pourbagher
explique qu'il s'est empressé de téléphoner au
maire, qui lui ordonne d'appeler sur son portable le commissaire divisionnaire
Zueras. Lequel lui «conseille d'aller porter plainte». Il
ne le fait que le lendemain, indiquant alors le numéro de la
voiture. Recherches, et l'on tombe sur... Shebli Anvar, ingénieur
au Commissariat à l'énergie atomique (CEA) et animateur
d'une association qui donne tant de fil à retordre au maire.
Interrogé,
mis en garde à vue, Anvar bénéficiera d'un classement
sans suite. A son tour, il porte plainte pour «dénonciation
calomnieuse». Et Pourbagher se retrouve prévenu.
Elément troublant.
Le tribunal, affirme le président, qui «connaît le
nombre significatif de procédures concernant l'administration
de la ville d'Asnières», veut «rendre la justice
et non rendre service». Mais, «sans faire allusion à
une affaire actuelle» il sait qu'en politique, «celui qui
se dit victime, cela ne le déssert pas...» Aussi, un autre
élément trouble le président. Pourquoi diable,
après «ce qui s'apparente à une tentative de meurtre»,
le prévenu ne livre-t-il pas aussitôt le numéro
d'immatriculation au commissaire?
Le procureur «reste
pantois» devant une telle négligence et souhaite un supplément
d'information, histoire d'entendre le commissaire. Comme le tribunal
le lui refuse, il ne requiert pas. L'avocat de Pourbagher veut y voir
«comme une demande de relaxe». Jugement le 22 juin.
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AFP
MARC BASTIAN
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Justice-municipalité-92
NANTERRE, 26 mai
2006 (AFP) - Le directeur de cabinet du maire d'Asnières-sur-Seine
(Hauts-de-Seine) a comparu vendredi devant la 15e chambre correctionnelle
du tribunal de Nanterre pour dénonciation calomnieuse d'un opposant
municipal qu'il avait accusé de tentative de meurtre en 2003.
Le jugement concernant
Francis Pourbagher, directeur de cabinet du député-maire
UMP d'Asnières Manuel Aeschlimann, a été mis en
délibéré au 22 juin à 13H30.
Les faits remontent
au 29 octobre 2003. Ce soir-là, M. Pourbagher dit s'être
arrêté devant un panneau d'affichage portant un tract fraîchement
collé d'une association de quartier opposée à la
municipalité.
Au moment où
le directeur de cabinet de Manuel Aeschlimann, un proche de Nicolas
Sarkozy, veut retourner à son véhicule - garé à
contresens de l'autre côté de la rue -, il affirme qu'une
voiture, dont il a ensuite fourni le numéro d'immatriculation
à la police, lui aurait "foncé dessus".
La plaque correspond
à la voiture de Shebli Anvar, ingénieur au Commissariat
à l'énergie atomique (CEA) et membre d'une association
de quartier opposée à la mairie, en train de diffuser
des tracts ce soir-là dans le même quartier.
Après enquête
de 24 heures, le parquet de Nanterre classe la plainte sans suite. Les
tracts, calomnies et injures sont monnaie courante dans la vie politique
asniéroise.
Vendredi, M. Pourbagher
a maintenu "in extenso" ses accusations de 2003 contre M.
Anvar, qu'une instruction est venue contredire. Son témoignage
est apparu peu crédible au point d'agacer visiblement son avocat,
Me Olivier Schnerb, qui a plaidé la relaxe.
Parlant d'une "éventuelle
instrumentalisation de la justice et des services d'enquête",
le procureur Bruno Bougie a pointé des "invraisemblances"
dans la version donnée par le directeur de cabinet, notamment
concernant le lieu où se serait produite l'agression (le nom
de la rue a fluctué au cours de l'instruction).
Shebli Anvar réclame
10.000 euros pour le préjudice subi.
Le procureur, après
avoir demandé un supplément d'enquête rejeté
par le tribunal, s'en est rapporté au jugement à venir.
vendredi 26 mai
2006
Kap-mba/pmg/def