Quand
les Pays-Bas montre l'exemple en Europe en bloquant l'immigration musulmane
Les
Pays-Bas bloquent l'immigration musulmane
Stéphane Kovacs
Le Figaro - 08 mars 2006, (Rubrique International)
La campagne pour les élections municipales a été
dominée par le thème de l'immigration.
AUX PAYS-BAS, «le temps des discussions conviviales avec les musulmans
est révolu». Dans un pays qui autorise le mariage gay,
l'euthanasie ou le cannabis, «Rita de fer», la ministre
de l'Immigration Rita Verdonk, ne fait, elle, aucun compromis. Ses nouvelles
mesures, qui entrent en vigueur la semaine prochaine, font des Pays-Bas
l'Etat européen le plus strict envers les immigrés, et
surtout les musulmans.
Certains disent qu'elle est le seul «vrai mec» du gouvernement
chrétien-démocrate. Car cette ancienne directrice de prison
ne s'en laisse pas conter : elle a renvoyé des réfugiés
dans des pays tels que l'Iran, l'Irak ou encore la République
démocratique du Congo. Environ 26 000 réfugiés
en fin de procédure, dont certains étaient dans le pays
depuis plus de dix ans, ont été expulsés. En quatre
ans, Rita Verdonk a réduit le nombre de demandeurs d'asile de
moitié (41 000 en 2005).
Lorsqu'un imam refuse de lui serrer la main «pour des raisons
religieuses», elle annule tout de go la rencontre. «Et quand
nous nous reverrons, j'espère que vous parlerez néerlandais
!», lui lance-t-elle. C'était juste après l'assassinat,
en novembre 2004, du cinéaste Theo Van Gogh par un islamiste.
Un assassinat qui a rendu, selon une enquête, 47% des Néerlandais
moins tolérants envers les musulmans.
«Le problème est que nous avons toléré les
intolérants, et maintenant nous payons l'addition, explique Bart
Jan Spruyt, directeur de la Fondation Edmund Burke, un «think-tank»
conservateur. Cette addition doit être réglée avant
que nous ne redevenions tolérants.».
Après la France, c'est le pays qui détient le plus fort
taux de musulmans au sein de l'Union européenne : près
de 6%. Or, près de 90% des Turcs et des Marocains résidant
aux Pays-Bas choisissent leur conjoint dans leur pays d'origine. «Un
gros handicap pour l'intégration», explique-t-on au ministère,
puisque ces nouveaux venus ne parlent pas le néerlandais et ne
connaissent pas grand-chose des coutumes bataves.
Imposer «le néerlandais dans la rue»
En 2010, selon une étude gouvernementale, les quatre principales
villes, Amsterdam, Rotterdam, La Haye et Utrecht, auront une population
à majorité musulmane. Ces villes ont, depuis des années
déjà, testé différentes politiques vis-à-vis
de leurs immigrés.
Traumatisée, en 2002, par l'assassinat du populiste Pim Fortuyn,
qui qualifiait l'islam de «culture arriérée»,
Rotterdam a établi un «code de bonne conduite». Parler
néerlandais en public, refuser la discrimination, rejeter le
radicalisme : les «recommandations» de la grande cité
portuaire seraient passées largement inaperçues si Rita
Verdonk n'avait pas décidé de s'en inspirer. «Nous
n'attendons pas des étrangers qu'ils fassent du patin à
glace !, clame-t-elle. Mais qu'ils apprennent notre langue et qu'ils
acceptent des valeurs de base, comme l'égalité homme-femme.»
Son idée d'imposer «le néerlandais dans la rue»
n'aura pas fait long feu. En revanche, dès la semaine prochaine,
des tests de langue et de culture néerlandaise seront obligatoires
pour tous les candidats à l'immigration. Une première
dans le monde !
Les examens auront lieu dans les ambassades et consulats néerlandais
à l'étranger. Ils seront payants (350 euros), tout comme
les livres, cassettes et CD-Roms de préparation. «Où
siège le Parlement ?», «Qui était Guillaume
d'Orange ?», les candidats devront répondre, au téléphone,
à des questions permettant d'évaluer «leurs capacités
d'adaptation à la vie néerlandaise». Au bout du
fil... un logiciel de reconnaissance vocale ! Linguistes et défenseurs
des droits de l'homme ont bien sûr critiqué la méthode,
d'autant que les citoyens originaires de l'UE, d'Amérique du
Nord, du Japon ou d'Australie sont exemptés.
Des « cours d'intégration »
La loi est clairement destinée à freiner l'immigration
des Marocains et des Turcs : après avoir relevé, en 2004,
à 21 ans l'âge minimum pour faire entrer son conjoint aux
Pays-Bas, La Haye espère faire encore reculer le nombre de mariages
arrangés.
Quant aux immigrés de moins de 65 ans installés de longue
date aux Pays-Bas, mais qui y ont fait moins de huit ans d'études,
ils se voient désormais obligés de suivre des «cours
d'intégration». Il y aurait aux Pays-Bas quelque 700 000
immigrés qui ne maîtriseraient pas la langue.
Mais c'est Utrecht qui a inspiré à Rita Verdonk son idée
la plus décriée. La quatrième ville du pays vient
de supprimer les allocations-chômage aux femmes qui s'obstinent
à porter leur burqa, ce vêtement islamique qui recouvre
le corps entier, lors d'entretiens d'embauche. «On fait de notre
mieux pour sortir les gens du chômage, explique Mostapha el-Filali,
responsable de l'Intégration à la mairie. Alors, si ces
femmes ne se donnent aucune chance d'en trouver, qu'elles en assument
les conséquences !»
La mesure ne concernerait qu'une centaine de femmes aux Pays-Bas. Mais
en suggérant, en octobre dernier, l'interdiction du port de la
burqa dans les lieux publics, «pour des raisons de sécurité»,
la ministre a déclenché l'ire de toutes les associations
musulmanes.
«Là, cela va trop loin, affirme Mostapha el-Filali. Les
musulmans ont l'impression d'être constamment en ligne de mire
! Beaucoup n'acceptent plus cette pression et préfèrent,
malgré les problèmes, rentrer chez eux.» En 2004,
plus de 4 000 Turcs et 2 600 Marocains sont retournés dans leur
pays d'origine.
* * *
Commentaires :
Une majorité d’hommes étant aujourd’hui plus
enclins aux caquetages futiles qu’à l’action, des
femmes courageuses, comme la ministre néerlandaise Rita Verdonk,
sortent du lot et prennent avec force le relais !
* * *
Ceci nous amène indirectement à vous recommander (chaudement
!) la lecture du livre « Le premier sexe ».
Eric Zemmour y analyse avec énormément d’humour,
mais aussi avec de beaucoup réalisme, la « féminisation
» progressive des hommes. A ne pas manquer !
Peut-être y a-t-il là une explication aux faiblesses de
nos dirigeants et à beaucoup de nos maux ?