Saint-Martin aux Antilles: la mort d'un gendarme provoque émotion et polémique



Saint-Martin aux Antilles: la mort d'un gendarme provoque émotion et polémique
AFP 24.02.2006 - 19:26


La mort d'un gendarme français à Saint-Martin, aux Antilles, qui s'est accompagnée selon des témoignages d'injures racistes à son encontre, continue de provoquer émotion et polémique.

La ministre de la Défense, Michèle Alliot-Marie, a annoncé vendredi son intention de se rendre dans l'île, après le directeur général de la gendarmerie, le général Guy Parayre qui doit aller à Saint-Martin "début mars".

Le ministre de la Défense avait déjà demandé mardi au ministre de la Justice que "toute la lumière soit faite" sur les circonstances du drame, alors que gendarmes et responsables politiques manifestaient leur émotion.

Le gendarme Raphaël Clin, 31 ans, qui était affecté à la brigade territoriale de la partie française de Saint-Martin (île mi-française, mi-néerlandaise), est mort le 12 février lors d'un contrôle routier après avoir été heurté par un motard participant à une "course sauvage".

Les circonstances précises de ce décès, survenu dans cette île éloignée de 250 km au nord de celle de la Guadeloupe, restent à ce jour mal connues.

Selon le témoignage de l'épouse du gendarme, recueilli par des journalistes sur place, son décès s'est accompagné d'injures racistes de personnes présentes sur les lieux de l'accident et à l'hôpital.

"Aux urgences, ça criait dans tous les sens +on a tué un blanc+", a-t-elle déclaré à des journalistes en poste à Saint-Martin.

Selon Jean-Luc Hamlet, le premier adjoint du maire de la partie française de Saint-Martin, interrogé vendredi par l'AFP depuis Paris, des "propos indignes" ont bien été tenus le jour de l'accident, sur les lieux même et ensuite à l'hôpital.

Mais ces propos de "deux ou trois" personnes ne doivent pas être inteprétés comme du racisme, mais plutôt comme "dans l'esprit de ce qui peut se passer en dans les banlieues en France, dans les rapports entre les jeunes et les policiers", a-t-il déclaré.

Le maire de Saint-Martin, Albert Fleming (UMP) a menacé de son côté "de porter plainte" contre les articles de presse faisant état d'un climat raciste dans l'île.

L'affaire a tout cas provoqué une vive émotion dans la gendarmerie et dans le monde politique en métropole.

L'Adefdromil, une association de défense des droits des militaires, a écrit très vite, le 15 février, une lettre ouverte à Michèle Alliot-Marie pour dénoncer des "scènes de réjouissance collective" lors de la mort du gendarme. Puis le Comité d'entente des associations de gendarmerie, regroupant 80.000 gendarmes d'active et de réserve, et la revue l'Essor de la gendarmerie, l'organe mensuel de l'Union nationale du personnel en retraite de la gendarmerie (UNPRG), ont également exprimé leur indignation.

Plusieurs reponsables politiques se sont joint au mouvement, comme le député PS de la Guadeloupe Victorin Lurel qui a dénoncé "de scandaleuses attitudes de non-assistance à personne en danger".

Le FN et le MPF ont évoqué un cas de "racisme", et le député UMP Guy Tessier, président de la commission de la Défense de l'Assemblée nationale, a de son côté que les circonstances de la mort du gendarme Clin n'avaient "rien à envier à la mort tragique et tout aussi inhumaine" d'Ilan Halimi, le jeune juif enlevé et torturé à mort.

"La marmite bout à Saint-Martin", a déclaré à l'AFP un officier supérieur de la gendarmerie, s'exprimant sous couvert de l'anonymat.

"Les gendarmes ont énormément de travail" et la "criminalité est très importante", a-t-il poursuivi, en évoquant les trafics de drogue, l'immigration clandestine et une délinquance quotidienne. "Le Parquet ne peut plus suivre", selon lui.