Incendie d'un bus à Marseille: une femme entre la vie et la mort
Dimanche 29 octobre 2006



Le bus incendié le 28 octobre 2006 à Marseille dont l'une des passagères, grièvement brûlée, est entre la vie et la mortMichel Gangné(AFP)Une Marseillaise de 26 ans était entre la vie et la mort, grièvement brûlée dans l'incendie samedi soir d'un bus tombé dans un "guet-apens" dressé par des jeunes gens: elle est la première victime grave de violences perpétrées autour de l'anniversaire redouté de la première nuit d'émeutes en 2005.


Depuis une semaine, au moins sept autobus ont été incendiés dans des banlieues de grandes villes, dont six en région parisienne, par des groupes de personnes encagoulées et parfois armées.

Même si le pire à parfois été frôlé comme dans l'Essonne où un bus était plein au moment où le feu a pris, il n'y a pas eu de blessés graves.

Samedi soir, le bus de la Régie des transports de Marseille (RTM) semble avoir été pris dans un "vrai guet-apens", a estimé le procureur de la République de Marseille, Jacques Beaume. Relevant d'une procédure criminelle, l'enquête a été confiée à la brigade criminelle de la police judiciaire.

Les premiers témoignages de certains passagers et de la conductrice permettent à la police d'esquisser les grands traits de l'attaque. Le bus, assurant la liaison entre le centre-ville et les quartiers nord réputés difficiles, aurait été agressé une première fois dans son trajet aller, des jeunes gens tentant en vain de monter à bord.

Ils auraient attendu au même arrêt, situé à la frontière des quartiers nord et à proximité d'une cité, que le même véhicule repasse dans le sens inverse pour cette fois l'obliger à s'arrêter "par un mécanisme qu'il faut vérifier", selon le magistrat.

Il est alors 21H15, et ces "adolescents" au visage dissimulé dans leur capuche forcent les portes du bus où sont assis une dizaine ou une douzaine de personnes, répandent de l'essence et y mettent le feu avant de prendre la fuite, selon une source policière.

Outre trois personnes indisposées par les fumées, une jeune femme, grièvement atteinte, est conduite en urgence dans un service spécialisé: "Ses jours sont en danger, elle est brûlée à près de 60% de la surface du corps", a précisé à l'AFP la direction de la communication de l'Assistance publique-Hôpitaux de Marseille (AP-HM).

"Son état est gravissime", a renchéri le procureur Jacques Beaume un peu plus tard dans la nuit.

Le magistrat a appelé les passagers vite rentrés chez eux -- la plupart -- à se faire connaître. "On a besoin de leurs témoignage", a-t-il insisté.

La carcasse du bus a été remorquée après minuit et ne restaient plus sur les lieux que des débris de vitres à terre et un car de CRS.

Le service bus de nuit a été interrompu.

Marseille, deuxième ville de France, avait été largement épargnée par les troubles de l'automne passé. Aucun incident particulier n'avait été signalé dans la nuit de vendredi à samedi, date anniversaire du début des émeutes urbaines.

"C'est bien la preuve que les quartiers nord de Marseille réputés +à l'abri+ sont tout aussi capables que la banlieue parisienne de générer des incidents très graves", a déclaré à l'AFP Bernard Coumes, secrétaire départemental du syndicat de police Alliance.

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