Immigration subsaharienne :
L'Union Européenne impuissante à aider l'Espagne



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Madrid dépassé par le flot d'immigrés

Diane Cambon
[ Le Figaro 06 octobre 2005]

ESPAGNE. Les assauts successifs d'immigrés subsahariens à la frontière de Melilla et Ceuta, les deux enclaves espagnoles au nord du Maroc, plongent le gouvernement espagnol dans une crise sans précédent. Alors qu'hier matin, 500 immigrants ont essayé de franchir le grillage frontalier entre le Maroc et Melilla, – 65 ont réussi à passer –, l'exécutif socialiste a entrepris une course contre la montre pour sceller les deux provinces autonomes, seul territoire de l'UE à partager une frontière avec l'Afrique. Deux nouvelles unités de gardes civils anti-émeutes ont été envoyées en renfort. Depuis deux jours, un hélicoptère équipé de caméras infrarouge survole le périmètre frontalier. Enfin, Madrid a annoncé la construction à Melilla d'un troisième grillage ultrasophistiqué, qui devrait être à la fois «infranchissable» et «inoffensif» selon les desiderata du gouvernement. L'Espagne a appelé au secours l'Union européenne. Une «mission technique», mandatée par le commissaire européen à la Sécurité, Franco Frattini, devrait débarquer dans les jours qui viennent. La gestion de la crise par le gouvernement suscite moult critiques au sein de la classe politique espagnole. Pour l'opposition de droite, le gouvernement de José Luis Zapatero cherche à résoudre le problème avec des solutions provisoires, alors que la crise doit être résolue en établissant «un dialogue ferme» avec les autorités marocaines, taxées de laxisme dans le contrôle frontalier. De plus en plus de voix s'élèvent pour demander au gouvernement un changement législatif. Les autorités locales de Melilla et Ceuta exigent le droit de pouvoir rapatrier sur le champ les immigrés africains au Maroc, sans avoir à passer par des démarches administratives. A l'heure actuelle, les immigrés sont pris en charge à leur arrivée et reçoivent par la suite un avis d'expulsion, lequel reste souvent lettre morte. En outre, les conservateurs dénoncent la régularisation par le gouvernement socialiste de 700 000 clandestins, au printemps dernier, qui, selon eux, a déclenché un appel d'air aux frontières.