Le malaise grandit au Parti socialiste



LE MONDE | 11.03.06 | 12h52 • Mis à jour le 11.03.06 | 12h52

Les socialistes font le dos rond. Regardent ailleurs. La MNEF, assurent-ils en choeur, "c'est une vieille histoire". "On ne s'en occupe pas du tout et ça ne nous préoccupe pas", affirme le premier secrétaire du PS, François Hollande. "Je ne suis pas cette affaire, je n'y connais rien", ajoute-t-il. "Personne ne m'en parle", souligne de son côté Jean-Christophe Cambadélis, député de Paris, seul élu socialiste poursuivi dans l'affaire des emplois fictifs de la mutuelle étudiante. "Ce sont des histoires qui remontent à longtemps. Moi, je croyais que tout était réglé", déclare un adjoint de Bertrand Delanoë à la Mairie de Paris. "Au PS, on n'est pas concerné en tant que tel, point", élude Julien Dray, député de l'Essonne et porte-parole du parti. A les entendre, les dirigeants du PS seraient quasi indifférents pour les uns, ou prêteraient à peine une oreille distraite pour les autres. Oui, ils ont "vaguement" entendu prononcer le nom de Lionel Jospin à plusieurs reprises, mais ils n'en pensent "rien".


Tant de précautions finissent par éveiller le doute. D'autant qu'au fil des déclarations devant le tribunal de l'ancien directeur général de la MNEF, Olivier Spithakis, sur M. Jospin et son entourage, il devenait de plus en plus difficile aux socialistes de rester sourds. Vendredi 10 mars, les proches de l'ancien premier ministre ont commencé à donner des signes de nervosité. Le soupçon a filtré. On va même jusqu'à accuser tel candidat à l'investiture du PS de manoeuvrer pour empêcher tout retour de Lionel Jospin. "Les jospiniens paniquent parce qu'ils n'avaient pas anticipé que l'attaque de Spithakis serait à ce point nominative", dit un partisan de l'ancien premier ministre. Le règlement de comptes des acteurs de la MNEF, autrefois proches du PS ou qui le sont toujours, tombe, il est vrai, au plus mauvais moment, alors que la compétition, pour l'investiture du parti à l'élection présidentielle de 2007 s'intensifie. Et le plus en pointe dans ce domaine, après Ségolène Royal, est justement Lionel Jospin. D'où un malaise grandissant au PS, mais toujours une seule ligne de conduite. Julien Dray s'y cramponne. "C'est une affaire ancienne", répète-t-il.

Isabelle Mandraud
Article paru dans l'édition du 12.03.06