LA BOURDE DE RAMA YADE*
*Secrétaire d'Etat aux Affaires étrangères et aux droits de l'homme

vendredi 07 septembre 2007


La bourde de Rama Yade


Jean Ayissi AFP ¦ La secrétaire d'Etat aux Affaires étrangères
et aux Droits de l'Homme, Rama Yade, le 22 juin 2007 à Paris


La benjamine du gouvernement, Rama Yade, a été convoquée dans le bureau de son directeur, le Premier ministre jeudi. La jeune secrétaire d'Etat aux Droits de l'Homme a dû s’expliquer sur son déplacement improvisé à Aubervilliers, où un campement de familles africaines venait d’être évacué par la police quelques heures plus tôt. «A l’avenir, ce type de démarche devrait faire l'objet d'une concertation avec ses collègues» du gouvernement, lui a-t-on rappelé à Matignon.

Il était 11heures lorsque, parmi les campeurs délogés, encore sous le choc, un bruit se répand. «C’est la ministre!». Accompagnée d’un garde du corps, Rama Yade venait d’apprendre la nouvelle de cette opération policière à la radio, dans sa voiture de fonction. Elle a décidé, spontanément, d’aller se rendre compte par elle-même de la situation.

«la honte pour ton gouvernement»

Immédiatement alpaguée par les représentants du collectif de squatteurs, elle se dit « choquée » par ce qui arrive à ces familles. Puis, s’« étonne que des choses pareilles se produisent dans une mairie communiste ». C’est alors que le ton monte. «Ma
sœur, c’est la honte pour ton gouvernement, c’est lui qui nous expulse, le sous-préfet était là ce matin !», lancent des expulsés à la jeune femme d’origine africaine elle aussi.

Avant de clore sa brève visite, Rama Yade a griffonné sur un papier quelques numéros de téléphone. « Je pense qu’il faut un médiateur, je vais essayer d’arranger les choses », a-t-elle lancé. Au départ de sa voiture, certains applaudissent, mais la majorité se met à la huer.

Puis, apprenant ce qu’elle venait de déclarer, la mairie d'Aubervilliers est sorti de ses gonds. La municipalité communiste s'est indignée du «soutien affirmé apporté à des squatteurs» et n’a pas apprécié de «constater qu'une ministre conteste ainsi une décision de justice prise par un juge indépendant.

En effet, c’est la ville qui, à l’approche de la rentrée, avait saisi le tribunal pour obtenir l’évacuation de ce camp installé devant un groupe scolaire de 1000 élèves. Le tribunal de Bobigny avait autorisé, lundi, le recours à la force publique. Les squatteurs avait installé en juillet ce campement pour protester contre l’expulsion de cinq familles de logement sociaux occupés sans titre à Aubervilliers et la menace d’expulsion de 25 autres familles.

80 tentes et 150 occupants

Hier matin, on recensait 80 tentes et 150 occupants, en majorité des familles ivoiriennes, mais aussi maliennes et gambiennes. Iles espéraient, avec ce campement,
obtenir un relogement.

Hier soir, ils avaient repris place au même endroit, sous une grande bâche étendue entre des arbres. Et à 20h30, la police revenait à la charge pour les déloger de nouveau.
Jean Ayissi AFP ¦ La secrétaire d'Etat aux Affaires étrangères et aux Droits de l'Homme, Rama Yade, le 22 juin 2007 à Paris


20Minutes.fr, éditions du 06/09/2007 - 21h30


http://www.liberation.fr/actualite/politiques/276721.FR.php

Politiques
La provocante visite de Rama Yade aux squatteurs d'Aubervilliers

La secrétaire d'Etat aux Affaires étrangères et aux droits de l'Homme Rama Yade. (AFP)
Par Alain Auffray
LIBERATION.FR : jeudi 6 septembre 2007

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Ebloui par la popularité de son gouvernent d’ouverture, le pouvoir sarkozyste ne recule devant rien. Ni devant la provocation, ni devant la contradiction.

Hier, à Aubervilliers, la visite improvisée de la secrétaire d’Etat aux Droits de l’Homme Rama Yade a été dénoncée par la mairie communiste comme un «soutien affirmé aux squatters». L’association Droit au Logement (DAL) parle, d’une «tournée démagogique et politicienne, pour tenter d’amadouer les expulsés».

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Cette visite est d’autant plus surprenante que la jeune secrétaire d’Etat n’a compétence ni sur le logement ni sur la précarité. Elle tentait hier de banaliser sa première initiative politique depuis son entrée au gouvernement: «J’ai été sollicitée à plusieurs reprises par des associations qui interviennent auprès des squatters d’Aubervilliers. Je ne pouvais rester sourde à ces sollicitations».

«Choquée» par le spectacle de ces expulsions — «Ce n’est pas bien que des enfants assistent à des scènes pareilles» —, elle assure qu’elle n’est venue que pour «comprendre» et «observer».

Pour la mairie d’Aubervilliers, cette visite à des squatters condamnés est une remise en cause d’une «décision de justice prise par un juge indépendant».

Rama Yade ajoute cette précision acrobatique: «Je suis ne suis pas venue en tant que ministre, plutôt en tant que secrétaire nationale de l’UMP».


Bien qu’elle se défende de toute arrière pensée «politicienne», elle démontre le contraire en tirant à boulet rouge sur la gauche en général et les communistes en particulier, «très mal placés pour nous faire la morale et nous donner des leçons sur le logement».


Quelques heures plus tôt, Rama Yade était à Asnières, autre ville confrontée à un problème d’expulsion. Selon elle, le maire UMP Manuel Aeschlimann aurait, lui, «admirablement» géré le dossier.

Un rapide survol du dossier suffit pourtant à démontrer que les situations des sans-logis d’Asnières et d’Aubervilliers ne sont pas vraiment comparables. Et à Asnières, les expulsés sont restés trois semaines à la rue avant que la mairie s’occupe de leurs cas.