Alain
Finkielkraut était récemment en Israël pour tenir
une conférence à l’université de Tel-Aviv
et présenter la traduction en hébreu de son livre L’Avenir
d’une négation (1982). Dans son édition du mercredi
28 mars, le quotidien Haaretz rapporte des propos qu’il a tenus,
en petit comité, à des hommes politiques locaux et des
intellectuels, réunis par l’Institut de planification
d’une politique pour le peuple juif (JPPPI).
“Les
juifs de France n’ont d’avenir que si la France reste
une nation ; il n’y a pas d’avenir possible pour les juifs
dans une société multiculturelle, parce que le pouvoir
des groupes antijuifs risque d’être plus important”,
a-t-il confié, selon le quotidien israélien.
“En
France, c’est la bourgeoisie contre les immigrés, et
quiconque dit quoi que ce soit contre les immigrés est considéré
comme raciste”, a-t-il encore dit. “Le christianisme peut
constamment être attaqué, mais il est interdit de dire
quoi que ce soit de négatif au sujet de l’islam, parce
que c’est la religion des opprimés et que si vous la
critiquez, c’est que vous êtes raciste.”
Selon
Haaretz, Alain Finkielkraut n’a pas souhaité dévoiler
pour qui il entendait voter à l’élection présidentielle.
Le succès de M. Sarkozy, a-t-il souligné, tient au fait
qu’”il n’a pas le sens du politiquement correct”,
que le philosophe définit comme “le refus d’accepter
les faits”. Le problème, c’est qu’”il
est décrit par la gauche, et maintenant par le centre, comme
un fasciste. Il sera peut-être élu, mais peut-être
battu à cause de son image de fasciste”, a-t-il affirmé.
En novembre
2005, une longue interview d’Alain Finkielkraut, elle aussi
publiée dans le quotidien israélien de centre gauche,
avait soulevé la polémique en raison de propos qualifiés,
à l’époque, de “racistes” : “On
nous dit que l’équipe de France [de football] est black-blanc-beur…
En fait, aujourd’hui, elle est black-black-black, ce qui fait
ricaner toute l’Europe”, avait-il alors déclaré.
Mais
c’est son analyse des émeutes dans les banlieues qui
avait cristallisé l’opinion : “On voudrait [les]
réduire à leur dimension sociale, y voir une révolte
des jeunes contre la discrimination et le chômage. Le problème
est que la plupart sont noirs ou arabes, avec une identité
musulmane… Il est clair que nous avons affaire à une
révolte à caractère ethnico-religieux”.
Il reprochait
alors aux “bobos” leur indulgence et leur angélisme
face à ces “nouveaux damnés de la terre”
: “Il y a des déclarations de haine très violentes
contre la France. Toute cette haine et cette violence se font à
présent jour dans les émeutes. Les considérer
comme une réponse au racisme français est être
aveugle à une haine plus vaste : la haine de l’Occident,
Occident considéré comme responsable de tous les crimes.”
“Imaginez
que ce soit des Blancs comme à Rostock en Allemagne, poursuivait
le philosophe. Aussitôt, chacun aurait dit : le fascisme ne
sera pas toléré. Quand un Arabe incendie une école,
c’est de la rébellion. Quand c’est un Blanc, c’est
du fascisme. Je suis indifférent à la couleur. Le mal
est le mal, peu importe sa couleur. Et ce mal, pour le juif que je
suis, est totalement intolérable.”
Après
le tollé provoqué par ses propos, le philosophe avait
présenté ses excuses se disant “victime d”un
immense malentendu”, soulignant que ces déclarations
étaient “un assemblage où [il] ne se reconna[issait]
pas”.
Source
: Le Monde
http://fr.altermedia.info/general/les-juifs-de-france-nont-pas-davenir-dans-une-societe-multiculturelle-selon-alain-finkielkraut_10778.html