La
France avec Chirac et compagnie, premier pays musulman d'Europe ?
L'islamisation de certaines banlieues est à l'oeuvre
L'Islam
défie la vieille Europe
Le bloc-notes d'Ivan Rioufol – Le Figaro [10 février 2006]
C'est le
monde musulman qui se caricature : à Londres, des nazislamistes
ont manifesté en brandissant des pancartes «Europe, ton
11 Septembre va venir», «Massacrez ceux qui insultent l'Islam»
*. A Bruxelles, ils défilaient le Coran à la main, tandis
qu'à Paris, d'autres criaient «Dieu est grand !»
Au Proche-Orient, des ambassades européennes ont été
incendiées. Des Irakiens réclament une fatwa pour tuer
les caricaturistes danois de Mahomet. Qui entend les indignations des
«modérés» ?
L'Islam
européen, légitimement heurté par l'irrespect porté
au prophète, a majoritairement évité de descendre
dans les rues. Cependant, il n'a pas tenté de se désolidariser
des propos anti-occidentaux ou des appels au djihad. Il n'a pas jugé
utile de dénoncer la manipulation des foules, réagissant
à des publications datant de septembre. Reprenant à son
compte le registre victimaire de «l'humiliation», il n'a
pas contribué à calmer les esprits.
Les quelques
voix appelant à la raison sont surtout venues de médias
moyen-orientaux. C'est un journaliste jordanien, Jihad Momani, de l'hebdomadaire
Shihane, qui a été le plus courageux en publiant les caricatures
controversées avec ce commentaire : «Qu'est-ce qui porte
plus préjudice à l'Islam, ces caricatures ou bien les
images d'un preneur d'otages qui égorge sa victime devant les
caméras (...) ?» Le confrère est, depuis, en prison.
Le choc
entre les cultures crève les yeux. Y compris en Europe, où
la communauté issue de l'immigration explique vouloir conserver
ses lois divines : elles interdisent la reproduction de Mahomet, mais
aussi la critique du Coran, en dépit de sourates appelant à
tuer juifs et croisés. Au contact des démocraties depuis
plus de trente ans, l'Islam a peu modifié ses modes de pensée
et de comportement. En exigeant l'immunité médiatique,
les musulmans s'estiment hors du droit commun.
Les «modérés»
se montrent solidaires de leurs «frères» et «soeurs»
pour réclamer, de tous, le respect de leur religion. Or, cette
alliance est une première victoire pour les islamistes, qui ont
entrepris de tester la détermination de l'Occident à défendre
la laïcité et la liberté d'expression. Leur deuxième
victoire viendrait de la contrition des démocraties. Le défi
est donc clair : ou la vieille Europe résiste, ou elle s'excuse
encore. L'esprit munichois qui l'habite fait craindre le pire.
Inavouable
peur
C'est un
délit de blasphème que les musulmans veulent voir sanctionner
par les démocraties laïques. Ils ont déjà
reçu les encouragements complaisants des États-Unis et
de la Grande-Bretagne, qui ont jugé «inacceptables»
la publication des dessins. En France, les bons esprits qui ont obtenu
que les critiques contre les homosexuels soient punissables, ont ouvert
la voie à une semblable législation contre l'«islamophobie».
Des associations musulmanes lancent des pétitions dans ce but.
L'idéologie
antiraciste, qui inspire le discours dominant sur le «vivre ensemble»,
vient en renfort. Elle prétend que ceux qui tiennent tête
aux extrémistes sont extrémistes eux-mêmes. Elle
assure que les caricatures représentant Mahomet en terroriste
sont du même ordre que les caricatures antisémites de jadis.
Une contre-vérité : la critique contre une religion ou
un système de pensée – le catholicisme en fait régulièrement
les frais – ne peut être assimilée à la dénonciation
raciste.
L'inavouable
: ces intimidations font peur. Le Figaro a rapporté, samedi,
qu'un musée danois avait refusé de présenter un
tableau qui déplaisait à des musulmans et que les traducteurs
du livre de la parlementaire néerlandaise antifondamentaliste
Ayaan Hirsi Ali avaient réclamé l'anonymat. L'égorgement
du cinéaste Theo Van Gogh a été compris comme un
avertissement. L'assassinat aux cris d'«Allaho Akbar !»
d'un prêtre catholique, Andrea Santoro, lundi en Turquie, s'ajoute
à ces terreurs qui ont aussi frappé Madrid et Londres.
Quand Jacques
Chirac condamne les «provocations manifestes», mercredi,
en écho à la publication par Charlie-Hebdo d'autres caricatures,
le président satisfait notamment Tariq Ramadan qui réclame
«un peu plus de respect», en attendant «une conjoncture
plus favorable» (Libération, 8 février). Mais d'autres
musulmans sont à écouter. Ce professeur de Tunis par exemple,
Hamadi Redissi, s'adressant aux Occidentaux : «Vous ne devriez
pas renoncer à la libre critique. Si vous cédez, c'en
sera fini.»
Limiter
la charia
Le respect
sans cesse réclamé par l'Islam (le mot signifie soumis)
a déjà conduit, en France, des municipalités à
proposer des piscines non mixtes. Des écoles se sont pliées
à des obligations sur les interdits alimentaires, l'absentéisme
pour raison religieuse, le contenu des programmes, etc. (phénomènes
décrits en juillet 2004 par le rapport Obin). L'islamisation
de certaines banlieues est à l'oeuvre, dans le premier pays musulman
d'Europe.
Or, si
les critiques contre l'American way of life inspirent les commentateurs,
les réserves contre la charia restent bien discrètes.
Aussi est-il heureux que le projet de loi sur l'immigration, présenté
hier par le gouvernement, semble vouloir se préoccuper du sujet.
Outre une restriction du regroupement familial, le texte entend soumettre
les arrivants à des engagements à respecter les valeurs
de la République, qui protègent notamment le droit des
femmes et les libertés individuelles. La moindre des choses...
Justice
ordinaire
L'audition
du juge Burgaud, mercredi, sur l'affaire d'Outreau : les téléspectateurs
ont vu un jeune homme pâle, timide, obscur, habité naguère
par une volonté de puissance souffrant mal la contradiction.
Image effarante d'une justice ordinaire.
irioufol@lefigaro.fr