Direction Centrale des R.G.:
l ' Islam radical investit dans la mode ado



L'islam radical investit dans la mode ado
(LE FIGARO)


COMMUNAUTARISME Selon le dernier rapport de la Direction centrale des renseignements généraux consacré à l'activité de ses pôles régionaux
L'islam radical investit dans la mode ado
Salles de prière clandestines à la Réunion, pensionnat coranique en Alsace, pizzerias militantes en Normandie et surtout commerce de vêtements branchés... le dernier rapport des pôles de lutte contre l'islamisme radical donne une radiographie des activités des fous d'Allah dans les régions françaises. Ces pôles, créés en janvier et coordonnés par les renseignements généraux, ne visent pas à lutter contre le terrorisme mais à «déstabiliser» la mouvance islamiste sans diaboliser l'ensemble de la communauté musulmane ou empiéter sur les enquêtes de la DST. La matière ne manque pas. En Aquitaine, un individu, tenant de la «mouvance salafiste djihadiste», a constitué un cercle extrémiste avant d'être expulsé en juillet vers l'Algérie. En Alsace, un groupe fondamentaliste gère un pensionnat où il souhaitait accueillir de nouveaux élèves. Quelque 1 000 personnes et 500 lieux de prière et commerces ont été contrôlés depuis le 1er janvier, et plus de 350 procédures administratives et judiciaires engagées.

Jean Chichizola
[07 septembre 2005]

Entre casquettes de base-ball et survêtements aux couleurs chatoyantes, rien ne distingue ce magasin de centaines d'autres dans les banlieues. Ici, à quelques mètres d'une cité chaude et décatie des environs de Paris, commence le royaume du «streetwear», le must de la mode ado. Au beau milieu des fripes, un détail attire l'oeil : une boîte en carton invite le client à verser son obole au soutien des musulmans opprimés en Palestine ou ailleurs dans le monde, sans que l'on comprenne ce qui peut bien unir la fringue tendance rap à la cause islamique.


Le dernier rapport de la Direction centrale des renseignements généraux consacré à l'activité des pôles régionaux de lutte contre l'islamisme radical éclaire le lien entre l'une et l'autre. Menées par l'ensemble des services régionaux et départementaux de l'Etat (police, affaires sanitaires et sociales, fisc...), leurs inspections et contrôles ont notamment visé des commerces tenus ou gérés par des islamistes. Et elles ont permis d'établir que ces derniers ont jeté leur dévolu sur «les commerces d'habillement et plus particulièrement ceux spécialisés dans le sportswear». Des magasins dont le nombre irait «croissant au sein des mouvances radicales ou fondamentalistes», une tendance qui devrait encore «se développer dans les mois et années à venir». Pour les commerçants islamistes, l'avantage est évident : le vêtement pour jeunes rapporte. La clientèle est sensible à la mode «communautaire». Ce type de commerce est également plus discret que la restauration, les boucheries hallal ou les libraires islamiques. Les actions contre des magasins de vêtements proches de la mouvance islamiste sont plus difficiles à mener que contre un libraire qui vendrait des pamphlets antisémites ou contre un boucher qui ne respecterait pas les normes sanitaires.


Entre le 1er mai et le 31 juillet 2005, plusieurs opérations ont pourtant été engagées. En région Midi-Pyrénées, une boutique tenue par un militant salafiste très proche d'un islamiste algérien expulsé vers l'Algérie en octobre 2003 a été contrôlée. Situé en plein centre-ville de Toulouse, le magasin n'a, là encore, rien de particulier : dans un ambiance de musique techno, on y trouve des vêtements mode et bon marché. Selon les policiers, le lieu est géré par l'intéressé et «d'autres membres du groupe salafiste implanté localement» sans qu'aucun d'entre eux soit impliqué dans une enquête antiterroriste. L'établissement est spécialisé dans la vente de marques de sportswear qualifiées de «communautaristes» et créées en banlieue parisienne. A l'initiative du pôle de lutte contre l'islamisme radical, le commerçant a écopé d'une procédure engagée par l'Urssaf pour défaut d'immatriculation au registre du commerce et des sociétés. Il avait usurpé l'enseigne d'un autre militant salafiste.


Autre exemple repéré par les renseignements généraux : une boutique de vêtements du même type en Picardie, gérée par un membre connu du Tabligh (mouvement fondamentaliste non-politique d'origine indienne implanté en France depuis les années 70). Le magasin était, là encore, installé en centre-ville, à Amiens. Plusieurs infractions ont été constatées lors de l'inspection des locaux. Les occupants ont vidé les lieux il y a plusieurs semaines, sans que l'on sache si c'était à la suite de déboires commerciaux ou pour échapper à l'administration.


La Direction centrale des renseignements généraux s'est particulièrement intéressée à deux marques de sportswear connues et à leurs dirigeants. Outre leurs liens commerciaux avec les établissements de Toulouse et d'Amiens tenus par des salafistes, les gérants seraient en contact avec la mouvance islamiste. Selon le rapport des pôles régionaux, ces marques seraient «étroitement liées à la mouvance salafiste par le biais de leurs propriétaires». Créées au début de la décennie et présentes dans des dizaines de magasins à travers la France, ces enseignes ont le vent en poupe. Leurs chiffres d'affaires dépassent aujourd'hui le million d'euros, réalisés par la vente directe ou par Internet.
http://www.lefigaro.fr/france/20050907.FIG0131.html?1555