LE FIGARO Jean-Baptiste Garat
04/02/2008 | Mise à jour : 22:06 | .
La perte d'un siège de député
et les mauvais sondages plongent la majorité dans l'incertitude
à l'approche des municipales.
Les voyants virent au rouge. Confrontés aux interpellations
de leurs électeurs sur les marchés ou interrogés
par la presse dans les couloirs de l'Assemblée, les
élus de la majorité ne dissimulent plus leurs
doutes, à cinq semaines des municipales. A la tête
du conseil national de l'UMP, Jean-Pierre Raffarin s'est fait
hier le porte-voix de leurs craintes, au lendemain de deux
législatives partielles difficiles pour la majorité.
«Le
rapport Attali vient de faire sa première victime,
Jean-Pierre Gorges, le maire de Chartres», dénonçait
l'ancien premier ministre sur Canal +. Dans sa démonstration,
Jean-Pierre Raffarin s'appuie sur la structure du vote dans
la première circonscription d'Eure-et-Loir : les Chartrains
se sont davantage mobilisés pour leur maire que les
autres communes pour leur député. CQFD. Le parallèle
entre les propositions de la commission pour la libération
de la croissance française et l'annonce d'une possible
TVA sociale entre les deux tours des législatives 2007,
est évident aux yeux de Raffarin : à l'époque,
«nous avions perdu 50 députés».
Plus
rassurante, la porte-parole de l'UMP, Nadine Morano, donnait
hier une tout autre interprétation des scrutins de
la veille. Dans les Hauts-de-Seine, où le parti majoritaire
conserve son siège malgré la progression de
la gauche, Jean-Pierre Schosteck a remporté un succès
grâce à sa «campagne nationale»,
qui « s'inscrit dans un fort soutien de cohésion
de la politique menée» par le gouvernement. A
Chartres, le député Jean-Pierre Gorges, qui
a été battu de plus de dix points par son adversaire
socialiste Françoise Vallet, est victime «d'une
campagne locale», explique Morano. Façon, peut-être,
de rôder son argumentaire pour le soir des municipales
qui menacent d'être sombres.
Ce
n'est pas la première fois que Jean-Pierre Raffarin
se désolidarise de la ligne officielle de l'UMP et
émet des réserves sur la stratégie municipale.
«Au plan local, la politisation sert plutôt l'opposition»,
avait-il mis en garde, début janvier, sans trouver
beaucoup d'échos dans sa formation (nos éditions
du 16 janvier 2008). Le président de la République
avait indiqué à l'époque, son désir
de s'impliquer dans la campagne. Depuis, l'exécutif
est entré en une zone de turbulences.
«À
travailler trop vite…»
Une
vague de sondages concordants est venue doucher les tenants
de la nationalisation des municipales. Le dernier en date
donne Nicolas Sarkozy en recul de 13 points. «Il existe
peu d'exemples de défections aussi massives, si ce
n'est le cas de Jacques Chirac en 1995», explique l'institut
LH2.
A
l'Élysée, le message semble être passé.
Claude Guéant concédait dimanche soir sur Europe
1 : «les Français ont été un peu
déçus». Pour le secrétaire général
de l'Élysée, ils sont impatients de voir la
France réformée et les problèmes privés
du président ont «donné l'impression qu'il
leur enlevait un peu du temps qu'il doit leur consacrer».
Un peu plus de temps, c'est pourtant ce que demandait hier
le président de l'Assemblée nationale : «A
travailler trop vite, on prend le risque de travailler mal»,
mettait en garde Bernard Accoyer, au risque de jeter un peu
plus le trouble dans la majorité.
Plusieurs
candidats aux municipales préfèrent dès
lors inscrire leur campagne dans l'action locale plutôt
que dans le sillage de l'action gouvernementale. Les sites
Internet de Françoise de Panafieu, à Paris,
Dominique Perben, à Lyon, Jean-Claude Gaudin, à
Marseille et Alain Juppé, à Bordeaux ne portent
pas les couleurs de l'UMP. Signe que dans ces grandes villes,
tout du moins, il n'est pas forcément porteur d'être
associé à l'action du gouvernement.