L'imam Dhaou Meskine et seize proches interpellés dans le cadre
d'une enquête sur le financement du terrorisme islamiste
par Catherine COROLLER et Patricia TOURANCHEAU
LIBERATION : mercredi 21 juin 2006
La garde
à vue de Dhaou Meskine, secrétaire général
du Conseil des imams de France, et de seize de ses proches, interpellés
lundi et mardi dans le cadre d'une enquête sur le financement
du terrorisme islamiste, devait être prolongée hier soir
de quarante-huit heures. Personnalité marquante de l'islam
de France, Dhaou Meskine a fondé en 2001 à Aubervilliers
(Seine-Saint-Denis) le premier collège privé musulman
du pays, «l'Ecole de la réussite». Son fils, Malek,
23 ans, aussi interpellé, dirige la SCI Brise normande, société
propriétaire d'un manoir en Haute-Normandie, où sont
organisées des colonies de vacances pour les élèves
du collège. Dans le cadre d'une enquête sur un réseau
de travail illégal, la gendarmerie avait été
amenée à surveiller la maison. Des hommes y auraient
été vus en train de s'entraîner.
D'où
cette suspicion : l'argent de ce travail illégal ne sert-il
pas la «cause» islamiste via le Groupe salafiste pour
la prédication et le combat (GSPC) algérien, créé
en 1998 par des dissidents du Groupe islamique armé (GIA) et
affilié à Al-Qaeda ? La suite de l'enquête est
confiée à deux services de la police judiciaire : la
sous-direction de l'antiterrorisme et l'Office central de répression
de la grande délinquance financière.
Ces derniers
ont découvert que des centaines de milliers d'euros auraient
transité sur les comptes des associations et des sociétés
que dirigent Dhaou Meskine et son fils, et que des virements auraient
été effectués vers des ONG et parfois détournés
de leur but. «Mais nous aurons du mal à déterminer
s'il s'agit de financement du terrorisme», reconnaissait hier
un enquêteur.
D'origine
tunisienne, ancien membre du mouvement islamiste tunisien Ennadha,
Dhaou Meskine a participé à la création de l'Union
des organisations islamiques de France (UOIF) puis à celle
de l'UAM 93, l'Union des associations musulmanes de Seine-Saint-Denis,
dont deux membres auraient aussi été arrêtés
dans le même cadre. M'hammed Henniche, président de l'UAM
93, a une toute autre interprétation de l'interpellation de
Dhaou Meskine : «La volonté de séduire l'électorat
d'extrême droite : "On expulse les sans-papiers et on met
les extrémistes au pas."» Il trouve aussi que «tout
cela ne tombe pas par hasard» : l'Ecole de la réussite
avait fait sa demande pour passer un contrat d'association avec l'Etat,
afin de percevoir des subventions. La réponse du rectorat devait
arriver dans les prochaines semaines.