L'enseignante
poignardée en plein cours en décembre à Etampes
dénonce "l'omerta" de sa hiérarchie,
L'enseignante
poignardée en plein cours en décembre à Etampes
dénonce "l'omerta" de sa hiérarchie, mercredi
dans plusieurs quotidiens. Elle affirme avoir contacté à
plusieurs reprises ses supérieurs pour expliquer ses difficultés
avec ses élèves. En vain.
Créé le 11 janvier 2006
Mis à jour le 11 janvier 2006 à 10h00
"Dès le 16 septembre, j'ai connu la plus grosse angoisse
de ma vie d'enseignante, dans une classe très oppressante",
se rappelle Karen Montet-Toutain, l'enseignante de 27 ans poignardée
en plein cours en décembre au lycée Louis-Blériot
d'Etampes. Dans un entretien avec plusieurs journalistes dont ceux de
Libération et du Parisien, la jeune femme décrit comment,
à partir de ce moment, le climat n'a cessé de se dégrader
jusqu'au jour du drame, le 16 décembre.
Elle assure
pourtant avoir informé à plusieurs reprises sa hiérarchie.
En septembre, la proviseure lui conseille de mener un projet, de "relooker
une salle" avec ses classes difficiles. "Après la journée
du 16 septembre, j'ai eu peur pendant un mois et demi", témoigne
l'enseignante. Elle reprend le dessus quelques jours mais : "A
la rentrée de la Toussaint, un élève (...) m'a
lancé: 'J'ai envie de vous, tout de suite, sur la table'. Un
autre: 'T'inquiète, je te la prête après"',
raconte la prof qui assure que son rapport adressé à la
conseillère principale d'éducation n'a débouché
à sa connaissance sur aucune sanction.
"C'est
l'omerta"
Le 5 décembre,
une étape est franchie. Karen Montet-Toutain assure avoir reçu
des menaces de mort. "T'inquiète ! On trouvera ton adresse
et on te mettra une balle dans la tête". "Très
ébranlée", elle a rédigé un nouveau
rapport à la conseillère d'éducation. "Ce
soir là, la proviseure ne m'a pas reçue", assure-t-elle.
Ces comportements sont souvent évoqués entre profs. "Ca
devenait banal, quotidien (...) Certains se mettaient en arrêt
de travail". Déçue par la réaction de sa hiérarchie
directe, elle "écrit un email à (s)on inspectrice,
persuadée que (s)es rapports ne lui étaient pas transmis."
"Rien, c'est l'omerta", regrette-t-elle.
Karen Montet-Toutain
explique enfin comment, à la veille de son agression, elle a
pu rencontrer la mère de son agresseur, exclu du lycée
une semaine. "Elle ignorait tout de son exclusion de huit jours.
Elle bouillonnait et l'a vraisemblablement sermonné ce soir là",
avance-t-elle. Le jour de l'agression, Kevani Wansale a "un regard
de tueur" et provoque une altercation. "Il s'est levé
et s'est approché. Je me suis avancé, car c'était
un devoir de montrer mon autorité. Il m'a poignardé."
"Je n'en veux pas à mon agresseur qui montrait des signes
d'inadaptation à notre établissement. J'en veux à
l'institution", assure l'enseignante qui devrait être reçue
par le ministre de l'Education prochainement. Son avocat, Me Koffi Senah,
adressera dans les prochains jours au procureur d'Evry une plainte contre
X.
(Image
LCi : la Une de Libé)