14/11/05
- Emeutes ethniques et "bavures" policières.... Vous
avez dit bavure !!
[ FIGARO
14 novembre 2005]
UN HOMME
à terre frappé par deux policiers, le tout filmé
et diffusé par une chaîne de télévision.
La bavure de La Courneuve est connue du pays tout entier et elle a été
condamnée par tous, y compris par les syndicats de policiers.
L'image disparue, reste pourtant une question essentielle : que s'est-il
exactement passé le lundi soir 7 novembre à La Courneuve
?
Tout commence à 21 h 55 quand Fouad A. sort libre du commissariat
de La Courneuve. Il a été interpellé quelques heures
plus tôt avec un de ses amis. Au total, dix individus auraient
jeté des pierres sur les forces de l'ordre et incendié
des voitures. Deux d'entre eux sont déférés et
écopent de peines de travaux d'intérêt général.
Les huit autres sont relâchés.
Fouad, 19 ans, n'est pas vraiment un inconnu pour la police et la justice
locales. Il a été mis en cause à une vingtaine
de reprises pour vol, vol avec violence, vol avec arme, trafic de stupéfiants,
recel... Mais écroué une seule fois. Ce 7 novembre, il
nargue aussitôt ceux qu'il connaît trop bien et menace de
brûler la voiture d'un fonctionnaire. Il se saisit enfin d'une
bouteille dans une poubelle et la jette sur le commissariat. Les policiers
se lancent à sa poursuite : un coup de poing est décoché
puis survient la scène filmée par l'équipe de France
2.
Le face-à-face cède la place à un ballet judiciaire
et politique. Les fautifs sont suspendus peu avant la diffusion du reportage.
Remis en liberté, Fouad A. porte plainte. Le 11 novembre au soir,
cinq policiers sont mis en examen à Bobigny. Quatre sont placés
sous contrôle judiciaire et un en détention provisoire.
De source judiciaire, cette mesure était justifiée par
le souci de ne pas troubler l'ordre public, de préserver la sérénité
des investigations et d'empêcher le contact des personnes mises
en cause.
Détail aggravant pour la justice : le procès-verbal d'interpellation
ne correspondrait pas à la réalité, tant sur les
faits que sur l'identité des policiers présents. Le policier
a fait appel et un référé liberté a lieu
aujourd'hui à 14 heures. Quant à Fouad A., il a visiblement
poursuivi son activité. De source policière et judiciaire,
il aurait participé à un caillassage de pompiers dans
la soirée du 11 novembre. Reconnu et interpellé, il était
toujours en garde à vue hier et devait être fixé
sur son sort dans la soirée.
J.-C. Marmara/Le Figaro.