A Paris, la gare du Nord frôle l'émeute
Ambiance surchauffée hier entre la police et une foule hostile après un contrôle de billets. ..

28 mars 2007


Violents affrontements entre jeunes
et policiers à la gare du Nord à Paris

NOUVELOBS.COM | 28.03.2007 | 08:54

La situation a dégénéré après un contrôle de billets. Les heurts ont duré pendant six heures, entraînant de nombreux dégâts.

A la gare du Nord mardi soir (AP)
Une centaine de jeunes se sont livrés, mardi soir 27 mars, à des dégradations dans la gare du Nord à Paris, quelques heures après un face-à-face tendu entre jeunes et policiers qui a duré plus de six heures à l'issue d'un contrôle de billet qui a mal tourné, selon la préfecture de police.
En fin de soirée, les forces de l'ordre avaient globalement réussi à sécuriser l'intérieur et les sous-sols de la gare. Mais, après minuit, certains groupes de jeunes évacués de la gare poursuivaient le bras de fer avec la police en surface, dans les rues situées aux abords.
Peu avant une heure du matin mercredi, la situation aux abords de la gare semblait revenir au calme a-t-elle constaté. Les policiers avaient regagné leurs véhicules stationnés dans les rues adjacentes. De petits groupes de jeunes dispersés se sont vus repoussés par les forces de l'ordre dans les rues autour de la gare. Parallèlement, plusieurs camions de CRS remontaient le long des berges du canal Saint-Martin laissant craindre un déplacement en ville des échauffourées.

Neuf interpellations

Après les premiers incidents de l'après-midi, le calme était dans un premier temps revenu et la police avait procédé à neuf interpellations, selon un bilan de la préfecture, mais le face-à-face a repris vers 20h à l'intérieur de la gare.
Des jeunes, dont certains armés de barres de fer, s'en sont pris à des distributeurs automatiques de boissons dans les sous-sols de la gare, ont brisé des vitres, ampoules, rambardes en verre. Un magasin de chaussures a été pillé, a-t-on constaté sur place. Des poubelles ont été incendiées.
Des jeunes ont jeté des projectiles sur les forces de l'ordre qui ont chargé et répliqué à coups de gaz lacrymogènes, sous le regard médusé de voyageurs pris entre les deux camps. Des jeunes opéraient par petits groupes en différents endroits de la gare souterraine. D'autres faisaient face à une cinquantaine de policiers en tenue anti-émeute.

Contrôle de billet

Quelques heures auparavant, un contrôle de billet avait dégénéré dans les couloirs du métro Gare du Nord. Alors que deux agents de la RATP procédaient vers 16h à un contrôle de billet dans les couloirs de la RATP entre le RER B et les lignes 4-5 du métro, une personne sans titre de transport s'en est violemment prise aux contrôleurs, donnant un coup dans la figure à l'un et un coup dans l'épaule à l'autre, selon la RATP qui précise que des jeunes se sont mêlés du contrôle en protestant et s'en prenant aux deux contrôleurs.
Luc Poignant, secrétaire départemental du Syndicat général de la police-Force ouvrière (SGP-FO), a précisé que "les agents ont ensuite reçu des projectiles tout comme les policiers venus leur prêter main forte". La RATP a conduit l'individu sans billet au centre de liaison de la gare du Nord où il a été remis aux gendarmes. La situation a ensuite dégénéré entre plus de 100 jeunes et les forces de l'ordre. Après une accalmie, les incidents ont repris dans la soirée.

Trafic

Selon la SNCF, le trafic grandes lignes et grande banlieue de la gare du Nord n'a pas été interrompu. L'interconnexion de la ligne B du RER, au sous-sol de la gare, n'était en revanche pas assurée, précise-t-on de même source. D'après le porte-parole du Parti socialiste Julien Dray, ces "affrontements (...) illustrent le climat de tension, le fossé et la violence désormais installés entre la police et la population". Le PS demande dans un communiqué que "toute la lumière soit faite sur ces incidents. Les conditions d'un rapport serein et de confiance entre la police et la population doivent être rétablies de toute urgence". (AP)


Par Renaud LECADRE
QUOTIDIEN : mercredi 28 mars 2007


Une banale interpellation de voyageurs sans billets a dégénéré hier soir en quasi-émeute à la gare du Nord, importante station parisienne, intersection entre le métro de la capitale et les trains de banlieue, très fréquentée par des blacks. A peine les jeunes ont-ils été interpellés, qu'une foule se met à crier : «Libérez les jeunes.» «Ils étaient une dizaine au départ puis 100 à 200», précise une source policière jointe par Libération peu avant 20 heures. «Leur attitude était très hostile mais a priori il n'y a pas eu de dégradations.» Parmi les protestataires, il n'y a pas que des ados à capuches, prompts à en découdre et à utiliser les poubelles comme ustensiles lors des échauffourées, mais aussi des quadras ou quinquas prêts à scander «Sarkozy, enfoiré» .

Devant le local de police de la gare du Nord, plusieurs centaines de personnes font mine de donner l'assaut. Il n'aura pas lieu, l'émeute en tant que telle reste canalisée, à défaut d'être bon enfant. Mais le ton est donné : «Police partout, justice nulle part» , comme disaient les anciens gauchistes. Entre Blacks et Blancs, d'accord sur le constat, on discute sérieusement : faut-il seulement protester ou contester à mains nues ?

Il suffirait d'une étincelle. Les flics tentent une sortie, la foule recule. On est à deux doigts de l'émeute dans les sous-sols parisiens. Elle est finalement évitée. Mais l'ambiance surchauffée révèle qu'il suffirait vraiment d'un rien pour que ça pète vraiment. Les voyageurs d'habitude viennent aux renseignements, des Blancs demandent des nouvelles aux Blacks, plus parisiens que banlieusards.

Des minettes ultra-sapées et des adultes bien de leur personne conspuent la «police-milice» , en plein Paris. On est dans la capitale, donc la foule en reste collectivement là. Ouf. ça discute néanmoins sur le meilleur moyen d'exprimer la colère. Des jeunes se contentent de simuler les émeutes de banlieue. Au bout d'une heure, la station de métro est rouverte au public. Mais l'ambiance reste électrique. Sept personnes ont été interpellées, indiquait la préfecture de police vers 20 heures.