Discours de clôture de Bruno Mégret
à l'Université d'été du M.N.R.

Dimanche 02 septembre 2007


Chers amis,

Cent jours sont passés et l’état de grâce est toujours là. À l'évidence, Sarkozy impressionne, séduit et subjugue. Même pendant les vacances il est omniprésent. Et quand il rentre, il bat encore des records de popularité. Bref il a réussi et tout lui sourit à commencer par les médias. Sarkozy, ça marche : la rupture est au rendez-vous. D'ailleurs il n'a plus d’opposition et il est là pour longtemps.

Pas étonnant dans ces conditions, nous dit-on, que la droite nationale soit en pleine décapilotade. Celle-ci se nourrissait des échecs et des turpitudes morales et idéologiques d'un système à bout de souffle. Or Sarkozy a rompu avec le système et il bâtit du neuf. Comme alternative politique, la droite nationale ne sert donc plus à rien. Sarkozy l’a détruite en la rendant obsolète.

Et beaucoup de penser, y compris certains proches du MNR, que le combat est devenu sans objet. On peut rentrer chez nous et poser le sac, Sarkozy est là.

Je crois, voyez-vous, que rien n'est plus faux. La situation n'est pas celle-là, car une fois encore, il faut aller rechercher la réalité au-delà des apparences. Sarkozy ce n'est pas le renouveau du pays par la rupture avec le système. Sarkozy c'est l'ultime tentative du système pour survivre grâce à un simulacre de rupture.

Depuis des années le système politique que nous combattons ne cesse de se décomposer et l'année dernière il approchait de l'agonie. En mai 2007 il aurait pu s'effondrer, éclater ou imploser. Et c'est pourquoi d'ailleurs beaucoup imaginaient ou redoutaient un 21 avril à la puissance dix. Mais Sarkozy a bien joué. Il a compris que pour se faire élire, il ne fallait plus défendre le système mais faire croire qu’on le combattait. Quant aux maîtres du politiquement correct, et notamment les médias, ils ont compris de leur côté, qu'il fallait en passer par là et qu'il fallait donc cesser de critiquer Sarkozy pour le soutenir et le faire élire.

Et ça a marché. Et ça marche encore. Et les Français sont heureux. Ils n'en pouvaient plus de ce régime politique qui, au lieu de résoudre leurs problèmes, les abandonnait et se retournait contre eux pour les culpabiliser et les accuser. Aujourd'hui, ils ont le sentiment que ça a changé, que la rupture est intervenue. Et pour cela ils soutiennent Sarkozy, se laissant ainsi abuser par lui et par sa manœuvre.

Car, je l'affirme, c’est bien d'une manœuvre dont il s'agit. Une manœuvre habile menée de main de maître. Une manœuvre dont on peut décortiquer les mécanismes dans le discours comme dans les actes.

Il y a d'abord l'utilisation de formules ou de mots à forte signification symbolique mais sans aucune application pratique. Rappelez-vous : le refus de mai 68, le rejet de la repentance, les racailles, le Karcher. Et bien sûr celui qui a porté le plus, qui a provoqué la plus forte polémique : l'identité nationale. En utilisant ce mot, Sarkozy s’est positionné sur notre terrain, il a répondu à une aspiration profonde de la population, il a rompu avec le politiquement correct.

Mais on voit là toute la perversité du procédé car, dans le même temps, il ne définit nullement ce qu'il entend par identité nationale. Et d'ailleurs nous connaissons déjà les conséquences politiques de cette appropriation sémantique : C'est la création du ministère de l'immigration, de l'intégration, de l'identité et du codéveloppement. Voilà c'est tout. Il avait promis un tel ministère et il a tenu parole. Mais dans la réalité cela ne change rien et ne déroge nullement aux grands principes de la pensée unique. Car, en dehors de la création de ce ministère, où le mot identité passe d’ailleurs symboliquement derrière immigration et intégration, rien n'a été fait pour défendre notre identité. Or nous le savons, notre identité est menacée. Elle est menacée par l'immigration et par le processus d’islamisation.

Et qu'est-ce qui est prévu par le nouveau pouvoir pour combattre cette menace ? Rien ! Bien au contraire je pense même que nous aurons droit, comme Sarkozy l'avait par ailleurs annoncé, au financement public des mosquées et à la discrimination positive, c'est-à-dire à la priorité aux musulmans et aux gens de couleur. Alors si, après avoir rompu avec le discours politiquement correct en parlant d'identité, on se comporte comme si notre identité ça n'était que la République, l’état de droit, les droits de l'homme et la diversité culturelle et ethnique, on n'aura rien changé. La rupture n’est qu’un simulacre.

Le deuxième procédé cher au nouveau président consiste à dire ce que les Français ont envie d'entendre, mais sans bien sûr en tirer de conséquences pratiques. Lorsque Sarkozy s'insurge de voir les gens qui travaillent gagner à peine plus que ceux qui vivent de l'assistance, lorsqu'il explique que la France, il faut l'aimer ou la quitter, il ne fait que reprendre à son compte des réflexions très répandues parmi nos compatriotes. Et ce faisant il donne le sentiment de la rupture. Autrefois les politiques expliquaient aux Français qu'il n'y avait pas d'insécurité mais simplement un sentiment d'insécurité autrement dit que leur problème quotidien n’était qu’un fantasme. Aujourd'hui avec Sarkozy on leur dit qu'il y a encore beaucoup trop d'insécurité et que c'est insupportable. Ça ne change rien à la réalité mais ça plaît à nos compatriotes qui apprécient d’avoir enfin un chef d'État qui parle comme eux et qui exprime ce qu'ils ressentent.

Et cela d'autant plus que M. Sarkozy n'hésite pas à étendre cette méthode aux promesses qu'il fait au Français. Il multiplie en effet les annonces qui plaisent à nos compatriotes mais sans prendre aucun engagement précis. Lorsque Sarkozy explique par exemple qu'il faut pouvoir travailler plus pour gagner plus, lorsqu'il affirme qu'il faut une Europe qui protège, ce sont là des objectifs qui séduisent et qui rompent avec le système. Mais ce ne sont que des mots sans projet d'ensemble et sans réforme d'envergure.

Bref par ses procédés oratoires, Sarkozy incarne effectivement la rupture. Mais il ne s'agit que de réalités verbales qui n’ont aucunes conséquences concrètes. Cas dans la pratique, les actes ne sont pas au rendez-vous. Ou plutôt les actes sont nombreux mais ils participent eux aussi du simulacre. L’idée est de laisser croire aux Français qu’on multiplie les actions dans tous les domaines et qu’on agit avec la dernière énergie alors que dans la réalité on ne change rien de fondamental et on n’entreprend rien d’important. Et c'est tout l'objet du style Sarkozy qui n'est pas qu'un trait de caractère de l’intéressé mais qui constitue, après les discours, l'autre instrument du simulacre. Alors que les paroles de Sarkozy cherchent à faire croire au changement dans les idées, le style du nouveau président vise à donner l'illusion du changement dans l'action.

Et sur ce plan, il faut le reconnaître, Sarkozy ne fait pas les choses à moitié. Il est partout, il s'occupe de tout et il fait tout lui-même. En quelques semaines, il aura lancé tous ses projets de réforme, il aura occupé tous les créneaux. Le service minimal, la défiscalisation, le mini traité européen, les peines planchers. Et il s’occupe de tout. Il envoie sa femme à Tripoli pour sauver les infirmières Bulgare, il traverse l'Atlantique aller et retour pour assister aux obsèques de monseigneur Lustiger.

Et il n'y a pas un problème qu'il néglige. Dès qu'une difficulté apparaît il est là et maintenant d'ailleurs les Français l’attendent partout. Cet été sur la plage où nous nous trouvions les vacanciers ont été sinistrés par un ban de méduses qui a empêché les baignades pendant quarante-huit heures et bien tout le monde a été déçu : Sarkozy n'est pas venu.

Il est vrai qu'il a fort à faire puisqu'il veut tout faire et tout dire lui-même. C'est lui, ce n'est pas Mme Bachelot qui annonce que le produit de la franchise médicale servira à combattre la maladie d'Alzheimer. C'est lui et non pas Mme Pécresse qui négocie avec les syndicats la réforme de l'université. C'est lui et non pas Mme Dati qui annonce de nouvelles mesures pour juger les criminels déclarés irresponsables. Les malheureux ministres et le premier d'entre eux ne savent plus ce qu’ils peuvent dire et où ils doivent se mettre. À vrai dire, on leur demande de se taire et de transmettre les instructions du président à leur administration. Résultat : ils sont malheureux les pauvres. Il suffit de les regarder à la télévision chaque fois que le président intervient le matin, l'après-midi, où le soir. On les voit se tenir deux pas derrière lui l'air triste écoutant le chef de l’État parler à leur place.

Mais à quoi mène cette frénésie, cet activisme ? À la rupture ? Nullement ! Il est vrai qu'après l'immobilisme quasi pathologique de Chirac, on a l’impression que maintenant ça déménage comme on dit. Mais il ne s'agit que d’un simulacre d'action. Car derrière ce bougisme, il n'y a pas de rupture. Tout est en faux-semblants. Chers amis, s'il y avait une rupture avec le système cela se verrait maintenant clairement aussi bien à travers les actes qu’à travers les hommes. Or qu'en est-il ?

Je le sais les thuriféraires de Sarkozy nous affirment qu'il a tenu, qu'il tient ses promesses. Fort bien ! Mais il y a en politique bien des façons d'honorer ses engagements. S'agissant par exemple de la déduction fiscale des intérêts d'emprunts immobiliers, la montagne accouche d'une souris. Une mesure de grande ampleur aurait pu concerner les intérêts des emprunts pour la résidence principale sans limitation de date ni de durée. Or on le sait maintenant ce sera limité à cinq ans et cela ne concernera que ceux qui ont souscrit un emprunt après le 6 mai dernier. On me répondra que cette restriction majeure est due à la censure du Conseil constitutionnel. Mais précisément, le fait que le Conseil constitutionnel continue de censurer de façon arbitraire les lois votées par les représentants du peuple est bien la preuve patente que tout continue comme avant.

Et d'ailleurs c'est dans tous les domaines que les promesses sont tenues par des mesures qui ne changeront rien. Je pense notamment à un sujet essentiel : les peines plancher pour les multirécidivistes. Et bien la loi est en trompe-l’œil. Déjà elle ne concerne que les délits passibles de trois ans d'emprisonnement. Ce qui veut dire que ce texte ne s’appliquera pas à tous les délits mineurs qui constituent l'essentiel de la délinquance quotidienne. Par ailleurs ce projet de loi ne s'applique qu’à la récidive pour des faits légalement similaires. Un jeune condamné pour violence en réunion ne sera pas considéré comme récidiviste s’il commet un vol avec violence. Quand on sait qu’il y a plusieurs centaines d’incriminations différentes on mesure combien les récidivistes au sens de la loi seront limités.

De surcroît ces peines planchers correspondent à des sanctions limitées très proches de celles qui sont actuellement pratiquées, à savoir un an pour un délit passible de trois ans d'emprisonnement et deux ans pour un délit passible de cinq ans. Par ailleurs les peines planchers ne seront pas obligatoires. Les juges ne seront pas tenus de les appliquer pour peu qu'ils justifient leur décision. Quand on sait que le juge pourra en outre assortir ces peines de sursis, on mesure à quel point cette disposition phare du candidat Sarkozy ne changera pratiquement rien à la réalité que nous connaissons aujourd'hui.

Et on pourrait dire la même chose de toutes les promesses de Sarkozy : elles seront honorées dans des conditions qui les rendront particulièrement inefficaces et qui en tout cas ne provoqueront pas la fameuse rupture.

C’est le cas de la réforme des universités : l'autonomie fort bien ! Mais il n’y aura finalement rien sur les deux points qui pourraient réellement changer la donne et hisser nos universités au meilleur niveau mondial : rien sur les droits d'inscription et surtout, rien sur la sélection des étudiants ! Donc, pas de rupture !

S'agissant de la réduction du nombre de fonctionnaires, là encore on est tombé en dessous du seuil de rupture. Sarkozy avait annoncé le non remplacement d'un fonctionnaire sur deux partants à la retraite. Finalement avec 22 700 postes supprimés, ce sera un sur trois.

Concernant la question majeure à nos yeux de la lutte contre l'immigration clandestine, là encore M. Sarkozy et ses amis restent politiquement corrects. Brice Hortefeux a récemment déclaré que le nombre d'expulsions d'étrangers en situation irrégulière était pour l'heure, je le cite, « légèrement en dessous de l'objectif » de 25 000 fixé pour 2007. Quand on sait qu'il entre au minimum 100 000 clandestins chaque année et que sur les 25 000 expulsions 12 253 concernent les Comores et 8145 la Guyane cela ne laisse que 2602 reconduites effectuées depuis le territoire métropolitain. On est décidément très très loin de la rupture.

D’ailleurs quand on y regarde de près, les seules actions réellement importantes qui ont été accomplies par Sarkozy à ce jour, sont celles qui vont dans le sens du politiquement correct. Ainsi en est-il du minitraité européen. Nicolas Sarkozy se rengorge d’être à l’origine de ce traité dit simplifié. Mais où est son mérite. Car il s’agit d’un texte qui reprend pratiquement l’intégralité du projet de constitution — les symboles en moins — et qui, à ce titre, était réclamé par la Commission de Bruxelles et presque tous les gouvernements européens. Là encore c’est une action qui va dans le sens du politiquement correct. Là encore il n’y a pas de rupture.

Car lorsqu’il s’agit d’aller contre la pensée unique, alors là, il n’y a plus personne. Et je pense à l’affaire de la Turquie. Sarkozy s'était pourtant déclaré pendant la campagne contre l'entrée de la Turquie dans l'Europe. Puis, au pouvoir, que fait-il ? D’abord il nomme un ministre des affaires étrangères, Kouchner et un Secrétaire d’État aux affaires européennes Jouyet qui sont l’un et l'autre pour l'entrée de la Turquie dans l'Europe. Ensuite, au lieu de bloquer les négociations, Sarkozy donne l'accord de la France pour l'ouverture de deux nouveaux chapitres de négociations.

Et maintenant M. Sarkozy évoque, devant la conférence des ambassadeurs, la possibilité de relancer les négociations d'adhésion de la Turquie à l'Union européenne. Alors, c'est vrai, il y met les formes en expliquant qu'il n'a pas changé d'avis. Bien sûr mais cela ne trompe personne et M. Barrosso, le président de la Commission, ne s’y est pas trompé qui salue la nouvelle position du président français. Il s'agit là d’un reniement par rapport aux promesses électorales du candidat Sarkozy. Je rappelle que l’intéressé nous expliquait alors que la Turquie n'avait pas vocation à adhérer à l'Union car, disait-il, « ce n'est pas un pays européen ». Il faudra qu'il nous explique, au moment où la Turquie vient de se doter d'un président islamiste et où les femmes voilées apparaissent dans les bâtiments officiels de l'État, en quoi la Turquie est maintenant devenue européenne. En réalité il n’y a qu’une conclusion à tirer de cela : tout continue comme avant. S’agissant des actes, la rupture n’est qu’un simulacre.

Qu’en est-il s’agissant des hommes ? Normalement pour réaliser une rupture, il faut s’appuyer sur une équipe nouvelle, sur des femmes et des hommes nouveaux. Et là, force est de reconnaître que Sarkozy a fait dans le nouveau. Il n’a repris que très marginalement les équipes de l’UMP et a largement ouvert son gouvernement à d’autres personnalités. Mais là encore ses choix ne vont nullement dans le sens de la rupture puisque les personnalités qu’il a recrutées sont toutes des cautions politiquement très correctes.

Et sur ce plan, il a fait fort : voilà un chef d'État qui vient de se faire élire sur le thème de la rupture avec la pensée unique et qui nomme comme secrétaire d'État à la ville — ce qui n'est pas rien tout de même puisqu'il s'agit de gérer un budget de plusieurs centaines de millions d'euros chaque année — qui nomme la présidente de « ni pute ni soumise », une organisation communautariste de gauche hyper médiatisée qui, c’est le moins que l’on puisse dire, n'est pas emblématique du politiquement incorrect. Et il en va de même pour la nomination d’autres membres du gouvernement.

Et que dire de la composition politique du gouvernement ? Sarkozy élu président de la République cherche à rassembler le peuple Français, c’est légitime. Mais dans ce cas pourquoi limiter l’ouverture à gauche ? Pourquoi ne pas proposer une ouverture à la droite nationale. D’autant qu’il a été élu sur nos idées et avec une partie de nos voix. Mais non, là encore, aucune rupture. Car la seule ouverture qu’il fait c’est l’ouverture vers la gauche et, à travers Kouchner et Hirsch, vers la gauche la plus médiatique et donc la plus politiquement correcte.

Son gouvernement ne correspond d'ailleurs à aucune logique politique, il répond à une logique médiatique. Pour être ministre avec Sarkozy, il faut être vu à la télé. S'il avait constitué son gouvernement à l'époque de loft, Sarkozy aurait certainement nommé Loana et Steevie secrétaires d’État. Tout cela est ridicule mais tout cela n'est pas qu'anecdotique. Si ce sont les critères médiatiques qui ont été déterminants dans le choix des membres du gouvernement, cela veut dire que, là encore, Sarkozy s’est soumis à la force la plus politiquement correcte qui soit : les médias.

La rupture n’est donc pas au rendez-vous. Comme le demandait récemment Jacques Marseille : « c’est pour quand la rupture ? » Car derrière le discours et le style il n’y a rien d’autre que la continuité des errements passés. La rupture est un simulacre. Et comment en serait-il autrement ? La démarche de Sarkozy ne vise pas à changer le système mais à le perpétuer en faisant miroiter devant nos compatriotes le mirage d’une prétendue rupture.

L’opération Sarkozy est donc vouée à l’échec. Car progressivement les Français vont ouvrir les yeux. Ils vont comprendre que les actes ne suivent pas et que les mesures prises ne changent rien et ils vont se détourner de lui. Certes, il réussira à les retenir, mais au bout d'un moment il lassera, puis il agacera et il finira par exaspérer. Et lorsque Sarkozy va commencer à rencontrer des difficultés, son dispositif va se fissurer car il est au fond très seul. Le soutien que lui apportent les députés de sa majorité est sous tendu par le succès qu’il leur a garanti. Que le succès l’abandonne et ce soutien s’effritera, que les difficultés surviennent et son équipe gouvernementale, faite de bric-à-brac, se débandera.

Quant aux Français, aujourd’hui ils lui pardonnent tout. Mais s’ils sont actuellement indulgents à son égard, c’est parce qu'ils en espèrent de profonds changements. Des changements qui assurent un véritable redressement et qui améliorent leur vie quotidienne. Et si rien ne vient, toute la construction de Sarkozy fondée sur le look, la parole et la communication s'effondrera. Ce n'est aujourd'hui que le succès électoral qui assure son succès. Si demain rien ne s'améliore vraiment et si les échecs commencent à s'accumuler, le changement apparaîtra comme une imposture et le style et les équipes Sarkozy seront décriés : les ministres seront perçus comme des pignoufs et Sarkozy comme un bonimenteur de foire.

Aussi faut-il préparer l’avenir. Car si l’opération Sarkozy de sauvetage du système a de bonnes raisons d’échouer, la nécessité d’une relève demeure pleine et entière. Les Français risquent en effet de se réveiller avec le sentiment d’une nouvelle tromperie. Ils voudront alors une réelle rupture avec le système et il n’y a que la droite nationale qui puisse l’incarner. La gauche, elle ne le peut pas : elle est en pleine décomposition, elle arrive au terme de son cycle historique et n’a plus rien à proposer. Bayrou et son centre en sont également incapables car le projet qu’ils incarnent représente, plus encore que celui de Sarkozy, un simulacre de rupture.

Non, ce ne peut être que la droite nationale, d’autant que Sarkozy a ouvert la voie. Ne l’oublions pas, c’est largement sur nos idées, sur nos mots, sur nos analyses que Sarkozy s’est fait élire. Et s’il est rejeté demain, à défaut d'avoir redressé le pays, il aura au moins servi à dédiaboliser nos idées, à les légitimer et à les faire progresser. Dès lors ce ne seront pas les idées qu’il prétend défendre que les Français condamneront, mais le président qui aura été incapable de les mettre en œuvre. L’arrivée de Sarkozy au pouvoir peut donc être la porte d’entrée pour la droite nationale.

Encore faut-il qu’elle se montre le moment venu à la hauteur de cette opportunité. Inutile de souligner combien on en était loin lors des échéances d’avril et de juin derniers : stratégie suicidaire, népotisme, reniements, passéisme, outrances, divisions, refus des soutiens, peur du succès.

Il faut tourner la page et œuvrer à une véritable refondation qui passe par le renouveau et le rassemblement de notre famille politique. Et pour cela il faut un nouveau projet, une nouvelle force et une nouvelle méthode.

On ne peut plus se contenter d’un projet passéiste qui vise ni plus ni moins qu’à revenir à la France des années 50. Il faut un grand projet qui s’ancre sans concessions dans les valeurs immémoriales qui sont les nôtres et qui soit adapté au monde dans lequel nous vivons en ce début du XXIe siècle. Il faut un projet qui ne soit pas une simple collection de mesures techniques aussi bonnes soient-elles. Il faut un projet qui puisse faire rêver nos compatriotes qui puissent donner à notre peuple le sentiment d’être à nouveau dans l’histoire et d’avoir à nouveau un avenir.

Et ce projet — le MNR y travaille depuis quelque temps déjà — il passe à l’évidence par la prise en compte de la dimension européenne de notre identité et de notre destin. À l’heure du choc des civilisations, dans le monde multipolaire qui se met en place, nous devons avoir comme projet de défendre notre commune civilisation européenne et d’ériger les peuples qui l’incarne en un pôle de puissance.

Un pôle de puissance pour défendre notre identité dans ce qu’elle a de plus fondamentale. Il est temps de retrouver la fierté de ce que nous sommes, de reprendre conscience de tout ce qui fait la grandeur de notre civilisation et de la défendre face aux dangers qui la menacent. Et principalement face à cette immigration massive et incontrôlée qui ne cesse de s’amplifier. Face à ce processus pervers d’islamisation rampante qui conduit nos dirigeants à placer l’islam sur le même plan que le christianisme lequel a pourtant façonné notre civilisation pendant quinze siècles. Dans cet esprit il faut donner corps à cet impératif de préférence et le mettre en œuvre à l’échelle de l’Europe tant pour les hommes que pour les biens.

Il faut aussi une puissance européenne pour rompre avec le processus de mondialisation sauvage qui conduit progressivement à la désindustrialisation de l’Europe et qui donne le pouvoir à un nouveau capitalisme financier indépendant des États et dont la seule logique est le profit. Cet hyper libéralisme international qu’on continue à nous présenter comme une donnée incontournable doit être combattu. Il est temps de reprendre le contrôle de nos économies, de réguler la mondialisation et de mettre en place un véritable patriotisme économique européen capable de protéger les intérêts de nos économies face aux autres puissances comme face au capitalisme international.

Pour porter ce projet il faut que la droite nationale s’érige en une force nouvelle. Le MNR seul n’a pas le potentiel pour y parvenir. Le FN et le MPF ont eu l’occasion de jouer ce rôle clé mais ils n’en ont pas saisi l’opportunité. Au demeurant, le FN est une organisation maintenant sclérosée qui n’a plus de ressort. Quant au MPF, il demeure prisonnier de ses contradictions internes et du va-et-vient incessant de son positionnement. Il faut donc rassembler tous ces mouvements et bien d’autres encore, pour créer une force nouvelle qui ne soit pas que l’addition de ses composantes mais qui les démultiplie pour rendre notre famille politique séduisante, attractive et dynamique.

Et pour cela il faut aussi une méthode nouvelle. Car il ne s’agit plus d’incarner le passé mais l’avenir. On ne peut plus se contenter de critiquer les adversaires et de commenter l’actualité, il faut aussi proposer, construire et chercher à conquérir le pouvoir à tous les niveaux. Il ne faut plus considérer comme des ennemis tous ceux qui ne sont pas des nôtres et cesser de rejeter ceux qui ne partagent pas toutes nos convictions. On ne peut plus se contenter de cristalliser les mécontentements et les souffrances, il faut aussi chercher à rassembler tout le peuple ceux qui subissent mais aussi ceux qui réussissent. Il faut refuser les excès, les outrances et les dérapages pour être le moment venu porteur d’un grand espoir. Et pour cela il faut une force moderne et ouverte qui ne fonctionne pas de façon autocratique mais selon une formule polycentrée et décentralisée pour rassembler et séduire bien au-delà de notre mouvance traditionnelle.

Chers amis, c’est à cette reconstruction, à cette refondation qu’il faut nous atteler maintenant. Elle est indispensable et elle est aussi possible. À condition bien sûr de dépasser les considérations d’appareils et les susceptibilités de personnes. Il ne s’agit pas de les nier mais de les prendre en compte en les dépassant. Et pour cela il faut imaginer une démarche progressive et une organisation souple. Chaque mouvement doit pouvoir s’intégrer à un organisme fédérateur et chaque personnalité doit pouvoir y exercer des responsabilités qui correspondent à ses talents et à ses positions. Il ne s’agit pas de fondre et d’uniformiser ni d’assurer la prééminence de tel ou tel mais d’organiser une synergie, une cohérence qui débouche sur un courant populaire et une force politique.

Une telle démarche est possible car c’est une question de survie. Elle est possible pour peu que les dirigeants et les militants de la droite nationale en fassent l’effort. Et pour ma part, pour ce qui est du MNR nous y sommes résolus. Et nous entendons dans la mesure de nos moyens commencer dès maintenant de façon concrète à œuvrer à ce grand projet.

Le calendrier électoral nous en offre d’ailleurs la possibilité de façon pratique. Car les municipales sont proches et pour ces échéances nous pouvons commencer, sur le terrain, en dehors des hiérarchies sclérosées à construire cette union, à réaliser ce rassemblement.

C’est d’ailleurs une nécessité car les listes ne se feront pas sans union et, si elles existent grâce au rassemblement, elles remporteront de beaux succès. J’appelle donc à la constitution de listes communes de la droite nationale dans toutes les villes de France.

Chers amis soyons attentifs à l’évolution de la situation. Sarkozy est partout et tout semble lui sourire. Mais la situation peut se retourner. Sans doute pas tout de suite mais peut-être plus vite qu’on ne le croit.

Nous devons donc nous préparer pour ce jour là. Car Sarkozy était la dernière chance du système. Nous sommes la seule chance de la France.

Bruno MÉGRET