Chers amis,
Cent jours sont
passés et l’état de grâce est toujours là.
À l'évidence, Sarkozy impressionne, séduit et
subjugue. Même pendant les vacances il est omniprésent.
Et quand il rentre, il bat encore des records de popularité.
Bref il a réussi et tout lui sourit à commencer par
les médias. Sarkozy, ça marche : la rupture est au rendez-vous.
D'ailleurs il n'a plus d’opposition et il est là pour
longtemps.
Pas étonnant
dans ces conditions, nous dit-on, que la droite nationale soit en
pleine décapilotade. Celle-ci se nourrissait des échecs
et des turpitudes morales et idéologiques d'un système
à bout de souffle. Or Sarkozy a rompu avec le système
et il bâtit du neuf. Comme alternative politique, la droite
nationale ne sert donc plus à rien. Sarkozy l’a détruite
en la rendant obsolète.
Et beaucoup de
penser, y compris certains proches du MNR, que le combat est devenu
sans objet. On peut rentrer chez nous et poser le sac, Sarkozy est
là.
Je crois, voyez-vous,
que rien n'est plus faux. La situation n'est pas celle-là,
car une fois encore, il faut aller rechercher la réalité
au-delà des apparences. Sarkozy ce n'est pas le renouveau du
pays par la rupture avec le système. Sarkozy c'est l'ultime
tentative du système pour survivre grâce à un
simulacre de rupture.
Depuis des années
le système politique que nous combattons ne cesse de se décomposer
et l'année dernière il approchait de l'agonie. En mai
2007 il aurait pu s'effondrer, éclater ou imploser. Et c'est
pourquoi d'ailleurs beaucoup imaginaient ou redoutaient un 21 avril
à la puissance dix. Mais Sarkozy a bien joué. Il a compris
que pour se faire élire, il ne fallait plus défendre
le système mais faire croire qu’on le combattait. Quant
aux maîtres du politiquement correct, et notamment les médias,
ils ont compris de leur côté, qu'il fallait en passer
par là et qu'il fallait donc cesser de critiquer Sarkozy pour
le soutenir et le faire élire.
Et ça a
marché. Et ça marche encore. Et les Français
sont heureux. Ils n'en pouvaient plus de ce régime politique
qui, au lieu de résoudre leurs problèmes, les abandonnait
et se retournait contre eux pour les culpabiliser et les accuser.
Aujourd'hui, ils ont le sentiment que ça a changé, que
la rupture est intervenue. Et pour cela ils soutiennent Sarkozy, se
laissant ainsi abuser par lui et par sa manœuvre.
Car, je l'affirme,
c’est bien d'une manœuvre dont il s'agit. Une manœuvre
habile menée de main de maître. Une manœuvre dont
on peut décortiquer les mécanismes dans le discours
comme dans les actes.
Il y a d'abord
l'utilisation de formules ou de mots à forte signification
symbolique mais sans aucune application pratique. Rappelez-vous :
le refus de mai 68, le rejet de la repentance, les racailles, le Karcher.
Et bien sûr celui qui a porté le plus, qui a provoqué
la plus forte polémique : l'identité nationale. En utilisant
ce mot, Sarkozy s’est positionné sur notre terrain, il
a répondu à une aspiration profonde de la population,
il a rompu avec le politiquement correct.
Mais on voit là
toute la perversité du procédé car, dans le même
temps, il ne définit nullement ce qu'il entend par identité
nationale. Et d'ailleurs nous connaissons déjà les conséquences
politiques de cette appropriation sémantique : C'est la création
du ministère de l'immigration, de l'intégration, de
l'identité et du codéveloppement. Voilà c'est
tout. Il avait promis un tel ministère et il a tenu parole.
Mais dans la réalité cela ne change rien et ne déroge
nullement aux grands principes de la pensée unique. Car, en
dehors de la création de ce ministère, où le
mot identité passe d’ailleurs symboliquement derrière
immigration et intégration, rien n'a été fait
pour défendre notre identité. Or nous le savons, notre
identité est menacée. Elle est menacée par l'immigration
et par le processus d’islamisation.
Et qu'est-ce qui
est prévu par le nouveau pouvoir pour combattre cette menace
? Rien ! Bien au contraire je pense même que nous aurons droit,
comme Sarkozy l'avait par ailleurs annoncé, au financement
public des mosquées et à la discrimination positive,
c'est-à-dire à la priorité aux musulmans et aux
gens de couleur. Alors si, après avoir rompu avec le discours
politiquement correct en parlant d'identité, on se comporte
comme si notre identité ça n'était que la République,
l’état de droit, les droits de l'homme et la diversité
culturelle et ethnique, on n'aura rien changé. La rupture n’est
qu’un simulacre.
Le deuxième
procédé cher au nouveau président consiste à
dire ce que les Français ont envie d'entendre, mais sans bien
sûr en tirer de conséquences pratiques. Lorsque Sarkozy
s'insurge de voir les gens qui travaillent gagner à peine plus
que ceux qui vivent de l'assistance, lorsqu'il explique que la France,
il faut l'aimer ou la quitter, il ne fait que reprendre à son
compte des réflexions très répandues parmi nos
compatriotes. Et ce faisant il donne le sentiment de la rupture. Autrefois
les politiques expliquaient aux Français qu'il n'y avait pas
d'insécurité mais simplement un sentiment d'insécurité
autrement dit que leur problème quotidien n’était
qu’un fantasme. Aujourd'hui avec Sarkozy on leur dit qu'il y
a encore beaucoup trop d'insécurité et que c'est insupportable.
Ça ne change rien à la réalité mais ça
plaît à nos compatriotes qui apprécient d’avoir
enfin un chef d'État qui parle comme eux et qui exprime ce
qu'ils ressentent.
Et cela d'autant
plus que M. Sarkozy n'hésite pas à étendre cette
méthode aux promesses qu'il fait au Français. Il multiplie
en effet les annonces qui plaisent à nos compatriotes mais
sans prendre aucun engagement précis. Lorsque Sarkozy explique
par exemple qu'il faut pouvoir travailler plus pour gagner plus, lorsqu'il
affirme qu'il faut une Europe qui protège, ce sont là
des objectifs qui séduisent et qui rompent avec le système.
Mais ce ne sont que des mots sans projet d'ensemble et sans réforme
d'envergure.
Bref par ses procédés
oratoires, Sarkozy incarne effectivement la rupture. Mais il ne s'agit
que de réalités verbales qui n’ont aucunes conséquences
concrètes. Cas dans la pratique, les actes ne sont pas au rendez-vous.
Ou plutôt les actes sont nombreux mais ils participent eux aussi
du simulacre. L’idée est de laisser croire aux Français
qu’on multiplie les actions dans tous les domaines et qu’on
agit avec la dernière énergie alors que dans la réalité
on ne change rien de fondamental et on n’entreprend rien d’important.
Et c'est tout l'objet du style Sarkozy qui n'est pas qu'un trait de
caractère de l’intéressé mais qui constitue,
après les discours, l'autre instrument du simulacre. Alors
que les paroles de Sarkozy cherchent à faire croire au changement
dans les idées, le style du nouveau président vise à
donner l'illusion du changement dans l'action.
Et sur ce plan,
il faut le reconnaître, Sarkozy ne fait pas les choses à
moitié. Il est partout, il s'occupe de tout et il fait tout
lui-même. En quelques semaines, il aura lancé tous ses
projets de réforme, il aura occupé tous les créneaux.
Le service minimal, la défiscalisation, le mini traité
européen, les peines planchers. Et il s’occupe de tout.
Il envoie sa femme à Tripoli pour sauver les infirmières
Bulgare, il traverse l'Atlantique aller et retour pour assister aux
obsèques de monseigneur Lustiger.
Et il n'y a pas
un problème qu'il néglige. Dès qu'une difficulté
apparaît il est là et maintenant d'ailleurs les Français
l’attendent partout. Cet été sur la plage où
nous nous trouvions les vacanciers ont été sinistrés
par un ban de méduses qui a empêché les baignades
pendant quarante-huit heures et bien tout le monde a été
déçu : Sarkozy n'est pas venu.
Il est vrai qu'il
a fort à faire puisqu'il veut tout faire et tout dire lui-même.
C'est lui, ce n'est pas Mme Bachelot qui annonce que le produit de
la franchise médicale servira à combattre la maladie
d'Alzheimer. C'est lui et non pas Mme Pécresse qui négocie
avec les syndicats la réforme de l'université. C'est
lui et non pas Mme Dati qui annonce de nouvelles mesures pour juger
les criminels déclarés irresponsables. Les malheureux
ministres et le premier d'entre eux ne savent plus ce qu’ils
peuvent dire et où ils doivent se mettre. À vrai dire,
on leur demande de se taire et de transmettre les instructions du
président à leur administration. Résultat : ils
sont malheureux les pauvres. Il suffit de les regarder à la
télévision chaque fois que le président intervient
le matin, l'après-midi, où le soir. On les voit se tenir
deux pas derrière lui l'air triste écoutant le chef
de l’État parler à leur place.
Mais à
quoi mène cette frénésie, cet activisme ? À
la rupture ? Nullement ! Il est vrai qu'après l'immobilisme
quasi pathologique de Chirac, on a l’impression que maintenant
ça déménage comme on dit. Mais il ne s'agit que
d’un simulacre d'action. Car derrière ce bougisme, il
n'y a pas de rupture. Tout est en faux-semblants. Chers amis, s'il
y avait une rupture avec le système cela se verrait maintenant
clairement aussi bien à travers les actes qu’à
travers les hommes. Or qu'en est-il ?
Je le sais les
thuriféraires de Sarkozy nous affirment qu'il a tenu, qu'il
tient ses promesses. Fort bien ! Mais il y a en politique bien des
façons d'honorer ses engagements. S'agissant par exemple de
la déduction fiscale des intérêts d'emprunts immobiliers,
la montagne accouche d'une souris. Une mesure de grande ampleur aurait
pu concerner les intérêts des emprunts pour la résidence
principale sans limitation de date ni de durée. Or on le sait
maintenant ce sera limité à cinq ans et cela ne concernera
que ceux qui ont souscrit un emprunt après le 6 mai dernier.
On me répondra que cette restriction majeure est due à
la censure du Conseil constitutionnel. Mais précisément,
le fait que le Conseil constitutionnel continue de censurer de façon
arbitraire les lois votées par les représentants du
peuple est bien la preuve patente que tout continue comme avant.
Et d'ailleurs
c'est dans tous les domaines que les promesses sont tenues par des
mesures qui ne changeront rien. Je pense notamment à un sujet
essentiel : les peines plancher pour les multirécidivistes.
Et bien la loi est en trompe-l’œil. Déjà
elle ne concerne que les délits passibles de trois ans d'emprisonnement.
Ce qui veut dire que ce texte ne s’appliquera pas à tous
les délits mineurs qui constituent l'essentiel de la délinquance
quotidienne. Par ailleurs ce projet de loi ne s'applique qu’à
la récidive pour des faits légalement similaires. Un
jeune condamné pour violence en réunion ne sera pas
considéré comme récidiviste s’il commet
un vol avec violence. Quand on sait qu’il y a plusieurs centaines
d’incriminations différentes on mesure combien les récidivistes
au sens de la loi seront limités.
De surcroît
ces peines planchers correspondent à des sanctions limitées
très proches de celles qui sont actuellement pratiquées,
à savoir un an pour un délit passible de trois ans d'emprisonnement
et deux ans pour un délit passible de cinq ans. Par ailleurs
les peines planchers ne seront pas obligatoires. Les juges ne seront
pas tenus de les appliquer pour peu qu'ils justifient leur décision.
Quand on sait que le juge pourra en outre assortir ces peines de sursis,
on mesure à quel point cette disposition phare du candidat
Sarkozy ne changera pratiquement rien à la réalité
que nous connaissons aujourd'hui.
Et on pourrait
dire la même chose de toutes les promesses de Sarkozy : elles
seront honorées dans des conditions qui les rendront particulièrement
inefficaces et qui en tout cas ne provoqueront pas la fameuse rupture.
C’est le
cas de la réforme des universités : l'autonomie fort
bien ! Mais il n’y aura finalement rien sur les deux points
qui pourraient réellement changer la donne et hisser nos universités
au meilleur niveau mondial : rien sur les droits d'inscription et
surtout, rien sur la sélection des étudiants ! Donc,
pas de rupture !
S'agissant de
la réduction du nombre de fonctionnaires, là encore
on est tombé en dessous du seuil de rupture. Sarkozy avait
annoncé le non remplacement d'un fonctionnaire sur deux partants
à la retraite. Finalement avec 22 700 postes supprimés,
ce sera un sur trois.
Concernant la
question majeure à nos yeux de la lutte contre l'immigration
clandestine, là encore M. Sarkozy et ses amis restent politiquement
corrects. Brice Hortefeux a récemment déclaré
que le nombre d'expulsions d'étrangers en situation irrégulière
était pour l'heure, je le cite, « légèrement
en dessous de l'objectif » de 25 000 fixé pour 2007.
Quand on sait qu'il entre au minimum 100 000 clandestins chaque année
et que sur les 25 000 expulsions 12 253 concernent les Comores et
8145 la Guyane cela ne laisse que 2602 reconduites effectuées
depuis le territoire métropolitain. On est décidément
très très loin de la rupture.
D’ailleurs
quand on y regarde de près, les seules actions réellement
importantes qui ont été accomplies par Sarkozy à
ce jour, sont celles qui vont dans le sens du politiquement correct.
Ainsi en est-il du minitraité européen. Nicolas Sarkozy
se rengorge d’être à l’origine de ce traité
dit simplifié. Mais où est son mérite. Car il
s’agit d’un texte qui reprend pratiquement l’intégralité
du projet de constitution — les symboles en moins — et
qui, à ce titre, était réclamé par la
Commission de Bruxelles et presque tous les gouvernements européens.
Là encore c’est une action qui va dans le sens du politiquement
correct. Là encore il n’y a pas de rupture.
Car lorsqu’il
s’agit d’aller contre la pensée unique, alors là,
il n’y a plus personne. Et je pense à l’affaire
de la Turquie. Sarkozy s'était pourtant déclaré
pendant la campagne contre l'entrée de la Turquie dans l'Europe.
Puis, au pouvoir, que fait-il ? D’abord il nomme un ministre
des affaires étrangères, Kouchner et un Secrétaire
d’État aux affaires européennes Jouyet qui sont
l’un et l'autre pour l'entrée de la Turquie dans l'Europe.
Ensuite, au lieu de bloquer les négociations, Sarkozy donne
l'accord de la France pour l'ouverture de deux nouveaux chapitres
de négociations.
Et maintenant
M. Sarkozy évoque, devant la conférence des ambassadeurs,
la possibilité de relancer les négociations d'adhésion
de la Turquie à l'Union européenne. Alors, c'est vrai,
il y met les formes en expliquant qu'il n'a pas changé d'avis.
Bien sûr mais cela ne trompe personne et M. Barrosso, le président
de la Commission, ne s’y est pas trompé qui salue la
nouvelle position du président français. Il s'agit là
d’un reniement par rapport aux promesses électorales
du candidat Sarkozy. Je rappelle que l’intéressé
nous expliquait alors que la Turquie n'avait pas vocation à
adhérer à l'Union car, disait-il, « ce n'est pas
un pays européen ». Il faudra qu'il nous explique, au
moment où la Turquie vient de se doter d'un président
islamiste et où les femmes voilées apparaissent dans
les bâtiments officiels de l'État, en quoi la Turquie
est maintenant devenue européenne. En réalité
il n’y a qu’une conclusion à tirer de cela : tout
continue comme avant. S’agissant des actes, la rupture n’est
qu’un simulacre.
Qu’en est-il
s’agissant des hommes ? Normalement pour réaliser une
rupture, il faut s’appuyer sur une équipe nouvelle, sur
des femmes et des hommes nouveaux. Et là, force est de reconnaître
que Sarkozy a fait dans le nouveau. Il n’a repris que très
marginalement les équipes de l’UMP et a largement ouvert
son gouvernement à d’autres personnalités. Mais
là encore ses choix ne vont nullement dans le sens de la rupture
puisque les personnalités qu’il a recrutées sont
toutes des cautions politiquement très correctes.
Et sur ce plan,
il a fait fort : voilà un chef d'État qui vient de se
faire élire sur le thème de la rupture avec la pensée
unique et qui nomme comme secrétaire d'État à
la ville — ce qui n'est pas rien tout de même puisqu'il
s'agit de gérer un budget de plusieurs centaines de millions
d'euros chaque année — qui nomme la présidente
de « ni pute ni soumise », une organisation communautariste
de gauche hyper médiatisée qui, c’est le moins
que l’on puisse dire, n'est pas emblématique du politiquement
incorrect. Et il en va de même pour la nomination d’autres
membres du gouvernement.
Et que dire de
la composition politique du gouvernement ? Sarkozy élu président
de la République cherche à rassembler le peuple Français,
c’est légitime. Mais dans ce cas pourquoi limiter l’ouverture
à gauche ? Pourquoi ne pas proposer une ouverture à
la droite nationale. D’autant qu’il a été
élu sur nos idées et avec une partie de nos voix. Mais
non, là encore, aucune rupture. Car la seule ouverture qu’il
fait c’est l’ouverture vers la gauche et, à travers
Kouchner et Hirsch, vers la gauche la plus médiatique et donc
la plus politiquement correcte.
Son gouvernement
ne correspond d'ailleurs à aucune logique politique, il répond
à une logique médiatique. Pour être ministre avec
Sarkozy, il faut être vu à la télé. S'il
avait constitué son gouvernement à l'époque de
loft, Sarkozy aurait certainement nommé Loana et Steevie secrétaires
d’État. Tout cela est ridicule mais tout cela n'est pas
qu'anecdotique. Si ce sont les critères médiatiques
qui ont été déterminants dans le choix des membres
du gouvernement, cela veut dire que, là encore, Sarkozy s’est
soumis à la force la plus politiquement correcte qui soit :
les médias.
La rupture n’est
donc pas au rendez-vous. Comme le demandait récemment Jacques
Marseille : « c’est pour quand la rupture ? » Car
derrière le discours et le style il n’y a rien d’autre
que la continuité des errements passés. La rupture est
un simulacre. Et comment en serait-il autrement ? La démarche
de Sarkozy ne vise pas à changer le système mais à
le perpétuer en faisant miroiter devant nos compatriotes le
mirage d’une prétendue rupture.
L’opération
Sarkozy est donc vouée à l’échec. Car progressivement
les Français vont ouvrir les yeux. Ils vont comprendre que
les actes ne suivent pas et que les mesures prises ne changent rien
et ils vont se détourner de lui. Certes, il réussira
à les retenir, mais au bout d'un moment il lassera, puis il
agacera et il finira par exaspérer. Et lorsque Sarkozy va commencer
à rencontrer des difficultés, son dispositif va se fissurer
car il est au fond très seul. Le soutien que lui apportent
les députés de sa majorité est sous tendu par
le succès qu’il leur a garanti. Que le succès
l’abandonne et ce soutien s’effritera, que les difficultés
surviennent et son équipe gouvernementale, faite de bric-à-brac,
se débandera.
Quant aux Français,
aujourd’hui ils lui pardonnent tout. Mais s’ils sont actuellement
indulgents à son égard, c’est parce qu'ils en
espèrent de profonds changements. Des changements qui assurent
un véritable redressement et qui améliorent leur vie
quotidienne. Et si rien ne vient, toute la construction de Sarkozy
fondée sur le look, la parole et la communication s'effondrera.
Ce n'est aujourd'hui que le succès électoral qui assure
son succès. Si demain rien ne s'améliore vraiment et
si les échecs commencent à s'accumuler, le changement
apparaîtra comme une imposture et le style et les équipes
Sarkozy seront décriés : les ministres seront perçus
comme des pignoufs et Sarkozy comme un bonimenteur de foire.
Aussi faut-il
préparer l’avenir. Car si l’opération Sarkozy
de sauvetage du système a de bonnes raisons d’échouer,
la nécessité d’une relève demeure pleine
et entière. Les Français risquent en effet de se réveiller
avec le sentiment d’une nouvelle tromperie. Ils voudront alors
une réelle rupture avec le système et il n’y a
que la droite nationale qui puisse l’incarner. La gauche, elle
ne le peut pas : elle est en pleine décomposition, elle arrive
au terme de son cycle historique et n’a plus rien à proposer.
Bayrou et son centre en sont également incapables car le projet
qu’ils incarnent représente, plus encore que celui de
Sarkozy, un simulacre de rupture.
Non, ce ne peut
être que la droite nationale, d’autant que Sarkozy a ouvert
la voie. Ne l’oublions pas, c’est largement sur nos idées,
sur nos mots, sur nos analyses que Sarkozy s’est fait élire.
Et s’il est rejeté demain, à défaut d'avoir
redressé le pays, il aura au moins servi à dédiaboliser
nos idées, à les légitimer et à les faire
progresser. Dès lors ce ne seront pas les idées qu’il
prétend défendre que les Français condamneront,
mais le président qui aura été incapable de les
mettre en œuvre. L’arrivée de Sarkozy au pouvoir
peut donc être la porte d’entrée pour la droite
nationale.
Encore faut-il
qu’elle se montre le moment venu à la hauteur de cette
opportunité. Inutile de souligner combien on en était
loin lors des échéances d’avril et de juin derniers
: stratégie suicidaire, népotisme, reniements, passéisme,
outrances, divisions, refus des soutiens, peur du succès.
Il faut tourner
la page et œuvrer à une véritable refondation qui
passe par le renouveau et le rassemblement de notre famille politique.
Et pour cela il faut un nouveau projet, une nouvelle force et une
nouvelle méthode.
On ne peut plus
se contenter d’un projet passéiste qui vise ni plus ni
moins qu’à revenir à la France des années
50. Il faut un grand projet qui s’ancre sans concessions dans
les valeurs immémoriales qui sont les nôtres et qui soit
adapté au monde dans lequel nous vivons en ce début
du XXIe siècle. Il faut un projet qui ne soit pas une simple
collection de mesures techniques aussi bonnes soient-elles. Il faut
un projet qui puisse faire rêver nos compatriotes qui puissent
donner à notre peuple le sentiment d’être à
nouveau dans l’histoire et d’avoir à nouveau un
avenir.
Et ce projet —
le MNR y travaille depuis quelque temps déjà —
il passe à l’évidence par la prise en compte de
la dimension européenne de notre identité et de notre
destin. À l’heure du choc des civilisations, dans le
monde multipolaire qui se met en place, nous devons avoir comme projet
de défendre notre commune civilisation européenne et
d’ériger les peuples qui l’incarne en un pôle
de puissance.
Un pôle
de puissance pour défendre notre identité dans ce qu’elle
a de plus fondamentale. Il est temps de retrouver la fierté
de ce que nous sommes, de reprendre conscience de tout ce qui fait
la grandeur de notre civilisation et de la défendre face aux
dangers qui la menacent. Et principalement face à cette immigration
massive et incontrôlée qui ne cesse de s’amplifier.
Face à ce processus pervers d’islamisation rampante qui
conduit nos dirigeants à placer l’islam sur le même
plan que le christianisme lequel a pourtant façonné
notre civilisation pendant quinze siècles. Dans cet esprit
il faut donner corps à cet impératif de préférence
et le mettre en œuvre à l’échelle de l’Europe
tant pour les hommes que pour les biens.
Il faut aussi
une puissance européenne pour rompre avec le processus de mondialisation
sauvage qui conduit progressivement à la désindustrialisation
de l’Europe et qui donne le pouvoir à un nouveau capitalisme
financier indépendant des États et dont la seule logique
est le profit. Cet hyper libéralisme international qu’on
continue à nous présenter comme une donnée incontournable
doit être combattu. Il est temps de reprendre le contrôle
de nos économies, de réguler la mondialisation et de
mettre en place un véritable patriotisme économique
européen capable de protéger les intérêts
de nos économies face aux autres puissances comme face au capitalisme
international.
Pour porter ce
projet il faut que la droite nationale s’érige en une
force nouvelle. Le MNR seul n’a pas le potentiel pour y parvenir.
Le FN et le MPF ont eu l’occasion de jouer ce rôle clé
mais ils n’en ont pas saisi l’opportunité. Au demeurant,
le FN est une organisation maintenant sclérosée qui
n’a plus de ressort. Quant au MPF, il demeure prisonnier de
ses contradictions internes et du va-et-vient incessant de son positionnement.
Il faut donc rassembler tous ces mouvements et bien d’autres
encore, pour créer une force nouvelle qui ne soit pas que l’addition
de ses composantes mais qui les démultiplie pour rendre notre
famille politique séduisante, attractive et dynamique.
Et pour cela il
faut aussi une méthode nouvelle. Car il ne s’agit plus
d’incarner le passé mais l’avenir. On ne peut plus
se contenter de critiquer les adversaires et de commenter l’actualité,
il faut aussi proposer, construire et chercher à conquérir
le pouvoir à tous les niveaux. Il ne faut plus considérer
comme des ennemis tous ceux qui ne sont pas des nôtres et cesser
de rejeter ceux qui ne partagent pas toutes nos convictions. On ne
peut plus se contenter de cristalliser les mécontentements
et les souffrances, il faut aussi chercher à rassembler tout
le peuple ceux qui subissent mais aussi ceux qui réussissent.
Il faut refuser les excès, les outrances et les dérapages
pour être le moment venu porteur d’un grand espoir. Et
pour cela il faut une force moderne et ouverte qui ne fonctionne pas
de façon autocratique mais selon une formule polycentrée
et décentralisée pour rassembler et séduire bien
au-delà de notre mouvance traditionnelle.
Chers amis, c’est
à cette reconstruction, à cette refondation qu’il
faut nous atteler maintenant. Elle est indispensable et elle est aussi
possible. À condition bien sûr de dépasser les
considérations d’appareils et les susceptibilités
de personnes. Il ne s’agit pas de les nier mais de les prendre
en compte en les dépassant. Et pour cela il faut imaginer une
démarche progressive et une organisation souple. Chaque mouvement
doit pouvoir s’intégrer à un organisme fédérateur
et chaque personnalité doit pouvoir y exercer des responsabilités
qui correspondent à ses talents et à ses positions.
Il ne s’agit pas de fondre et d’uniformiser ni d’assurer
la prééminence de tel ou tel mais d’organiser
une synergie, une cohérence qui débouche sur un courant
populaire et une force politique.
Une telle démarche
est possible car c’est une question de survie. Elle est possible
pour peu que les dirigeants et les militants de la droite nationale
en fassent l’effort. Et pour ma part, pour ce qui est du MNR
nous y sommes résolus. Et nous entendons dans la mesure de
nos moyens commencer dès maintenant de façon concrète
à œuvrer à ce grand projet.
Le calendrier
électoral nous en offre d’ailleurs la possibilité
de façon pratique. Car les municipales sont proches et pour
ces échéances nous pouvons commencer, sur le terrain,
en dehors des hiérarchies sclérosées à
construire cette union, à réaliser ce rassemblement.
C’est d’ailleurs
une nécessité car les listes ne se feront pas sans union
et, si elles existent grâce au rassemblement, elles remporteront
de beaux succès. J’appelle donc à la constitution
de listes communes de la droite nationale dans toutes les villes de
France.
Chers amis soyons
attentifs à l’évolution de la situation. Sarkozy
est partout et tout semble lui sourire. Mais la situation peut se
retourner. Sans doute pas tout de suite mais peut-être plus
vite qu’on ne le croit.
Nous devons donc
nous préparer pour ce jour là. Car Sarkozy était
la dernière chance du système. Nous sommes la seule
chance de la France.
Bruno MÉGRET