Différend entre le Louvre et la Grèce


L'exposition Praxitèle, prévue au Louvre du 18 mars au 18 juin, aura lieu sans l'Ephèbe de Marathon


Le refus des autorités grecques de laisser sortir cette statue a provoqué un différend entre Paris et Athènes.

L'exposition sur le grand sculpteur grec du IVe siècle avant Jésus-Christ sera "un rassemblement extraordinaire" de chefs d'oeuvre, même en l'absence de la statue d'éphèbe, a indiqué le musée du Louvre.

Certaines oeuvres, comme un bronze de Sicile, une tête d'Aphrodite venue d'une collection privée anglaise, des antiques du Vatican ou des Offices à Florence, ne sont jamais sorties de leur musée, a précisé le conservateur et patron du département des antiquités grecques, étrusques et romaines Alain Pasquier.

Une tête d'Artémis, très abîmée mais qui pourrait être de Praxitèle lui-même, sera prêtée par la Grèce, tout comme une dizaine d'autres oeuvres.

Le différend a éclaté après l'annonce, le 8 février, par le ministère grec de la Culture que la Grèce ne prêterait pas, outre un petit bronze Apollon Lycien, l'Ephèbe de Marathon.

Le ministre de la Culture Renaud Donnedieu de Vabres est intervenu jeudi en demandant à son homologue grec Georgios Voulgarakis si la décision était "définitive".

Les Grecs affirment que la statue était sur une liste d'oeuvres qui ne pouvaient pas voyager. A Paris, on affirme qu'on l'ignorait.

Pour Alain Pasquier, qui "regrette" le tour pris par cette affaire, "il y a eu à la base un manque de clarté. Si on nous avait dit clairement, 'cet objet est sur une liste d'objets intransportables', il serait sorti de la liste dès 2005", date à laquelle ont été fournies des listes de demandes de prêts. On "ne nous a jamais parlé de cette liste", affirme-t-il.

Le commissaire de l'exposition parisisenne récuse le prétexte de "fragilité" de l'oeuvre, exposée au musée national d'Athènes "à l'air libre, sans vitrine équipée de toutes sortes d'appareils de contrôle. C'est une oeuvre qui, visiblement, se trouve en très bon état".

Selon lui c'est "l'affaire de Cleveland" qui a "tout empoisonné". Athènes a exigé le retrait de l'exposition d'une statue d'Apollon appartenant au musée de Cleveland que la Grèce, soupçonne avoir fait l'objet d'un trafic illégal. Le Louvre a pourtant accédé à la demande d'Athènes.

Grâce à ce type de stratégie, qui consiste à faire du battage autour d'oeuvres dont elle estime qu'elles ont pu être volées sur son sol, la Grèce a récemment obtenu du Getty de Los Angeles la restitution de quatre chefs d'oeuvre antiques.