06
décembre 2006
« Le recours à l'IVG par les mineures reste trop important
en France… Chez les jeunes filles de moins de 18 ans, trois
grossesses sur cinq aboutissent à une interruption volontaire,
soit 13 400 IVG en 2004. Ce chiffre n'a pas baissé depuis dix
ans. Cette situation n'est pas satisfaisante sachant que les séquelles
psychologiques sont plus graves chez ces jeunes filles que dans le
reste de la population féminine. En outre, le désarroi,
les difficultés d'accès et le mauvais usage de la pilule
du lendemain les conduisent souvent à recourir tardivement
à l'IVG, ce qui comporte plus de risques…alors qu'il
reste stable pour l'ensemble de la population féminine »
assure le Haut conseil de la population et de la famille.
Dans
un avis rendu mardi, le Haut conseil de la population et de la famille
affirme que la contraception des mineures est un « problème
de santé publique et non de moralité. »
Le nombre
des interruptions volontaires de grossesse (IVG) s'établit
à 210.000 en 2004, dernière année d'analyse publiée
à partir des données collectées par les systèmes
d'informations hospitalières. La légère hausse
observée depuis dix ans est à prendre avec précaution
et devra être confirmée par l'exploitation des bulletins
de déclarations confiée par la loi à l'Institut
national des études démographiques et à la direction
de la recherche, des études et de la statistique du ministère
chargé de l'emploi, de la cohésion sociale et du logement.
En France,
en 2004, quelque 13.000 mineures ont subi une interruption volontaire
de grossesse. La même année, 4.500 mères âgées
de moins de 18 ans ont donné naissance à un bébé.
« Or l'IVG et la contraception d'urgence sont devenues anonymes
et gratuites alors que la contraception orale, le choix préventif
le plus efficace, reste toujours payante, ou remboursable sur la sécurité
sociale des parents, ce qui restreint les possibilités de confidentialité
pourtant nécessaires à cet âge. Le choix de la
France apparaît donc mal adapté puisqu'il est exclusivement
curatif au lieu d'être surtout préventif. Tout le monde
peut s'accorder sur l'idée qu'il vaut mieux prévenir
les IVG chez les jeunes plutôt que d'avoir à les réaliser,
que ce soit du point de vue éthique, psychologique ou économique.
»
« Ces jeunes filles qui manquent d'information ne savent pas
que la contraception est gratuite dans les centres de planification
». « Elles se heurtent en outre au fait que, en matière
de contraception, la prescription d'un médecin est obligatoire
: pour obtenir la pilule, elles doivent donc consulter, ce qui les
oblige, si elles veulent être remboursées par la Sécurité
sociale, à en parler à leurs parents, ce qui est souvent
difficile. »
Le HCPF
préconise notamment des mesures pour faciliter l'accès
effectif des mineurs à la contraception. « Les exigences
de confidentialité, de gratuité et de proximité
pour l'accès des adolescents à la contraception peuvent
être satisfaites, mieux qu'aujourd'hui, par la mise en place
de dispositifs concertés au plan départemental, entre
les divers acteurs de santé concernés. »
«
En fonction des ressources locales et d'un diagnostic établi
sur la fréquentation des centres de planification par les mineures,
un réseau de prévention pourrait être construit,
dans chaque département, à l'initiative conjointe du
Conseil général et de l'Etat. Il s'appuierait non seulement
sur ces structures, implantées en milieu hospitalier ou en
dehors, et dont les moyens mériteraient certainement d'être
renforcés, mais aussi sur des médecins généralistes
et sur des pharmaciens volontaires pour y participer, » ajoute
le HCPF.
L'objectif
serait d'augmenter le nombre de lieux permettant un accueil gratuit
et confidentiel des jeunes en quête d'informations, de conseils,
et d'orientation. Consultation médicale et délivrance
sur ordonnance de produits et dispositifs contraceptifs seraient également
gratuits. Dans tous les cas, pour être efficace, la prise en
charge des frais devrait être assurée selon un processus
similaire à celui imaginé pour la pilule du lendemain
» propose le HCPF qui précise que « des expériences
limitées existent déjà et ont démontré
leur efficacité ; il faut les généraliser à
l'ensemble du territoire ».