Le CRIF "scandalisé" par les propos de Raymond Barre sur Maurice Papon,
Bruno Gollnisch et le "lobby juif"

samedi 03/03/2007




samedi 3 mars 2007, 8h57
Le CRIF "scandalisé" par les propos de Raymond Barre sur Maurice Papon,
Bruno Gollnisch et le "lobby juif"
PARIS (AP) -

Le Conseil représentatif des institutions juives de France
(CRIF) se déclare "scandalisé" par des déclarations de l'ancien Premier
ministre Raymond Barre qui, dans un entretien diffusé jeudi sur France
Culture, a pris la défense de Maurice Papon et Bruno Gollnisch, tout en
dénonçant la campagne qu'aurait menée contre lui en 1980 le "lobby juif le
plus lié à la gauche".


A la question de savoir si Maurice Papon, qui fut son ministre du Budget
de 1978 à 1981, aurait dû désobéir et de se démettre de ses fonctions
lorsque, sous l'Occupation, il était secrétaire général de la préfecture de
la Gironde, M. Barre a répondu par la négative.
"Personnellement j'ai plutôt le tempérament de la désobéissance. Mais
quand on a des responsabilités essentielles dans un département, une région
ou à plus forte raison dans le pays, on ne démissionne pas. On démissionne
lorsqu'il s'agit vraiment d'un intérêt national majeur", a souligné l'ancien
Premier ministre. Selon lui, "ce n'était pas le cas car il fallait faire
fonctionner la France".
Décrivant Maurice Papon comme un "bouc émissaire", M. Barre s'est dit
conscient de la portée de ses déclarations: "Que vous me fassiez passer pour
un antisémite, pour quelqu'un qui ne reconnaît pas la Shoah, j'ai entendu
cela cent fois et cela m'est totalement égal. Mais ce que je viens de dire,
je le répète."
Interrogé par ailleurs sur Bruno Gollnisch, qui a été conseiller
municipal FN de Lyon lorsqu'il était maire (1995-2001), Raymond Barre a
maintenu son soutien à cet élu, condamné pour propos négationnistes. "J'ai
dit en parlant de Bruno Gollnisch que je blâmais ce qu'il avait dit mais
que, pour le reste, je l'avais connu et que c'était un homme bien. C'était
un bon conseiller municipal, et que ceux qui ne sont pas satisfaits de cela
pensent ce qu'ils veulent."
Enfin, l'ancien chef du gouvernement a tenté de justifier les propos
qu'il avait tenus après l'attentat de la rue Copernic en 1980. Il avait
alors déploré la mort de "Français innocents", alors que l'attentat "voulait
frapper les juifs se trouvant dans cette synagogue".
Raymond Barre a fait valoir que, "dans la même déclaration", il avait
affirmé que "la communauté juive ne peut pas être séparée de la communauté
française". A ses yeux, une "campagne" avait été orchestrée contre lui par
"le lobby juif le plus lié à la gauche".
"Je considère que le lobby juif pas seulement en ce qui me concerne est
capable de monter des opérations indignes, et je tiens à le dire
publiquement", a-t-il poursuivi Raymond Barre.
Dans un communiqué, le CRIF estime que Raymond Barre "rejoint l'extrême
droite" en faisant "l'apologie" de MM. Papon et Gollnisch et en s'en prenant
au "lobby juif".
AP tl/com