Les critiques pleuvent sur Nicolas Sarkozy
Lundi 30 octobre 2006



Violences
Les critiques pleuvent sur Nicolas Sarkozy
Dans un climat préélectoral, PS et extrême droite accablent le ministre de l'Intérieur.
Par Matthieu ECOIFFIER
QUOTIDIEN Libération: lundi 30 octobre 2006


Indignation et surenchère de qualificatifs. Période préélectorale oblige, les responsables politiques se sont emparés hier de l'incendie du bus de Marseille au cours duquel une étudiante a été grièvement brûlée. Et la gauche comme l'extrême droite ont pris Nicolas Sarkozy pour cible, liant ce fait divers à son bilan de ministre de l'Intérieur.


«Inqualifiable».

Jacques Chirac a téléphoné hier matin à la famille de la jeune femme. Il lui a exprimé son «horreur devant cet acte ignoble» et l'a assurée que «tout [serait] mis en oeuvre pour retrouver et punir avec la plus extrême sévérité les auteurs de l'agression» . Pour s'en assurer, le chef de l'Etat s'est entretenu avec le Premier ministre et le ministre de l'Intérieur. Dominique de Villepin a fait part de son «indignation devant cet acte de violence» et convoqué pour aujourd'hui une réunion à Matignon sur «la sécurité et les transports publics». Nicolas Sarkozy a, quant à lui, dénoncé une «inqualifiable tentative criminelle». Jamais en reste, le candidat probable de l'UMP pour l'élection présidentielle de 2007 a aussi téléphoné à la famille de la victime et a pris de ses nouvelles auprès de son médecin. Et il a immédiatement dépêché deux compagnies de CRS à Marseille.


«Salopards».

A quelques mois de la présidentielle, le drame n'a pas manqué d'être interprété politiquement. Pour Ségolène Royal, ressentant «horreur et consternation», il signe un «grave échec de l'autorité de l'Etat». «Nous avons franchi un seuil : des enfants de 9-12 ans qui mènent des guérillas urbaines», a estimé sur Europe 1 la candidate à la candidature socialiste. Et de sortir deux propositions : «Donner les moyens pour placer les jeunes mineurs dans des centres éducatifs fermés, et réencadrer les familles.» Tout aussi «horrifié», son rival pour l'investiture Laurent Fabius a prôné la fermeté : «Ce sont des voyous, des criminels (...) Il faut vraiment tout mettre en oeuvre pour retrouver ces salopards et les châtier.» Pour lui, depuis les émeutes de l'an dernier dans les quartiers, il n'y a eu «rien, rien du tout (...) Nicolas Sarkozy commence à me chauffer les oreilles. Il est dans la propagande et, dans les faits, cela n'avance pas» . François Hollande s'en est lui aussi pris directement à Sarkozy : «Sa responsabilité est forcément engagée, quand il a enlevé des effectifs de police de certains quartiers, lorsqu'il a cassé la police de proximité, lorsqu'il a lui-même provoqué verbalement un certain nombre de jeunes. Oui, il a créé une situation de tension», a accusé le premier secrétaire du PS sur Radio J.


Grippe. A l'autre bout de l'échiquier, Philippe de Villiers a renvoyé dos à dos «l'échec flagrant et définitif de la politique de Nicolas Sarkozy» et «l'échec du laxisme socialiste» : «Depuis un an, les autorités n'ont toujours pas pris la mesure de la menace qui existe dans nos banlieues, véritables zones de non-droit livrées à de jeunes sauvages», a martelé le candidat du Mouvement pour la France (MPF). «Un scénario a été élaboré, si on voit brûler un ou deux bus par jour, c'est qu'il y a une stratégie de tension, un scénario de provocation», a déclaré pour sa part Jean-Marie Le Pen. Avant de poursuivre avec gourmandise : «Quand il y a des épidémies de grippe, les médecins profitent du développement de l'épidémie». Comme en 2002 ?