Lourdes condamnations pour les "filières
tchétchènes"
14/06/2006
PARIS (Reuters) - Vingt-cinq personnes jugées pour avoir
constitué en France un réseau de recrutement de combattants
islamistes pour le Caucase et préparé un attentat à
l'arme chimique en 2002 en France ont été condamnées
à Paris à des peines de prison.
Les quatre prévenus considérés
comme les chefs du réseau, des Algériens ou des Français
d'origine algérienne, ont été condamnés
à de lourdes peines, neuf ou dix ans d'emprisonnement.
Merouane Benhamed et Menad Benchellali sont frappés
de dix ans de prison, la peine maximale. Saïd Arif, extradé
de Syrie durant l'enquête, et Nourredine Merabet sont condamnés
tous deux à neuf ans de détention.
Le tribunal a ordonné que ces peines soient
assorties d'une période de sûreté des deux tiers.
Les autres peines sont inférieures aux réquisitions
du parquet, qui demandait entre trois et neuf ans de prison, et vont
de la prison avec sursis à huit ans de détention.
Outre le financement de la cause islamiste par divers
délits (trafic de voitures, de cartes de crédit et de
papiers d'identité falsifiés entre la France et l'Espagne),
le groupe terroriste est accusé d'avoir participé entre
2000 et 2002 à l'acheminement de combattants islamistes en Afghanistan
et dans le Caucase.
Menad Benchellali a ainsi participé à
des entraînements paramilitaires dans les gorges du Pankissi,
en Géorgie, avant de tenter de se rendre en Tchétchénie,
apparemment sanssuccès.
Il aurait ensuite préparé fin 2002 en
banlieue parisienne, à La Courneuve et Romainville, un attentat
à l'arme chimique ou biologique, selon l'accusation.
Cette accusation repose essentiellement, à défaut
de preuves matérielles, sur les déclarations à
la police et devant le juge d'instruction Jean-Louis Bruguière
du suspect Maamar Ouazane, condamné finalement à deux
ans de prison ferme, alors que le parquet avait requis cinq ans contre
lui.
LA TOUR EIFFEL PARMI LES CIBLES
Selon ce suspect, les cibles envisagées étaient
la tour Eiffel, des commissariats de police ou encore le magasin Naf-Naf
du centre commercial des Halles à Paris, censé représenter
les "intérêts juifs" aux yeux des conspirateurs.
Fait exceptionnel en matière de terrorisme,
le témoin, après ses dépositions, a été
libéré par le juge et contre l'avis du parquet, sans avoir
jamais été confronté aux personnes qu'il accusait.
"Si nous n'avions pas réussi à agir
et à démonter ce réseau (...), je pense que l'on
aurait eu en France plus de morts qu'à Madrid le 11 mars 2004",
s'était à l'époque félicité Jean-Louis
Bruguière.
Une liste de produits chimiques, des composants de
circuits imprimés électroniques et des traces de glycérine,
d'acide sulfurique et d'eau oxygénée avaient par la suite
été découverts au domicile de Menad Benchellali,
le principal prévenu.
Français d'origine algérienne, le jeune
homme aurait été initié à l'islamisme à
Londres par l'Algérien Rachid Boukhalfa - alias "Abou Doha",
pivot présumé des réseaux "djihadistes"
internationaux en Grande-Bretagne et bras droit supposé d'Oussama
ben Laden.
Au procès, Menad Benchellali a refusé
de se faire assister d'un avocat et a nié en bloc les accusations.
Son père, Chellali Benchellali, un imam de Vénissieux,
sa mère et son frère Hafed ont été condamnés
à des peines couvrant leur détention provisoire, pour
l'avoir aidé financièrement pendant ses voyages.
Un autre de ses frères, Mourad Benchellali,
a été emprisonné durant plusieurs années
à Guantanamo (Cuba) avant d'être envoyé en France
et mis en examen dans un autre dossier.