Deuxième
nuit de violences et marche silencieuse à Clichy-sous-Bois
AFP 29.10.2005 - 13:37
Quatorze
jeunes ont été interpellés à Clichy-sous-Bois
au cours d'une deuxième nuit de "guérilla urbaine",
après la mort par électrocution de deux mineurs, jeudi,
dans des circonstances qui font l'objet d'une enquête de la police
judiciaire.
Les quatorze
jeunes, âgés d'une vingtaine d'années et placés
en garde à vue durant la nuit de vendredi à samedi, sont
tous issus de Clichy-sous-Bois (Seine-Saint-Denis). Ils sont entendus
dans les locaux de la sûreté départementale.
Samedi
matin, une marche silencieuse a réuni dans le centre ville plusieurs
centaines d'habitants venus rendre hommage aux deux adolescents. Cette
deuxième "nuit de guérilla urbaine", qualifiée
de "très difficile" et "très violente"
par la police, s'est traduite par de nombreux affrontements entre des
bandes de jeunes et les forces de l'ordre. Un camion de CRS a reçu
un tir de balle.
Vingt-trois
policiers ont été blessés, dont une quinzaine de
CRS. Certains se sont vus prescrire jusqu'à dix jours d'Interruption
totale de travail (ITT) à cause de jets de projectiles, a précisé
la sûreté départementale chargée de l'enquête.
"Il y a eu des charges répétées contre les
forces de l'ordre, une centaine de jets de projectiles, notamment des
cocktails molotov, des pierres, des roues de vélo, des plaques
de fonte et des barres de fer", a expliqué un enquêteur
resté sur place toute la nuit.
La ville voisine de Montfermeil a également été
le théâtre d'échauffourées, des jeunes ayant
tenté d'incendier le poste de police "Utrillo" de cette
ville. Les policiers ont dû user à près de 150 reprises
de tirs de flashballs et ont tiré une cinquantaine de grenades
lacrymogènes. Ces affrontements qui se sont principalement déroulés
dans le quartier du Chêne-Pointu, et dans la rue Maurice Audin,
ont moblisé près de 400 policiers de 21h30 jusqu'à
la fin des "combats", vers 23h45. Bilan: vingt-neuf
véhicules incendiés, de nombreuses cabines téléphoniques
brisées, des poubelles enflammées avec l'aide d'hydrocarbures.
Les pompiers
sont intervenus une quarantaine de fois. Dans un communiqué,
la Ligue des Droits de l'Homme de Seine-Saint-Denis a déploré
qu'"au moment où certains représentants des pouvoirs
publics multiplient les provocations verbales vis-à-vis des jeunes
de banlieue +nettoyage au Karcher+, on ne peut malheureusement pas s'étonner
que ce qui devrait rester des incidents avec la police se transforme
en drame".
La ville est en proie à des émeutes depuis le décès
jeudi de deux adolescents de 17 et 15 ans, Ziad et Banou, morts électrocutés
après s'être introduits dans l'enceinte d'un transformateur
EDF. La rumeur s'était répandue que les deux jeunes s'étaient
réfugiés dans cet endroit à la suite d'une course-poursuite
avec la police, ce qui a été démenti par la préfecture,
la police, le parquet et le ministre de l'Intérieur. Selon la
police, ces deux jeunes avaient fait partie quelques heures plus tôt
d'une bande visée par un contrôle policier dans un chantier
dans la ville voisine de Livry-Gargan. Ils avaient pris la fuite sans
être directement poursuivis par les policiers.