par
Sebastian Roché,
chargé de recherche au CNRS
CERAT-Grenoble,
secrétaire général
de la société européenne
de criminologie
LES
CHIFFRES DE LA DELINQUANCE "Un bilan globalement négatif"
NOUVELOBS.COM
| 10.01.2007 | 14:58
Le
Nouvel Observateur. – Quand Nicolas Sarkozy est arrivé
au ministère de l’Intérieur au printemps 2002,
il s’est fait fort de s’attaquer au problème
de l’insécurité, l’un des thèmes
qui avait fait perdre la gauche à l’élection
présidentielle. Mission accomplie ?
Sébastian
Roché. – Sans jugement idéologique, la réponse
est non. J’examine les faits et les chiffres. Je compare les
promesses qui ont été faites et celles qui ont été
tenues. En cinq ans, Nicolas Sarkozy n’a pas réussi
à stabiliser, ni même à faire baisser, les violences
les plus graves˜: violences urbaines, violences aux personnes,
trafics de drogues dures.
N.
O. –Pour défendre son bilan, il avance cette statistique˜:
depuis qu’il est Place-Beauvau, la délinquance a baissé
de 9%. Sous Lionel Jospin, elle avait augmenté de 14%...
S.
Roché. – Le pourcentage global est exact, mais il n’exprime
qu’une partie de la réalité. Car certains crimes
et délits ne sont pas pris en compte par les statistiques
officielles de la délinquance. Nous y reviendrons plus loin.
Examinons d’abord les chiffres du ministre. Qu’est-ce
qui baisse depuis quelques années ? Les atteintes aux biens.
Ou pour parler plus simplement les vols, qui représentent
aujourd’hui près des trois quartsdes quelque 3,3 millions
de faits de délinquance recensés par la police –
le reste se partage entre les atteintes aux personnes et les infractions
économiques et financières (voir encadré 1).
Nul besoin d’être un grand statisticien pour comprendre
que si le « poste vol » – de loin le plus important
– diminue, alors le chiffre global de la délinquance
décroît aussi. Mais cette baisse globale de 9% cache
des hausses.
N.
O. – Le recul des vols, ce n’est quand même pas
négligeable...
S. Roché. – Evidemment. Cependant, la décrue
observée aujourd’hui en France se produit dans toute
l’Europe. Partout, il y a moins de vols d’automobiles
ou dans les magasins (voir encadrés 2 et 3). En France comme
dans des pays où Nicolas Sarkozy ne dirige pas la police
! Nous sommes dans la moyenne sans plus par rapport à nos
voisins.
N.
O. – La diminution des atteintes aux biens n’a rien
à voir avec l’action de Nicolas Sarkozy ?
S.
Roché. – Ni avec celle d’aucun autre ministre
de l’Intérieur ! Elle est due à l’amélioration
des systèmes de protection. Les constructeurs de voiture,
par exemple, sensibles aux demandes des consommateurs, ont développé
les alarmes, les coupe-circuit ou les serrures renforcées.
Et les hypermarchés se sont équipés de vidéosurveillance
ou de portiques.
N.
O. – Venons-en au bilan en matière d’atteintes
aux personnes, peu flatteur selon vous pour Nicolas Sarkozy...
S.
Roché. – Reportons-nous aux chiffres du ministère
de l’Intérieur. En mai 2002, quelques jours après
l’arrivée de Nicolas Sarkozy Place-Beauvau, selon la
définition de l’OND (Observatoire national de la Délinquance),
on compte 372 263 atteintes à l’intégrité
physique. A la fin de l’année 2006, on en dénombre
432 441. Cela représente 60 178 faits de violence supplémentaires,
soit une hausse de 16% (voir encadré 4).
N.
O. – Ce chiffre n’est jamais mis en avant dans les communiqués
officiels ou les discours du ministre. C’est le chiffre noir
de Nicolas Sarkozy ?
S.
Roché. – C’est un chiffre à replacer dans
une évolution générale. A l’inverse des
vols, depuis les années 1980 les atteintes aux personnes
augmentent de façon continue dans d’autres pays d’Europe.
Et comme pour les atteintes aux biens, les explications ne sont
pas à rechercher en priorité dans l’action ou
l’inaction de la police. Elles dépendent en grande
partie des conditions socio-économiques ou familiales. On
sait notamment que la précarité favorise la frustration
et l’agression... En France, en vingt ans, ce type de violence
a été quasiment multiplié par trois. C’est
un mouvement de fond qui ne dépend pas de la couleur politique
du ministre de l’Intérieur.
N.
O. – Il n’y a aucune différence selon que l’on
est sous Chevènement, Vaillant ou Sarkozy ?
S.
Roché. – On observe des variations à la marge.
Des hausses plus ou moins rapides sous l’effet du contexte,
mais globalement l’arrivée de Nicolas Sarkozy ne marque
aucune amélioration décisive dans la lutte contre
les violences. Son bilan est un bilan moyen, qui ressemble à
ceux des autres ministres de l’Intérieur. La communication
en plus. C’est là qu’est le vrai changement :
Nicolas Sarkozy a nommé sans fard l’insécurité
et ses ravages. Mais il a aussi voulu croire, ou laissé croire,
que la police allait, à elle seule, résoudre ce problème
que l’on disait numéro un en 2002. C’est en fait
impossible. Aujourd’hui, la déception peut être
d’autant plus grande que ce sont les actes graves qui progressent
le plus.
N.
O. – Une récente enquête de l’Insee estime
qu’en 2005 la délinquance a été trois
fois supérieure aux chiffres constatés par la police...
S.
Roché. – Cette étude repose sur une enquête
auprès de personnes qui affirment avoir été
victimes et non sur les faits comptabilisés par la police.
Au sein même du ministère de l’Intérieur,
on s’interroge sur cet écart entre la statistique officielle
et la réalité vécue. Mais le ministère
ne change rien à ses méthodes de comptage.
N.
O. – Le ministre de l’Intérieur dit souvent que
ces chiffres auraient été meilleurs sans les émeutes
de l’automne 2005...
S.
Roché. – Cet argument est curieux. D’abord, les
délits commis pendant ces émeutes n’expliquent
pas à eux seuls l’augmentation continue des violences
urbaines (voir encadré 5). Ensuite, Nicolas Sarkozy lui-même
n’a cessé de répéter que les émeutiers
étaient des « voyous » et des délinquants
récidivistes. Et on devrait exclure leurs délits du
bilan ?
N.
O. – Nicolas Sarkozy avait promis de « karchériser
» certains quartiers, de s’attaquer aux « zones
de non-droit »...
S.
Roché. – Pourtant il s’est comme les autres cassé
les dents sur les quartiers difficiles. Contrairement à ses
annonces, la police n’a pas porté le fer dans ce que
l’on appelle des « zones urbaines sensibles »,
les ZUS. Dans la plupart de ces zones, les atteintes aux biens et
aux personnes les plus graves progressent (voir encadré 6).
N.
O. – En octobre, dans un 20-Heures de TF1, Nicolas Sarkozy
affirmait˜: « La délinquance a reculé dans
chacun des départements de la région parisienne, y
compris la Seine-Saint-Denis, et elle a reculé fortement
»...
S.
Roché. – Une affirmation démentie par les chiffres
(voir encadré 7). Selon les chiffres de l’Observatoire
national de la Délinquance (OND), entre décembre 2005
et novembre 2006 les atteintes aux biens ont progressé de
plus de 9% en Seine-Saint-Denis et les atteintes aux personnes de
12%. Chose peu connue, le taux d’homicide y est aussi nettement
plus élevé que dans le reste des départements
de la région parisienne. Nicolas Sarkozy a mis un coup d’arrêt
à la police de proximité – ce modèle
très prometteur pas réellement mis en œuvre par
la gauche –, mais ses dispositifs n’ont pas été
plus efficaces pour éradiquer les noyaux durs de la délinquance.
Les chiffres livrent un paradoxe très éclairant˜:
c’est dans les départements où la délinquance
est la moins élevée qu’elle a le plus diminué
ces dernières années ! Dans la Creuse (moins 26% entre
2002 et 2005) ou dans l'Ariège (moins 22,5 %). En revanche,
plus un département est « criminogène »,
plus la baisse de la délinquance y est faible ! Ainsi, toujours
entre 2002 et 2005, elle baisse de moins 0,5% en Seine-Maritime
ou de moins 0,1% dans les Bouches-du-Rhône.
N.
O. – Pourtant, selon le ministère de l’Intérieur,
« les groupes d’interventions régionaux (GIR)
mènent une action sans relâche afin de combattre l’économie
souterraine, principalement dans les quartiers sensibles ».
Depuis de début de l’année 2006, les GIR, l’une
des innovations phares de Nicolas Sarkozy, ont procédé
à 589 opérations (voir encadré 8)...
S.
Roché. – Initiés par Chevènement, étoffés
par Sarkozy, ces groupements régionaux, pensés pour
combiner l’action de la police, de la gendarmerie, de l’administration
fiscale et des douanes, ont été lancés à
grand renfort de publicité. Pourtant les patrons des GIR
eux-mêmes reconnaissent en privé qu’ils n’arrivent
pas à travailler en profondeur dans les zones sensibles.
Tout simplement parce qu’il n’y a plus de police de
proximité à l’intérieur des quartiers
pour ramener du renseignement. Résultat˜: les GIR ne
font que des petites affaires, ou alors des affaires importantes
mais en dehors des ZUS. En bref les GIR ne se révèlent
pas l’arme que l’on attendait contre les trafics dans
les ghettos. Les chiffres de la consommation de drogue le démontrent
parfaitement. A entendre Nicolas Sarkozy, les émeutiers de
2005 auraient réagi parce que sa police était en train
de démanteler les réseaux de trafiquants dans les
quartiers. Or, selon l’OFDT (Observatoire français
des Drogues et des Toxicomanies), la consommation de drogue dure
chez les jeunes a augmenté de plus de 30% ces dernières
années (voir encadré 9). Ce qui signifie 30% de chiffre
d’affaires en plus pour les trafiquants en deux ans.
N.
O. – Nicolas Sarkozy répète pourtant que sa
police est plus efficace. Il met notamment en avant l’augmentation
des taux d’élucidation des affaires, qui était
à la fin de l’année dernière de plus
de 35%. Soit une hausse de 10,5 points en cinq ans (voir encadré
10)...
S.
Roché. – Malheureusement le fait d’interpeller
plus d’auteurs ne suffit pas à faire baisser la délinquance
! Exemple : les vols d’automobiles, on l’a dit, ont
diminué depuis 2002. Or, sur cette même période,
ils sont moins élucidés˜: on arrête moins
de voleurs de voitures. Inversement, les crimes et délits
les mieux élucidés sont les atteintes aux personnes,
qui sont en constante augmentation. Pour une raison simple : le
plus souvent, les victimes voient l’agresseur et peuvent donner
des éléments à la police. Malgré cela,
les violences continuent à progresser... En fait, Nicolas
Sarkozy est resté rivé à un vieux modèle
de police datant des années 1960, la « police réactive
». Celle qui intervient après coup. Pour lui, une bonne
police est une police qui interpelle beaucoup. Pour cela, il lui
a donné des moyens juridiques (de nouvelles lois), des moyens
financiers (5,6 milliards d’euros en 2002), des moyens, si
l’on peut dire, « psychologiques », c'est-à-dire
une incitation plus grande à arrêter les délinquants.
Ce qu’il appelle la « culture du résultat ».
Avec des quotas d’interpellations ou de gardes à vue
à réaliser... Mais est-ce qu’une bonne police,
c’est une police qui arrête beaucoup d’émeutiers
ou une police qui empêche les émeutes ? Une police
qui arrive quand il est trop tard ou une police qui évite
aux gens d’être victimes ?
N.
O. – Depuis que Nicolas Sarkozy est ministre de l’Intérieur,
il y a en tout cas plus de policiers dans la rue...
S.
Roché. – L’utilisation de l’informatique
permet de mieux contrôler la présence des effectifs
sur le terrain et de diminuer la proportion des personnels dans
les bureaux. Cependant, les effectifs n’ont pas assez, voire
pas du tout, augmenté dans les zones sensibles. Le préfet
de Seine-Saint-Denis se plaint même d’une « diminution
très perceptible » des effectifs de la sécurité
publique dans son département depuis 2002.
N.
O. – Nicolas Sarkozy avait pourtant promis de redéployer
les effectifs et de changer les zones de police et de gendarmerie.
Est-ce que cette promesse a été tenue ?
S.
Roché. – A moitié. Dès les années
1970, on s’est rendu compte qu’il y avait plus de forces
de l’ordre dans les zones où il y avait le moins de
crimes et de délits. Chevènement a commencé
à y remédier très partiellement sous Jospin.
Il s’est arrêté en chemin devant la protestation
des élus et des syndicats de police. Sarkozy a repris ce
chantier, l’a amplifié, mais pas achevé, loin
de là. Des 89 zones polices devant passer à la gendarmerie
(selon le rapport Carraz-Hyest de 1998), 40 ont été
réellement transférées. Surtout, Nicolas Sarkozy
n’est pas parvenu à concentrer les moyens sur les zones
qui en ont le plus besoin.
N.
O. – Il y affecte des CRS en fonction des événements...
S. Roché. – Les socialistes avaient déjà
essayé cette méthode. Ces CRS sont utiles pour intervenir
en cas d’urgence ou sécuriser des quartiers dans des
périodes de tension. Mais, sauf fidélisation durable,
ils n’ont aucune connaissance du terrain, et dans tous les
cas ils ne peuvent remplacer des policiers qui travaillent sur la
durée... Il y a un problème de fond avec les CRS et
les gendarmes mobiles que Nicolas Sarkozy – pas plus que ses
prédécesseurs – n’a pas réussi
à régler. Ces forces mobiles (32 000 policiers et
gendarmes) sont surdimensionnées, elles coûtent très
cher et elles ne sont pas les plus efficaces pour les missions de
sécurisation.
N.
O. – Nicolas Sarkozy a tout de même quelques avancées
à son actif...
S. Roché. – Bien sûr. Il a su, surtout lors de
ses premières années au ministère, écouter
et remotiver ses troupes. Nicolas Sarkozy affirme être plus
« transparent » que ses prédécesseurs.
La création de l’Observatoire national de la Délinquance
pour analyser les chiffres bruts constitue un progrès d’une
ampleur pour le moment limitée. Cet organisme met une distance
entre les autorités politiques et le système de mesure,
plus que sous Lionel Jospin. Cela étant dit, les chiffres
publiés par l’OND sont les chiffres de la police nationale.
Cet observatoire reste donc dépendant du ministère.
Il n’a pas non plus essayé d’analyser scientifiquement
l’effet des politiques ou tactiques de police mises en œuvre.
N.
O. – Des efforts ont aussi été faits pour «
diversifier » le recrutement dans la police...
S.
Roché. – Oui, Nicolas Sarkozy a lancé l’école
des Cadets de la République. L’objectif est de construire
une police « de toutes les couleurs » – comme
l’avait amorcé Chevènement avec les adjoints
de sécurité (les emplois-jeunes de la police). Cette
évolution très positive a commencé chez les
gardiens de la paix. Reste à la mettre en œuvre largement
chez les officiers et les commissaires. Reste surtout à mesurer
de manière impartiale la qualité de la police dans
les ZUS et les éventuelles discriminations envers les minorités.
A cet égard, Nicolas Sarkozy n’a pas pris suffisamment
la mesure des émeutes de 2005. Un événement
hors normes, historique en Europe. Pas plus que le gouvernement
d’ailleurs. Le Parlement aurait dû établir une
vraie commission d’enquête. On s’est contenté
d’une mission d’information au Sénat, avec des
pouvoirs d’investigation restreints et sans cibler les émeutes
dans son intitulé. Il n’y a pas eu de véritable
prise de conscience. En Grande-Bretagne, par exemple, après
les émeutes de 2000, le ministre de l’Intérieur
a dénoncé un « racisme institutionnel ».
Il a posé la question de la discrimination dans le système
public. Rien de tel en France.
N.
O. – Au final, la politique sécuritaire de Nicolas
Sarkozy est-elle une « rupture » par rapport à
celle de ses prédécesseurs ?
S.
Roché. – Aucunement. Nicolas Sarkozy s’est contenté
de faire des ajustements, au demeurant fort utiles, avec une bonne
équipe de techniciens. Il n’a pas osé imaginer
la police dont les citoyens ont besoin. Il n’a toujours pas
fait les grandes réformes indispensables. Il n’a pas
donné la priorité aux atteintes aux personnes pourtant
au cœur de la mission de police publique (car ces atteintes
ne peuvent être combattues par les entreprises), au trafic
de drogue, ni tenté de mieux anticiper et amortir les explosions
urbaines. Il n’a pas réussi à mettre en place
un nouveau système de police pour les quartiers difficiles.
Il n’a pas inventé des instruments pour mesurer la
qualité du service. Bref, son successeur aura devant lui
un énorme chantier˜: celui de la démocratisation
et de la modernisation de la police.
Propos recueillis par Marie-France Etchegoin,
Sylvain Courage et Olivier Toscer
(Cet interview est également publiée
dans
le Nouvel Observateur du jeudi 11 janvier)
INSECURITE
Sarkozy
défend son bilan :
"Les résultats sont là"
NOUVELOBS.COM
| 12.01.2007 | 10:53
Présentant
son bilan, le ministre de l'Intérieur a longuement comparé
ses résultats à l'Intérieur avec ceux du gouvernement
Jospin.
La
délinquance a baissé de 1,3% en 2006 en France et
"les résultats sont là", a déclaré
jeudi 11 janvier le ministre de l'Intérieur, Nicolas Sarkozy,
en défendant son bilan jeudi 11 janvier.
Nicolas Sarkozy s'est dit "fier" du recul de 9,4% de la
délinquance depuis 2002 lors d'une conférence de presse
place Beauvau.
"Je
le dis sans ambages: je suis fier des résultats obtenus par
les policiers et les gendarmes dans notre pays", a déclaré
le ministre de l'Intérieur et candidat à l'élection
présidentielle. "La sécurité a progressé,
la peur a reculé".
"Après
avoir baissé de 3,4% en 2003, de 3,8% en 2004, et de 1,3%
en 2005, la délinquance régresse en 2006 de 1,3%",
s'est félicité Nicolas Sarkozy.
"Alors
que la délinquance avait augmenté de 17,8% entre 1997
et 2002, elle a baissé de 9,4% depuis 2002. Cela veut dire
que, depuis 2002, plus de 1.153.000 victimes ont été
épargnées", a calculé le ministre de l'Intérieur.
Il
a jugé ces résultats "d'autant plus significatifs
qu'ils s'accompagnent d'une forte progression de l'activité
des services". La délinquance "révélée,
qui ne donne pas systématiquement lieu à dépôt
de plainte, mais qui est le résultat direct d'une initiative
policière", a augmenté de plus de 31% en cinq
ans".
"Progression constante" du taux d'élucidation
"La
délinquance baisse alors même que, par leur initiative,
les services de police et de gendarmerie révèlent
plus de crimes et de délits que ceux qui sont spontanément
portés à leur connaissance", a constaté
Nicolas Sarkozy.
L'hôte
de la place Beauvau s'est félicité de la "progression
constante" du taux d'élucidation, qui s'élevait
à 34,3% en 2006. "Alors qu'on ne retrouvait qu'à
peine un délinquant sur quatre en 2001, on en arrête
désormais plus d'un sur trois", a-t-il noté.
Il
s'est défendu sur le principal point noir de son bilan, l'augmentation
de 13,9% des violences contre les personnes depuis cinq ans, en
observant qu'elles avaient "explosé" en progressant
de "plus de 40%" entre 1997 et 2002. "Depuis cinq
ans, nous avons réussi à enrayer cette progression",
a-t-il dit.
Le
ministre de l'Intérieur a noté que "ce qui augmente,
ce sont les violences physiques non crapuleuses, les violences gratuites"
contre les forces de l'ordre ou les violences privées. Mais
ces violences représentent "5% de la délinquance
générale".
Le
bilan de Nicolas Sarkozy
NOUVELOBS.COM
| 11.01.2007 | 16:40
Voici
les éditoriaux consacrés par les quotidiens du jeudi
11 janvier au bilan de Nicolas Sarkozy au ministère de l'Intérieur.
LA
CHARENTE LIBRE
Jacques Guyon
"(...)
On pourrait également se réjouir de cette mise en
perspective de déclarations et de discours qui rompt avec
l'habituelle orgie d'images et de plans-séquences qui ne
révèlent que l'écume de l'homme et de ses idées.
Il reste que très vite, on se rend compte qu'on est bien
plus dans le pamphlet et la caricature que dans l'exégèse
et le souci d'élever le débat. Quand le PS entend
dépasser le slogan basique et réducteur de "Sarko,
facho", on pourrait attendre qu'il fasse autre chose que de
croquer le président de l'UMP en "néoconservateur
américain à passeport français". Il y
a même dans cette approche caricaturale un air de xénophobie
tout à fait désagréable. Pourquoi ne pas rappeler,
pendant qu'on y est, que les Sarkozy ont immigré de Hongrie
et qu'on regrette qu'ils aient alors choisi Paris plutôt que
les States ? Même si un seul missile loupe sa cible et fait
des dégâts collatéraux, c'est grave."
LA
REPUBLIQUE DU CENTRE
Jacques Camus
"(...)
Sans nul doute, il y a eu, chez le ministre de l'Intérieur,
des actes et des comportements qui légitiment les critiques
formulées. On dira même qu'un certain nombre de tics
sarkoziens prêtent à la caricature. Tout le problème
est d'éviter de tomber dans la démesure. Affirmer
que Sarkozy (quelles que soient ses erreurs) est un "néoconservateur
américain au passeport français" frise l'insulte
discriminatoire. L'excès appelant l'excès, l'UMP a
réagi en évoquant des méthodes évoquant
celles de l'ancienne Stasi. La confrontation démocratique
ne gagnera évidemment rien à ce type d'échanges.
En tout cas, la répartition des rôles entre Ségolène
Royal et le PS semble plus adroitement définie qu'on ne le
pensait. Alors que Ségolène Royal, tout miel, dit
sa volonté d'un débat respectueux des personnes, le
parti se charge des manouvres de diversion plus ingrates et règle
les comptes... en attendant que la candidate expose son projet pour
la France."
LA
REPUBLIQUE DES PYRENEES
Jean-Marcel Bouguereau
"(...)
Au total le bilan de Sarkozy est moyen et il ressemble à
ceux des autres ministres de l'Intérieur. Avec quelques talents
en plus : la communication. Comme le note le document du PS, "L'homme
ne manque ni d'idées, ni de force de conviction ni de capacité
de séduction". "Son énergie, son culot,
son aplomb" en font "un bon client pour les médias
audiovisuels". Avec un échec patent : La police qui
l'avait accueilli comme un héros a montré sa déception
à l'occasion des dernières élections professionnelles,
rejetant sa culture du "chiffre". Mais surtout il s'est
cassé les dents sur les quartiers difficiles où les
atteintes aux biens et aux personnes ont connu une forte progression.
Chacun sait que la précarité favorise la frustration
et l'agression. Il n'est pas certain de ce point de vue que son
libéralisme assumé - même s'il tend à
l'estomper - soit le meilleur remède aux maux qui sont à
l'origine d'une partie de l'insécurité."
suivra