Le
CFCM en pleine tourmente politique
20 Minutes
| édition du 18.09.06
L'instance
chargée de représenter les cinq millions de musulmans
de France traverse une nouvelle crise. Le Conseil français
du culte musulman (CFCM) a dû réunir hier son conseil
d'administration pour procéder à l'élection d'un
nouveau bureau exécutif, dont l'action est paralysée
depuis un an par une guerre interne. Résultat, le président
de la puissante Fédération nationale des musulmans de
France (FNMF), Mohamed Bechari, accusé par ses opposants d'être
trop proche du Parti socialiste français, a été
écarté.
Le premier
pavé dans la mare a été jeté vendredi
par la Grande Mosquée de Paris (GMP) et l'Union des organisations
islamiques de France (UOIF). Les deux organisations ont annoncé
leur retrait du bureau exécutif, en affirmant en venir à
cette extrémité parce que « toutes les tentatives
de conciliation proposées aux différentes parties de
la FNMF » avaient échoué. La fédération
est en effet agitée depuis de longs mois par une crise interne,
Mohamed Bechari étant remis en cause par des adhérents.
Mais,
selon ce dernier, ses déboires au sein de la FNMF n'ont en
réalité rien à voir avec son éviction.
Il affirme que la vraie raison est liée à la campagne
présidentielle. Et accuse la GMP et l'UOIF de vouloir amener
les voix des musulmans à Nicolas Sarkozy. « Le CFCM ne
doit pas servir à la campagne de certains candidats dans les
perspectives des élections de 2007 », prévient
Mohamed Bechari, visiblement pas décidé à jeter
l'éponge.
S. C.
©2006
20 minutes
Le CFCM
a été installé en 2003 par Nicolas Sarkozy, après
plusieurs années d'efforts de gouvernements de droite et de
gauche, soucieux d'avoir en face d'eux des représentants de
l'islam de France. La GMP est réputée proche de l'Algérie,
la FNMF du Maroc, et l'UOIF des Frères musulmans. Dalil Boubakeur
(GMP) préside le CFCM depuis sa création. Le CFCM nomme
des aumôniers musulmans pour les armées, les hôpitaux
et les prisons. II décide des dates de début et de fin
du ramadan, ou organise l'Aïd-el-Kébir.
Conseil
du culte musulman: la Mosquée de Paris et l'UOIF décident
de se retirer
20Minutes.fr
avec AFP | 18.09.06 | 09h57
La Grande
Mosquée de Paris (GMP) et l'Union des organisations islamiques
de France (UOIF) ont annoncé vendredi leur retrait du bureau
exécutif du Conseil français du culte musulman (CFCM),
paralysé depuis plus d'un an par un conflit interne.
"Toutes
les tentatives de conciliation proposées aux différentes
parties de la Fédération nationale des musulmans de
France (FNMF) ont malheureusement échoué, entraînant
le dysfonctionnement du bureau exécutif du CFCM", selon
un communiqué. "Devant ce constat, la FGMP et l'UOIF ont
décidé purement et simplement de se retirer du bureau
exécutif".
Cette
décision sera communiquée lors d'un conseil d'administration
(CA) dimanche à la Mosquée de Paris, ajoutent Dalil
Boubakeur, président du CFCM et recteur de la Mosquée
de Paris, et Fouad Alaoui, vice-président du CFCM et premier
vice-président de l'UOIF. Les deux fédérations
"n'ont cessé d'oeuvrer pour sauvegarder l'unité
et la cohésion au sein du Bureau exécutif du CFCM",
assurent-ils.
La Mosquée
de Paris est proche de l'Algérie, l'UOIF est située
dans le sillage des Frères musulmans, la FNMF est proche du
Maroc.
Le CA,
déjà plusieurs fois reporté en raison de dissensions
au sein de la FNMF qui ont contribué à paralyser totalement
le CFCM depuis sa réélection en juin 2005, permettra
à chacun de se compter pour tenter d'élire un nouveau
bureau. Des tractations devaient se poursuivre samedi.
La réunion
devait avaliser la nomination d'aumôniers nationaux pour les
armées, les hôpitaux et les prisons et entamer le travail
en commissions. Le mois de jeûne musulman du Ramadan approche
et devrait débuter le 23 ou le 24 septembre, tandis qu'il faut
organiser l'Aïd el-Kebir qui tombera en fin d'année, le
31 décembre ou le 1er janvier.
"On
espère que ce coup de pied dans la fourmilière permettra
de clarifier la situation", a dit à l'AFP M. Alaoui. "Nous
n'avons rien à perdre, la seule perte serait que le CFCM s'écroule,
nous avons mis tous nos efforts pour que les musulmans de ce pays
puissent avoir une instance".
Le président
contesté de la FNMF Mohamed Bechari a assuré que le
CA allait "discuter de la configuration d'un bureau pluriel qui
peut reprendre les choses normalement". Mais la FNMF va poser
ses conditions pour y participer, a-t-il ajouté, souhaitant
que le CFCM s'émancipe de l'influence des pays d'origine et
"ne serve pas à la campagne de certains candidats dans
la perspective des élections de 2007". Il n'a pas voulu
préciser sur combien de membres du CA il pouvait compter.
Ses opposants
réunis au sein du REC (Rassemblement des élus du CFCM)
ont souligné dans un communiqué qu'ils représentent
un tiers du CA et espéré que la démission de
la GMP et de l'UOIF "ouvre de nouvelles perspectives pour un
nouveau départ du CFCM sur des bases saines et dans le respect
de l'équilibre entre les différentes composantes réellement
représentatives".
Le CFCM
avait été installé en 2003 par M. Sarkozy, après
des années d'efforts des gouvernements de gauche comme de droite,
pour représenter l'islam, deuxième religion du pays
avec quelque cinq millions de personnes, soit la première communauté
musulmane de l'Union européenne.
©
2006 AFP