Pour l'islam de France, les caricatures sont un acte raciste


SOPHIE DE RAVINEL.
LE FIGARO du 03 février 2007
Actualisé le 03 février 2007 : 22h00

Me Francis Szpiner est formel : le procès qui va s'ouvrir le 7 février prochain, intenté par la Mosquée de Paris, l'Union des or­ganisations islamiques de France (UOIF) et la Ligue islamique mondiale « n'est pas celui de la liberté d'expression ou de la laïcité, comme on veut le faire croire ». Pour l'avocat de Dalil Boubakeur, le recteur de la grande Mosquée de Paris, « ce qui est en jeu, c'est le racisme. Et le racisme n'est pas une opinion mais un délit ».


Cité devant la 17e chambre correctionnelle de Paris (celle de la presse), Charlie Hebdo est accusé d'avoir publié un numéro spécial, le 8 février dernier, consacré aux caricatures danoises du prophète Mahomet.


Deux dessins sont particulièrement visés : celui du prophète de l'islam coiffé d'un turban en forme de bombe, sur lequel figure la profession de foi des musulmans, et un autre le représentant sur un nuage, accueillant des terroristes après leurs attentats, et leur signalant qu'il ne dispose plus de vierges en stock. « Cet amalgame entre les intégristes, les musulmans dans leur ensemble (...) caractérise donc manifestement un propos raciste délibéré, constitutif d'une injure à l'égard d'un groupe de personnes à raison de sa religion », est-il indiqué dans la citation.


Ce qui importe à Dalil Boubakeur, au-delà du résultat de ce procès, c'est « de faire prendre conscience aux juristes de l'existence d'un islam de France, deuxième religion nationale ». « Les musulmans sont victimes d'une injustice de traitement », affirme-t-il, dénonçant le fait que le droit et la justice sont « un simple rapport de fort à faible, d'ethnies respectées à ethnies hu­miliées ».


De son côté, Charlie Hebdo pourra s'appuyer sur deux témoins de poids : François Bayrou et François Hollande.