Benoît XVI a publié ce mardi sa première exhortation apostolique


un texte doctrinal qui maintient le caractère obligatoire du célibat pour les prêtres et confirme que les élus politiques catholiques doivent s'opposer aux lois contraires à la nature humaine.
mardi 13 mars 2007, 18:17

Après une première encyclique en janvier 2006 sur l'amour et la charité, le pape allemand, qui fêtera ses 80 ans le 16 avril, consacre ce nouveau document au sacrement de l'eucharistie et à ses conséquences dans la vie de tout catholique soucieux de "cohérence". Il y souligne que la pratique religieuse "n'est pas un acte purement privé, sans conséquence sur nos relations sociales", mais qu'elle "requiert un témoignage public" de leur foi par les croyants.

Ses recommandations, qui ont valeur d'obligation, reprennent pour l'essentiel les propositions d'un synode (assemblée) des évêques du monde entier réunis en octobre 2005 au Vatican. Benoît XVI y adresse un ferme avertissement aux "hommes politiques et législateurs catholiques" pour qu'ils s'abstiennent de voter des lois autorisant l'avortement, l'euthanasie ou les unions homosexuelles.

Pour l'Eglise catholique, certaines valeurs "ne sont pas négociables", affirme-t-il une nouvelle fois: "respect et défense de la vie humaine de sa conception à sa fin naturelle", "famille fondée sur le mariage entre homme et femme", "liberté d'éducation des enfants", "promotion du bien commun sous toutes ses formes".

Ce rappel survient alors que de nombreux pays s'interrogent sur les moyens d'aménager une "mort douce" aux personnes en fin de vie. Dans la très catholique Italie, où un projet de reconnaissance des couples non-mariés, homosexuels et hétérosexuels, divise profondément la coalition de centre-gauche au pouvoir, le texte a été accueilli par une avalanche de réactions contradictoires.

L'euro-député et vice-président du Parti populaire européen (PPE, droite) Antonio Tajani, a assuré "partager largement" ce discours. Le député démocrate de gauche (DS, ex-communiste) Franco Grillini a critiqué "la prétention du pape à être le dépositaire de la vérité absolue".

Par ailleurs, Benoît XVI ferme la porte à toute évolution de l'Eglise sur le célibat de ses prêtres en en confirmant "le caractère obligatoire", en dépit de la baisse préoccupante du nombre des vocations. Une large partie du texte est consacrée à la célébration de l'eucharistie (la communion pendant la messe, par laquelle le Christ s'offre aux fidèles à travers l'ostie consacrée).

Benoît XVI réaffirme l'interdiction d'y accéder pour les divorcés remariés, de plus en plus nombreux dans l'Eglise catholique, à moins qu'ils ne s'engagent à vivre avec leur nouveau conjoint "comme amis, comme frères et soeurs". Très attaché à la beauté de la liturgie et à la tradition, le pape recommande un usage plus large du chant grégorien ainsi que du latin, langue universelle de l'Eglise, notamment à l'occasion des célébrations internationales.

Mais il affirme également sa fidélité au concile Vatican II, qui a profondément modifié la liturgie pour la rendre plus accessible aux fidèles.

Cette réforme a été "bénéfique" en dépit de certains "abus", assure-t-il. Benoît XVI n'a pas choisi de régler par ce texte la question épineuse de l'ancien rite de la messe en latin dite "tridentine", dont les catholiques intégristes héritiers de l'évêque excommunié Mgr Marcel Lefebvre demandent le retour en grâce.

Selon des sources vaticanes, un document du pape autorisant un usage plus large de ce rite est toujours à l'étude.

(D'après AFP)


AP

© Rossel et Cie SA, Le Soir en ligne, Bruxelles, 2007