L'assassin
de Theo Van Gogh rappelle que Mahomet "a prêché la
violence"
LE MONDE
| 03.02.06 | 13h20 • AMSTERDAM - ENVOYÉ SPÉCIAL
Mohammed
Bouyeri, 27 ans, l'assassin du cinéaste néerlandais Theo
Van Gogh, a fait, jeudi 2 février, un retour spectaculaire dans
l'actualité. Comparaissant au procès de treize membres
du groupe Hofstad — la cellule terroriste dont il était
l'inspirateur —, le jeune islamiste radical a plaidé seul
sa cause pendant plus de deux heures, justifiant l'usage de la violence
contre ceux qu'il appelle "les infidèles". "Ceux
qui affirment que Mahomet était pacifiste sont des menteurs et
des incultes", a-t-il déclaré. "Il a usé
de la violence et l'a prêchée", a-t-il ajouté.
Dans une
formulation confuse et parfois explicite, le Néerlando-Marocain
a justifié les actes de violence des musulmans aux Pays-Bas par
le fait que ce pays aurait rompu son "contrat" avec l'islam
en envoyant des troupes en Irak. "Une attaque contre un musulman
est une attaque contre tous les musulmans ; une attaque contre un non-musulman
au nom de l'islam est une attaque de défense au nom de tous",
s'est-il expliqué.
Tentant
de justifier par sa foi la violence qu'il avait exercée contre
Theo Van Gogh, en novembre 2004, le jeune homme, en robe noire traditionnelle
et keffieh rouge et blanc, a tenté de transformer le tribunal
d'Amsterdam en tribune : "Vous ne rendez pas (à Oussama
Ben Laden) les honneurs qui lui sont dus en me comparant à lui.
Mais que vous me considériez comme le porte-drapeau de l'islam
radical en Europe me fait honneur, m'emplit de fierté et de joie",
a-t-il lancé.
Le ministère
public a réclamé une simple reconnaissance de la culpabilité
de l'inculpé dans ce deuxième dossier à sa charge.
Une condamnation ne changerait rien à son sort, puisqu'il purge
déjà une peine de détention à perpétuité.
S'appuyant sur de nouvelles dispositions légales, qui punissent
l'appartenance à un groupe terroriste, le procureur a, par ailleurs,
requis des peines d'emprisonnement de vingt ans contre Jason Walters
et Ismaïl Aknikh, arrêtés en 2004 à La Haye,
après un fort Chabrol et une fusillade avec la police. Une peine
identique a été requise contre Nourredine El-Fathi, arrêté
à Amsterdam en possession d'une arme, en juin 2005, soupçonné
de tentative d'assassinat contre une personnalité politique.
L'audience de jeudi a été marquée par un incident
: un journaliste du magazine Nieuw Revu a introduit dans la salle hyper-protégée
une minicaméra qui a permis à son journal de diffuser,
sur Internet, quarante-trois minutes du plaidoyer de Bouyeri.
Jean-Pierre
Stroobants