CHRISTOPHE CORNEVIN. Publié le 28 juillet 2007
Actualisé le 28 juillet 2007 : 12h41
Le suspect, jusqu’alors inconnu des services de police,
a dégainé un pistolet à grenailles dans la galerie
marchande avant d’être touché de deux balles mortelles.
Le parquet de Paris privilégie l'hypothèse de la légitime
défense.
QUATRE MOIS après avoir été le théâtre
de scènes d’émeutes, la gare du Nord a à
nouveau vécu un contrôle d’identité qui
a mal tourné. Un homme a été tué, hier
soir, par des policiers ayant ouvert le feu après que ce dernier
eut sorti une arme en les menaçant.
Vers 19 h 20, les fonctionnaires du Service régional de la
police des transports (SRPT) procédaient à des contrôles
d’identité sur réquisition du procureur de la
République. Une patrouille a eu l’attention attirée
par une personne au comportement considéré comme «
suspect » devant une boutique de la galerie marchande, située
dans les sous-sols de l’interconnexion ferroviaire.
Jusqu’alors inconnu de la justice, ce ressortissant algérien,
âgé de 40 ans, a dégainé un pistolet à
grenailles. C’est au moment où les policiers du SRPT
décidaient de l’emmener dans un endroit sécurisé
de la gare parisienne que l’homme a entrepris de se rebeller.
Sans mot dire, il a tiré à deux reprises vers trois
fonctionnaires, sans les atteindre. La patrouille a riposté
en ouvrant le feu trois fois, le blessant à l’abdomen
et au pied.
Prise en charge par les pompiers, la victime a été
transportée dans un état grave à l’hôpital
Bichat, dans le XVIIIe arrondissement, où elle est décédée
peu avant minuit. La brigade criminelle a été saisie
d’une enquête préliminaire ouverte par le parquet
du tribunal de grande instance de Paris. L’Inspection générale
des services (IGS, police des polices) va quant à elle mener
une enquête administrative et suivre une partie du dossier judiciaire.
« Il s’agit de déterminer avant tout les circonstances
des tirs de l’individu et des policiers qui ont riposté
», a expliqué hier trois heures après la fusillade
Mathieu Debatisse, substitut du procureur de la République
de Paris. Ce dernier s’est félicité par ailleurs
qu’aucun fonctionnaire n’ait été blessé
lors du contrôle.
Légitime
défense
La galerie
marchande où les coups de feu ont été tirés
était cette nuit marquée par des zones matérialisées
: des rubans rouges et blancs tendus de la police interdisaient aux
usagers l’accès à l’endroit du drame. Le
calme régnait dans la gare, en dépit des grands départs
en vacances.
Le parquet
de Paris a indiqué samedi que l'hypothèse de la légitime
défense était privilégiée, en l'état
des investigations. Les quatre fonctionnaires ont été
entendus dès vendredi soir au siège de la police des
polices et n'ont pas été placés en garde à
vue. A priori, aucun des agents n’avait été jusqu’alors
impliqué dans une fusillade.
Le 27
mars dernier, l’interpellation d’un resquilleur gare du
Nord avait donné lieu à des affrontements entre les
forces de l’ordre et deux cents jeunes, ainsi qu’à
des scènes de vandalisme. Hier soir, c’était donc
la seconde fois en quatre mois, jour pour jour, qu’un policier
du même service, le Service régional des transports,
faisait usage de son arme.