NANCY (AFP) — Trois cents nouveaux cas
de surirradiation ont été identifiés
à l'hôpital d'Epinal, où avaient déjà
été répertoriés plus de 400 patients
surirradiés durant un traitement du cancer de la prostate
entre 2001 et novembre 2006, ont indiqué vendredi les
autorités sanitaires.
La ministre Roselyne Bachelot a demandé à ce
que 300 patients ayant subi une surirradiation de 7% entre
juillet 1999 et juillet 2000 à l'hôpital Jean
Monnet d'Epinal "soient tous individuellement contactés
et se voient proposer une consultation et un suivi médical",
a indiqué le ministère de la Santé vendredi
dans un communiqué.
Mais ce sont au total 4.500 personnes traitées à
l'hôpital d'Epinal pour différents cancers qui
ont reçu des surdoses, pour l'essentiel comprises entre
3,5 et 5%, depuis le dysfonctionnement de l'appareil en 1989,
a indiqué le directeur de l'ARH-Lorraine, Jean-Yves
Grall.
"L'affaire d'Epinal est plus grave que prévu",
a reconnu vendredi la ministre de la Santé.
"J'ai constaté une erreur systématique
de paramétrage d'un logiciel maison à partir
de 1989", a expliqué lors d'une conférence
de presse de l'Agence régionale de l'hospitalisation
(ARH) de Lorraine à Nancy le radiophysicien Alain Noël,
qui a servi d'expert dans cette affaire.
"On constate que cette erreur a pris fin en juillet
2000, sans rien qui permette d'expliquer ce qui a amené
à en prendre conscience ou à la corriger",
a poursuivi le radiophysicien.
Pour l'ensemble de ces nouveaux cas, cependant, "on
est dans un niveau de doses très inférieur aux
24 patients très fortement sur-irradiés (dont
cinq sont décédés, ndlr) et inférieur
à la cohorte des 409 patients identifiés par
la suite grâce au suivi", a estimé M. Grall.
Selon un bilan fourni en juillet par l'hôpital Jean
Monnet d'Epinal, 409 patients ont été victimes
d'une surirradiation de l'ordre de 8% entre 2000 et 2006 lors
du traitement par radiothérapie de leur cancer de la
prostate.
Vingt-quatre autres hommes, également traités
pour un cancer de la prostate, avaient été victimes
d'un surdosage bien plus fort, de l'ordre de 20%, entre mai
2004 et août 2005, parmi lesquels cinq sont décédés.
Ces premières surirradiations ont été
provoquées par des défaillances à répétition
dans l'utilisation du matériel de radiothérapie,
selon un rapport de l'Inspection générale des
affaires sociales (Igas).
Les 4.500 surirradiés recensés vendredi relèvent
d'un autre type d'erreur, qui n'a pas de lien avec la première
affaire, selon Alain Noël.
L'Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire
(IRSN) a été chargé de piloter une évaluation
des conséquences cliniques possibles pour ces patients.
Depuis l'affaire d'Epinal, le plus grave accident de radiothérapie
recensé en France, des mesures ont été
prises pour sécuriser la pratique de cette discipline,
"indispensable pour la prise en charge de nombreux cancers",
dont "la mise en place de la dosimétrie in vivo",
qui permet de mesurer en temps réel la dose reçue
par les patients, selon le ministère.
Le nombre de radiophysiciens doit être doublé
en cinq ans et une "échelle de gravité
des accidents" a été mise en place.
Deux juges du pôle santé publique de Paris ont
été récemment désignés
pour enquêter sur les accidents de radiothérapie
de l'hôpital d'Epinal.
Cinquante-six plaintes avec constitution de parties civiles
ont été déposées, et sept en plus
vendredi, a-t-on indiqué de source judiciaire. Une
association de victimes a également été
récemment créée.