selon
un article du "Journal du Dimanche" du 15.02.2004
ASNIERES,
rafales de plaintes.
Mise en examen
du Maire pour diffusion de tracts diffamatoires et dépôts
de plaintes effectués par la mairie pour... diffamation.
Par Charlotte Langrand
Dimanche 15 février 2004
LA JUSTICE entre dans la vie politique d'Asnières.
La dernière affaire en date est tombée il y a quelques
jours. Le maire, Manuel Aeschlimann (UMP), a été mis en
examen par le tribunal de Nanterre pour diffusion de tracts diffamatoires
à l'encontre d'un citoyen chargé d'un mandat. Neuf de
ses militants sont également mis en examen, dont trois font partie
de son équipe municipale actuelle, comme son directeur de cabinet,
Francis Pourbagher, et le conseiller général et maire
adjoint Cyrille Dechenoix. L'imprimeur du tract est également
mis en cause. La Cour d'appel de Versailles a confirmé la mise
en examen de Manuel Aeschlimann, qui avait fait appel de cette décision.
Il vient de se pourvoir en cassation.
Les faits remontent à l'année 2001, lors
des élections municipales. Manuel Aeschlimann fait alors campagne
à la tête d'une délégation d'élus
de son parti. Huit maires adjoints, qui militent à ses côtés,
s'aperçoivent qu'ils ont été "écartés
au dernier moment" de la liste de candidats qu'il a déposée.
Et lui demandent des comptes. C'est à ce moment-là que
des tracts anonymes fleurissent dans les boîtes aux lettres des
administrés d'Asnières. L'un d'entre eux, intitulé
"Jugez vous-même", fustige nommément les huit
anciens compagnons du maire, accusant l'un d'entre eux d'avoir "touché
de l'argent de promoteurs immobiliers" et d'être "incapable
de mener une politique de logement satisfaisante".
La personne incriminée a porté plainte
pour diffamation. Les enquêteurs de police sont ensuite remontés
jusqu'à l'imprimeur. Celui-ci aurait confirmé avoir reçu
une commande de 500 tracts du conseiller général d'Asnières,
Cyrille Dechenoix, alors directeur de campagne de Manuel Aeschlimann.
Mis en examen et interrogé dans cette affaire, Cyrille Dechenoix
aurait avoué, avant de se rétracter, que le maire était
bien le rédacteur de ces tracts et que les militants RPR les
avaient distribués dans la ville. Faux, rétorque Manuel
Aeschlimann : "Un Asnièrois associatif, soucieux de l'union
de la droite en période électorale, a cru bon de rédiger
un tract sur l'attitude de cette personne. Mes militants ont distribué
ce tract et nous l'avons intégré aux comptes de campagne.
Je ne l'ai ni commandé ni rédigé". L'affaire
est entre les mains de la justice.
Cette mise en examen intervient juste après
la condamnation du journal municipal d'Asnières dans une autre
affaire de diffamation à l'encontre de sept personnes, ces mêmes
anciens compagnons RPR écartés de la liste. Le 3 février
dernier, la mairie a été déclarée civilement
responsable dans cette affaire et a été condamnée
à payer 2.000 euros d'amende et 2.500 euros à chaque plaignant
en dommages et intérêts.
Témoin du fort taux de procédures judiciaires
pour diffamation enregistrés à Asnières, une autre
plainte (pour diffamation contre X) a été déposée
il y a quelques semaines par Dominique Riéra, conseiller général
(PS) d'Asnières et président du groupe municipal de la
gauche unie et des verts. "A chaque période d'élection,
c'est la même chose, juge-t-il. Depuis 2001, il y a une tradition
de tracts calomnieux signés de comités qui n'existent
pas. En plus, ils sont diffusés avec le support des listes électorales.
Les habitants les trouvent sous enveloppe à leur domicile".
Manuel Aeschlimann précise, lui, qu'à ce jour, il a engagé
" sept à huit procédures pour diffamation contre
l'opposition, qu'elle soit UDF, PS ou d'extrême droite. Autant
de procédures pour diffamation émanant de l'opposition
visent ma mairie". Dominique Riéra, l'opposant PS, confirme
ces chiffres. Au moins un domaine sur lequel les hommes politiques d'Asnières
s'accordent.