Une
loi antivoile fait son chemin
Pour la première fois, le chef de l'Etat a évoqué l'éventualité
d'une loi. La Cour européenne, elle, n'y verrait « aucun problème
».
Faut-il interdire le voile à l'école et dans les administrations ? De plus en plus nombreux sont les hommes politiques à souhaiter que le Parlement légifère en ce sens. En visite à Valenciennes, Jacques Chirac, jusqu'ici très prudent sur la question, a franchi mardi une étape symbolique en indiquant qu'il aurait « recours, s'il le faut, à la loi ». Le chef de l'Etat, qui estime que « la laïcité n'est pas négociable », attend avant de se prononcer de « tirer toutes les conséquences » des travaux de la commission Stasi sur la laïcité, qu'il a mandatée en juillet pour recueillir les différents avis sur la question et qui devrait rendre ses conclusions pour la fin de l'année.
Jean-Pierre Raffarin a lui aussi estimé, vendredi 17 octobre, à la Mosquée de Paris, que l'adoption d'une loi devrait être envisagée comme « ultime recours ». Mais le débat fait toujours rage et continue à diviser la classe politique, à gauche comme à droite. La solution viendra-t-elle de l'Europe ? Peut-être. Longtemps citée comme ultime rempart face à un éventuel texte législatif jugé « discriminatoire » par ses détracteurs, la Cour europénne des droits de l'homme (CEDH) a indiqué, pour la première fois, qu'elle ne verrait « aucun problème » à ce que la France légifère. Son vice-président, le Français Jean-Paul Costa, a même estimé qu'une loi interdisant les signes religieux à l'école serait nécessaire, en expliquant que les dispositions actuelles, qui laissent une liberté d'appréciation aux chefs d'établissement, ne tiendraient pas en cas de recours devant la CEDH
Ariane Singer et Marie-Sandrine Sgherri
© le point 24/10/03 - N°1623 - Page 78 - 296 mots